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Les finalités éducatives des professionnels et les enjeux liés à  la résilience dans l'accompagnement socio-éducatif. Une étude de cas au lycée Ettore Bugatti (Illzach) et au saj (Neuf-Brisach).

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par Holly & Anne MANY & HERMMANN ISRAEL
Université de Haute Alsace - Master 2 Sciences de là¢â‚¬â„¢éducation 2016
  

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4.4.2. Condensation du matériau

292

Suite à nos investigations empiriques (Observations et échanges) au SAJ, nous avons effectué les entretiens sur une période de trois jours au mois d'avril, dans le bureau des éducatrices. Lors des explications relatives à l'enquête, certaines professionnelles ont interrogé les enjeux de l'enquête (Raisons, impact, etc.) et ont émis le souhait de lire notre Mémoire finalisé. Pour la plupart, l'entretien était une première, ce qui semblait induire une légère appréhension, qui a néanmoins rapidement disparu au fil de l'enquête, par l'effet d'un climat de confiance semblant régner entre l'enquêteur et la personne enquêtée. En ce qui concerne l'entretien du Chef de Service, il a été mené lors d'une matinée (2h) en fin avril dans son bureau.

4.4.2.1 Professionnels socio-éducatifs du SAJ

Dans un premier temps, nous avons réduit et synthétisé le recueil des informations relatives aux questions 1 à 10 sous forme d'un tableau identifiant le « Moi » et le « Moi social » en trois axes (Points convergents, divergents et aveugles).

 

Points convergents

Points divergents

Points aveugles

Travail d'éducateur et rôles

Trouver des solutions pour adapter le quotidien des personnes. E1

Mettre en place des ateliers pertinents en fonction toujours des personnes accueillies. E1 Rôles d'écoute, de conseils, de travail du lien et la confiance avec la personne. E1

Leur permettre d'exprimer des choses, à exprimer et à se révéler. E2

L'accueil des personnes, qui va découler de leur bien-être au SAJ et de l'entrée en relation avec elles. Ne pas minimiser leurs problèmes. E3

Etre à leur écoute et voir avec eux les problématiques qu'ils rencontrent. E4

Rôle de tuteur : quelqu'un en qui ils ont suffisamment confiance qui fonde la relation éducative, pédagogique. E2

S'occuper des personnes pour l'acquisition d'une certaine autonomie et d'apprentissages et la transmission des savoirs. E3

Pédagogique, c'est d'arriver à être un bon éducateur. La (relation) pédagogique va permettre à éduquer, dans ce sens. La relation éducative est d'abord pédagogique et ensuite éducative quand il y a des choses à mettre en place. E2

Besoins des personnes en situation de handicap

Besoin d'un tiers pour les actes en fonction de leurs difficultés. E1

De pouvoir s'exprimer et d'être entendus, écoutés. E2

Besoins d'écoute, d'attention, de prise en compte de leur handicap et de leurs souffrances. E3

Besoins affectifs. E4

Besoins d'apprendre de petites choses, qui soient transférables à la maison. E4

 
 

Finalités de l'apprentissage

Connaître les éléments concernant la personne. E1

De connaître la personne, en partant des bases et des choses qu'il connaît et de celles que l'éducateur sait, voit et constate. E2

Apprendre à être propre, pour ne pas vivre en échec par rapport aux personnes extérieures. E4

 

294

294

 

Rester en accord avec la personne, avec ce que l'éducateur sent/ressent (sans la trahir) ou ce que la personne lui dit d'elle, pour pouvoir adapter les objectifs. E2

 
 
 

Etre au plus juste de l'intime, de l'intérieur du désir de la personne. E2

 
 
 

La prise en compte des difficultés puis réadapter. E3

 
 
 

Proposition d'un atelier en fonction des demandes et des besoins. E3

 
 
 

Que les personnes aient plaisir, envie de réaliser et aient envie de venir en atelier. E3

 
 
 

Demande à la personne ce qui ne convient pas

 
 

Refus/obstacles

pour comprendre son blocage. Changement

 
 

d'apprentissage

d'orientation ou de pédagogie. Adaptation et souplesse par le changement de support. E1

 
 
 

Prise de conscience du terrain d'apprentissage inadapté, réadaptation de l'activité pour la personne. E2

 
 
 

Se pose des questions des raisons du refus et réadaptation, si besoin. E2

 
 
 

Compréhension du refus, non forcing, discussion et si persistance du refus, non-obligation. Mobilisation d'autres ressources, si besoin (hiérarchie). E3

 
 
 

Explication de l'intérêt de l'atelier s'il est en lien avec des objectifs du projet de la personne. E4

 
 

295

295

 

