IV.1.2 - Insuffisance des infrastructures
Qu'il soit planifié ou spontané, le
marché est toujours en communication avec la fonction
résidentielle. Dans le cadre de Libreville, et essentiellement à
Mont-Bouët, le marché a été crée après
l'installation des populations. Il a donc bénéficié d'un
espace réduit dès son implantation et aujourd'hui encore, cet
état de fait constitue un frein à son extension
spatiale45.
Hormis la halle, la plupart de ces marchés ne
comprenaient aucun aménagement spécifique en matière
d'installations de vente ou de stockage. Il faut attendre la fin des
années 1960 et le début des années 1970, ou le milieu des
années 1980, pour voir la réalisation de nouveaux
équipements sur plusieurs marchés centraux africain dont celui de
Mont-Bouët. Ils ont concerné en priorité
l'aménagement d'emplacements pour les nombreux marchands et
commerçants lorsque la configuration du marché s'y prêtait
: c'est la vogue des bâtiments à étages, principalement
dans les grandes villes côtières (Lomé, Abidjan, Cotonou,
Douala, Yaoundé, Libreville, etc.)46. Ce type de construction
devait répondre aux contraintes d'espace et des nombreuses installations
de vente nécessaires au coeur des capitales.
Le rez-de-chaussée de ces bâtiments était
généralement conçu pour accueillir un certain nombre de
commerçants de produits vivriers (étals maçonnés).
Mais ces installations n'ont pas toujours été occupées
conformément à leur destination originelle. Dans de nombreux cas,
sous la pression de la demande, on y a installé des vendeurs de produits
manufacturés qui les ont progressivement transformées (ajouts de
tables et présentoirs, grillage, construction de murs en dur autour de
l'étal, etc.) pour les adapter à leurs besoins d'exposition, de
stockage et, par conséquent, de sécurité.
Si l'on excepte les grands projets de
réaménagement récents, les équipements construits
depuis les années 1970 se sont révélés non
fonctionnels, car ils n'étaient que partiels. Ils n'ont, par
conséquent, pas pu répondre à la demande croissante de
places de vente sur le marché. Ils n'ont pu enrayer le
développement incontrôlé d'un grand nombre de constructions
précaires, d'abord sur les espaces encore non bâtis du
marché, ensuite dans les allées intérieures, aboutissant
ainsi à la saturation définitive de celui-ci47.
45 Hôtel de Ville Mairie de Libreville, AUVIL
(Atelier d'Urbanisme de la Ville de Libreville), 2006
46 Wilhelm L., « Les Circuits d'Approvisionnement
Alimentaire des Villes et le Fonctionnement des
Marchés en Afrique et Madagascar », FAO, 1997.
47 Idem.
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Enfin, au cours de la décennie 1980-90, l'occupation
anarchique des rues adjacentes au marché par les installations des
vendeurs ambulants devient très fréquente : un véritable
"marché parallèle" se crée et dont les effectifs sont
aussi importants que ceux du marché central.
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