I.13. LES EFFETS SUR LA
SOLDE D'UN MILITAIRE
L'impact de la bancarisation sur la vie de ce soldat qui a
été plusieurs fois victime des intimidations avant de percevoir
son solde, il devient euphorique chaque fois que le sujet est
évoqué, propos recueilli lors de l'interview accordé au
sergent major BOFALA BOTSUNA martin du bataillon artillerie garnison de BUKAVU
33ème Région militaire « auparavant
rappelle-t-il, nous touchons notre solde avec des billets de 100 et 200 CDF
(franc congolais) sales. C'était des coupures déchiquetées
dont une partie ne serve plus à rien, nous perdions
énormément de l'argent sur notre maigre salaire.
Le S1 chef de l'administration de l'unité qui se
substitué à l'agent payeur nous retranchait 1000 CDF sans aucune
justification. Et la rétention devenait plus importante en cas
d'absence, le jour de paie. la plupart des temps, les liasses étaient
incomplètes et les pertes pouvaient s'élever à 3000 CDF
à 5000 CDF ». Et d'ajouter, amer. C'est inhumain de leur part,
au vu de la modicité de notre solde ; mais hélas nous
étions impuissants.
Dit-il « merci le gouvernement nous a
valorisé ! ». Et sans complexe, il se félicite
d'être capable aujourd'hui de se rendre dans une banque « comme
un boss, chose impensable il'y a quelques mois encore ».
Départ son étendue comparable à toute
l'Europe occidentale réunie, la RDC profonde, ne se prêtait
à la mise en oeuvre de l'opération de bancarisation. Le
défit s'annonçait pour le moins impossible dans l'arrière
pays, difficile d'accès, et fautes des routes carrossables. C'est la
faveur de la bancarisation, reforme téméraire, que toutes ces
difficultés ont pu être dévoilées. Pour autant, ces
obstacles n'étaient pas seulement le fait d'absence des infrastructures
routières, l'incompréhension, l'impénitence,
l'immaturité, la cacophonie sont à prendre en compte dans le chef
des bénéficiaires d'une part, et l'impréparation du
côté des banques d'autre part.
Rien, en tout cas, ne présageait des lendemains
meilleurs pour l'opération de paie des agents et fonctionnaire de
l'état dans le Congo profond, dans un pays où les principales
voies de communication sont délabrées, à la limite
abandonnée, la pari s'avérait fou. La population vivant dans des
coins les plus inaccessibles est obligée de transiter dans un pays
voisin pour rejoindre le territoire national, conséquence, quelques
perturbations du calendrier scolaire déploré par les parents
d'élèves.
Les fonds destinés à la paie sont
transportés, soit sur les motos qui traversent des cours d'eau sur
lesquels sont jetés des passerelles des fortunes, soit sur les radeaux,
par des agents de l'état, au risque de noyade. Néanmoins, la
bancarisation, reforme majeur nécessite l'implication de tous les
acteurs et, la plupart d'entre eux adhérent déjà. Avec en
tête, les agents et fonctionnaires de l'état eux-mêmes.
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