Passer sur autre chose, discussion, qui a un lien avec l'atelier et où la personne sera plus détendue. E4

Essayer de faire faire des choses qu'ils ont envie. E4

 
 

Facilitateurs

Réagir en fonction de la personne, en leur donnant l'occasion d'exprimer leurs souhaits, leur opinion. E1

Etre en accord avec ce qu'elle aime bien faire, avec les ressentis de l'éducateur, pour l'amener vers quelque chose. E2

La compréhension de la personne. E2 La valorisation. Jamais une parole disant que « ce n'est pas bien », ni l'exigence de perfection. E3

Musique d'ambiance. E4

 

Passer les choses par l'humour, ou en dérision, permet aux personnes de relativiser des choses. E4

Solutions préconisées favorisant la résilience

Privilégier la parole, la discussion, l'entretien. Ecoute des ressentis de la personne. Avoir une proximité avec la personne. Ne pas laisser la personne seule dans sa situation E1

L'évasion par l'art, la prise de recul, le dépassement de soi, l'encouragement. E2 La prise de recul, le plaisir à vivre les rencontres et moments au SAJ, la prise en compte de la personne et de sa situation. E3

 
 

Finalités éducatives

Satisfaction, apprentissages, enrichissement et investissement pour la personne. E1

 
 

296

296

 

Entretien annuel avec la personne interrogeant ses ressentis, ses envies, ses souhaits. E1

 
 
 

La liberté d'expression sur leurs envies, l'expression de leurs ressentis. Le bien-être de la personne. E2

 
 
 

La satisfaction de leurs besoins et demandes.

 
 
 

E3

 
 
 

Evolution de la personne, avec un bagage appris au SAJ et transférable ailleurs. E4

 
 
 

Qu'elle soit heureuse, qu'elle reprenne pied à la vie et reconstruise sa vie. E4

 
 

Efficacité dans l'accompagnement

La qualité de la relation. E2

Que l'objectif qui tient à coeur pour la personne soit efficace par les outils et les objectifs proposés. E3.

 

Trouver un moyen de faire comprendre le message de l'éducateur, pour que la personne puisse le comprendre. Par ex., lorsqu'il lui apprend les habiletés sociales : apprendre à dire bonjour tous les matins, mais si cela n'a pas de sens pour elle, pourquoi dire bonjour ? E1.

Finalités éducatives
/baguette magique
d'accompagnement

La compréhension de la personne. E1

Guérison et d'aide. E2

La compréhension ce qui est nécessaire et utile à la personne. E2

L'aide à plus d'autonomie, plus de capacités, plus de facilités. E3

« Qu'est-ce-que je

pourrai faire pour leur donner ce moyen ... d'arriver comme tout le monde ? » E3

 
 
 
 
 

Tableau n°81 : Tableau synthétique des réponses des professionnels en fonction de l'accompagnement au « Moi ».

181 Plan de Maîtrise Sanitaire

 

Points convergents

Points divergents

Points aveugles

 

Compenser ce qui peut faire défaut.

L'ordre de propositions peut paraître

« Compenser ce qui peut faire défaut ou... ce

Travail d'éducateur et rôles

E2

L'animation. E3

divergente : « Le conseil, d'être à l'écoute et faire grandir ». E4

qui peut être valorisé ». E2

 

Différentes formes de gestion du fonctionnement en lien avec le quotidien au SAJ, l'équipe, le Chef de Service, les stagiaires et professionnels, les parents. Les réunions, les ateliers et l'élaboration du PMS.181 E4

 
 
 

Tout ce qui est du vivre ensemble, leur apprendre les codes sociaux. E4

 
 
 

« Un rôle pour cadrer les choses, pour leur faire comprendre qu'ils ne sont pas là juste pour s'amuser. S'ils ont choisi d'être ici, c'est parce qu'on a un rôle, on est un établissement médico-social ». E4

 
 
 

Aider à grandir pour certains. E4

 
 
 

« Personne de référence après le

 
 
 

Chef, c'est un petit peu moi. Et du coup, quand les collègues cadrent c'est bien, mais souvent ce n'est pas assez ». E4

 
 

299

299

Besoins des personnes en situation de handicap

 

« Beaucoup beaucoup besoin de manger et pas beaucoup bouger. On les recadre là-dessus et on essaie quand même de donner des conseils diététiques. » E4

Besoins de grandir et de devenir adultes chez nous, les nôtres en tous cas. E4.

