5.2. Modèles affectifs associés au
deuil
Les travaux de Kübler-Ross (1975, cité par Bareil,
2004) ont eu une importante influence sur les modèles affectifs
associés au deuil. En étudiant en profondeur le vécu des
mourants et de leurs proches en phase terminale, cette psychiatre a
dégagé de ses études, cinq phases associées au
deuil. Plusieurs auteurs en changement organisationnel retiennent sa
théorie comme point de référence.
Figure 2. Modèle de Kübler-Ross (1969)
Pour Kübler-Ross, le processus du deuil comporte cinq
étapes : le refus, l'irritation, le marchandage, la dépression et
l'acceptation (cf. Figure 2).
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? Le refus ou le déni («
Denial » dans la figure) fonctionne comme amortisseur après le
choc de nouvelles inattendues.
? L'irritation (« Anger
»): lorsque le refus ne peut plus être entretenu, il est
remplacé par des sentiments d'irritation, de colère et de
rage.
? Le marchandage (« Bargaining
»). Lorsque la personne ne peut plus prétendre que sa
maladie n'existe pas par exemple, elle fait face à un
sentiment de totale désorientation. ? La
quatrième phase est associée à la
dépression. Il s'agit d'une période de perte
d'espoir et de sentiment d'impuissance devant le
changement.
? Finalement, la dernière phase est
celle de la résignation. Elle est une forme
d'acceptation, caractérisée par un désir
de faire le nécessaire pour s'adapter.
Les modèles illustrant le deuil sont majoritairement
des modèles émotifs et affectifs. Ils ont l'avantage de prendre
en compte les toutes premières réactions des individus face
à une annonce de changement. Toutefois, les étapes sont
difficiles à recueillir auprès des individus et
nécessitent souvent une interprétation psychologique.
5.3. Les modèles cognitifs
Les modèles cognitifs enrichissent les modèles
du deuil en dépassant l'acceptation de la situation passée pour
se terminer par un engagement envers la situation nouvelle. Parmi les plus
connus, notons la matrice de la transition de Scott et Jaffe (1992). Le
modèle de Scott et Jaffe est identifié comme un modèle en
«U » où le destinataire passe du passé vers le futur et
de préoccupations externes à des préoccupations
internes.
Figure 3. La matrice de la transition (Scott et Jaffe,
1992)
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Ce modèle en trois étapes a été
révisé par Bareil (2004) incluant également la
résistance au changement comme étant une des quatre étapes
de la transition. Des actions de gestion sont suggérées à
chacune de ces étapes :
? Pendant le refus, les gestionnaires sont
invités à confronter les individus avec de l'information. Il faut
leur expliquer à quoi s'attendre et leur donner le temps de
digérer les nouvelles.
? Pendant la résistance, il s'agit
d'écouter, d'enregistrer les sentiments, de répondre avec
empathie et d'encourager le soutien.
? Pendant l'exploration, il faut se
concentrer sur les priorités et fournir toute la formation
nécessaire. Il s'agit de suivre les projets en cours et de fixer des
objectifs à court terme.
? Pendant l'implication, l'on doit fixer des
objectifs à long terme, se concentrer sur la construction de
l'équipe.
Il s'agit d'un modèle intéressant, facile
d'accès et qui nécessite moins d'interprétations que les
modèles affectifs. Toutefois, il est peu validé. En effet, peu
d'études empiriques ont pu démontrer la validité du
modèle.
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