§5 La question du démantèlement des
conglomérats
Pour Shleifer et Vishny (1990) cités par Holmstrom et
Kaplan (2001), la vague de rachats des années 80 est dans une large
mesure une réponse aux mauvaises performances des conglomérats
constitués durant les années 60. Cependant si les
entreprises diversifiées avaient été
démantelés par la vague de rachats, on aurait dû observer
(en moyenne) une diminution de la diversification des entreprises
américaines au début des années 90 ; or les
études empiriques sont mitigées sur ce point. Montgomery (1994)
cité par Holmstrom et Kaplan (2001) souligne qu'en 1991 la firme typique
du Standard and Poor's 500 était positionnée sur le même
nombre de segments industriels que la firme typique en 1981 . Graham,
Lemmon et Wolf (2000) cités par Holmstrom et Kaplan (2001) trouvent que
beaucoup de cibles d'OPA ont été démantelées et que
leurs différents éléments sont ensuite devenus des parties
de firmes diversifiées . A l'opposé, Comment et Jarrell
(1995) trouvent un fort déclin de la diversification après les
années 80 : parmi les firmes couvertes par compustat, le
pourcentage de firmes ayant un seul métier est passé de 36.2% en
1978 à 63.9% en 1989 .
L'explication la plus plausible est que ce sont les
conglomérats qui détruisaient le plus de valeur qui ont
été démantelés en priorité (Berger et Ofek
1996).
C'est pour nous l'occasion d'aborder la question du lien entre
la diversification et la destruction de valeur. La diversification
détruit de la valeur lorsqu'elle découle de rachats
désordonnés réalisés par des dirigeants qui ne
veulent pas verser le cash-flow libre aux managers. De notre point de vue, une
diversification maîtrisée et judicieuse qui s'inscrit dans une
stratégie d'exploitation des synergies peut tout à fait
être créatrice de valeur . Cependant, nous ne pouvons
ignorer le fait que les entreprises spécialisées ont les faveurs
des investisseurs institutionnels qui préfèrent choisir eux
même la manière dont ils vont répartir les risques entre
les différentes activités. Ainsi, pour lever des capitaux , il
vaut mieux être spécialisé que diversifié.
Venons en maintenant à l'analyse des différentes
études empiriques cherchant à mettre en évidence les
caractéristiques des cibles.
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