Refus/obstacles d'apprentissage

« Si je vois que la personne est malade, éternue, est vraiment fatiguée », je ne force pas à travailler. La prochaine fois, je rappelle les objectifs du projet pour qu'elle travaille dans l'atelier. E4

Lors d'une difficulté d'une personne à intégrer un atelier en lien avec son projet : Rappel du rôle au CVS182 de la personne, demande de « me » relever les boîtes aux lettres. E4

 
 

Finalités de l'apprentissage

Les supports. E4

Ecouter la personne, parce que si elle te dit qu'elle n'a pas envie de travailler, « il y a rien de bon qui en sortira. » E4

 

Facilitateurs

 
 

Quand les personnes sont focalisées sur leurs problèmes, passer les choses par l'humour pour que la personne s'ouvre et soit de

182 Conseil de la Vie Sociale

300

300

 
 
 

nouveau partante, parce que « sinon tu ne peux plus rien faire avec elle ». E4

Solutions préconisées favorisant l'adaptation

Mettre en situation de responsabilité, en « binôme avec quelqu'un qui arrive mieux et quelqu'un qui arrive moins bien. ».

Montrer que l'éducateur n'aime pas faire non plus, mais que ça fait partie. E4

Etre à l'écoute et dédramatiser ou utiliser la prise de recul de la situation. E4

« Il faut déjà que tout le monde soit occupé pour faire vraiment de l'individuel. » E4

Finalités éducatives

Règles d'hygiène avec

l'apprentissage de la propreté, pour que les autres aient envie d'aller vers la personne. E4

La personne acceptée socialement. E4

 

Que les personnes aient les règles d'hygiène. « C'est pas parce qu'on est handicapé qu'on n'a pas le droit de dire bonjour aux gens. » E4

Efficacité dans l'accompagnement

Les codes sociaux, la propreté, l'hygiène (alimentaire, etc.). E4

 
 

Finalités éducatives/ baguette magique d'accompagnement

Une équipe plus grande.

Plus d'éducateurs, des locaux plus grands.

Plus de formations pour pouvoir s'adapter.

Des traitements moins lourds, pour des capacités plus longues à se concentrer et à se motiver. (A la 3ème question/ demandant à préciser/la

 
 

301

 

personne en situation de handicap)

 
 
 

E4

 
 

301

Tableau n°82 : Tableau synthétique des réponses des professionnels en fonction de l'accompagnement au « Moi social».

De prime abord, nous observons effectivement des tendances représentatives vers le « Moi » et vers le « Moi social », qui ont fait l'objet d'identifications précises avec l'aide des différents concepts et indices relevés antérieurement.

? Accompagnement au « Moi »/Pédagogie o Points convergents

Les éléments relatifs à l'accompagnement au « Moi » des personnes en situation de handicap par les professionnels socio-éducatifs se caractérisent par une centration de la personne dans leur travail éducatif et leurs rôles. Les verbes « Trouver des solutions, permettre, accueillir, mettre en place, être à l'écoute, voir, etc. » relatifs à la fonction éducative sont à chaque fois corrélés à la personne, soit dans un but éducatif (« pour » adapter, d'exprimer les choses, leur bien-être, etc.) soit en rapport à la personne et sa situation (« en fonction de »). Nous observons que ces éléments sont intimement reliés aux réponses des finalités de l'apprentissage, d'une part dans leur individualité (« connaître la personne, rester en accord avec elle, être au plus juste de l'intérieur du désir de la personne, leurs envies, leurs ressentis et leurs souhaits, leur bien-être et leur évolution/apprentissage transférable ») et d'autre part dans l'adaptation à la personne (« De ce qu'elle connaît, de ce qu'elle dit d'elle, de ses difficultés, de ses envies »). L'efficacité de l'accompagnement pédagogique est comprise en termes de « qualité de la relation » et de « l'objectif qui tient à coeur pour la personne ». Les besoins des personnes en situation de handicap sont énoncés en termes de besoins psychologiques (être écouté, entendu, reconnu, considéré « avec leur handicap et leurs souffrances », aimé), de besoins de réalisation de soi (« apprendre de petites choses qui soient transférables ») et de besoin du tiers (« actes en fonction de leurs difficultés »). Enfin, l'accompagnement au « Moi » des personnes à travers une baguette magique (Autre indice révélateur imagé des finalités éducatives pour les professionnels) se situe au niveau de l'individualité de la personne (Compréhension, guérison, aide).

Les réponses, invoquant la facilitation du processus d'apprentissage et le dépassement de situations problématiques dans le sens d'un processus résilient, mettent en exergue un accompagnement qui privilégie la personne et sa situation au coeur des préoccupations des professionnels. Elles sont déterminées en deux axes principaux. Le premier axe considère leurs manières d'agir (« Demande, discussion, mobilisation d'autres ressources, adaptation et réadaptation, souplesse, changement d'orientation, explications, passer à autre chose, réagir en fonction de la personne, l'art »), et le second axe s'inscrit selon différentes attitudes

303

303

intra/personnelles (« Compréhension, prise de conscience, questionnement intérieur, valoriser, être en accord avec ce qu'elle aime et souhaite, l'encouragement, la bienveillance, pas d'exigence de perfection, comprendre la personne et prendre sa situation en compte, privilégier la parole et écouter les ressentis de la personne, une proximité avec la personne »). Ces axes s'identifient ainsi par le savoir-agir et par la posture éthique de l'accompagnement au « Moi » des personnes en situation de handicap.

o Axes divergents

Nous avons observé des divergences reliées aux réponses qui ont été catégorisées en points convergents au « Moi ». D'une part, il semble résider une discordance relative au terme de « tuteur », énoncé (une seule fois) comme « une personne de confiance qui fonde la relation éducative et pédagogique », a été défini comme le tiers pédagogique qui accompagne les personnes vers leur « Moi ». Et d'autre part, suite à des réponses en lien avec la pratique d'accompagnement au « Moi », nous relevons la pratique d'accompagnement visant la normalisation (Finalités de l'apprentissage visant à « apprendre à être propre pour ne pas vivre en échec par rapport aux personnes extérieures », « Qu'est-ce-que je pourrai faire pour leur donner ce moyen ... d'arriver comme tout le monde ? ») et le statut du savoir et du savoir-faire du professionnel (Rôle de transmission des savoirs).

o Axes aveugles

Il semblerait que les termes « Pédagogique » et « Educatif » ne soient pas compréhensibles pour un professionnel, dont le travail et le rôle de l'éducateur sont définis par une représentation exprimée comme suit : « Pédagogique, c'est d'arriver à être un bon éducateur ». Un autre point aveugle concerne un facilitateur exprimé par un professionnel, à savoir « Passer les choses par l'humour, ou en dérision, permet aux personnes de relativiser des choses ». En ce sens, nous interrogeons le sens approprié du terme « Dérision », qui interpelle la question de la posture éthique ainsi que le sens de l'accompagnement, évoqué comme facilitateur sans toutefois faire référence à d'autres réponses en lien avec l'individualité de la personne. Dans ce sens, agir ainsi en relativisant avec humour et dérision, serait-il plus proche d'un accompagnement au « Moi social » ? Enfin, une réponse donnée en lien avec la question de l'efficacité dans l'accompagnement semble montrer deux aspects intéressants. D'une part, elle indique qu'une

304

304

pratique d'accompagnement habituelle du professionnel est de se faire comprendre par la personne en situation de handicap pour lui apprendre les habiletés sociales (Dire bonjour tous les matins). En poursuivant la réponse, le professionnel sonde la question et semble prendre conscience du non-sens de l'apprentissage des habiletés sociales « si cela n'a pas de sens pour elle » (la personne). La résonnance entre une pratique et la finalité éducative semble avoir fait écho chez le professionnel lorsqu'il a fait le lien avec la personne en situation de handicap. Enfin, nous rajouterons un dernier point aveugle qui ne figure pas dans le tableau (Interprétation en lien avec les affirmations d'un professionnel) qui concerne une finalité éducative déclarée à travers trois axes intéressants : « Etre heureux, reprenne pied et reconstruire sa vie », ce qui semble démontrer une représentation positive de la personne et de ses potentialités possibles. Cependant, cette réponse fait l'objet d'interrogations puisqu'elle est corrélée à un ensemble d'indices représentatifs de l'accompagnement au « Moi social », selon des finalités normatives et sociales.

? Accompagnement au « Moi social /Didactique » o Points convergents

Le travail de l'éducateur et ses rôles dans la pratique d'accompagnement au « Moi social » semblent corroborés par diverses représentations en lien avec la personne en situation de handicap (« Compenser ce qui fait défaut, pas là pour s'amuser, elle doit grandir »), avec le statut du professionnel (L'animation, la gestion, être personne de référence ») et avec le cadre normatif (« Le vivre-ensemble en leur apprenant les codes sociaux, cadrer les choses pour leur faire comprendre, les collègues cadrent mais souvent pas assez »). Quant aux finalités éducatives du « Moi social », elles ciblent essentiellement la question de l'acceptation sociale, à travers l'apprentissage des règles d'hygiène entre autres. A la question des finalités éducatives avec une baguette magique, le « Moi social » apparaît dans les questions de fonctionnement du Service, sans référence aux personnes accompagnées (Supports matériels ou techniques : « Plus de formation, plus d'éducateurs, locaux plus grands »). Ce qui est intéressant de souligner est qu'au fur et à mesure de la même question répétée (à trois reprises) précisant les finalités éducatives en lien avec la personne en situation de handicap, nous observons une gradation des réponses : « D'une plus grande équipe, à plus d'éducateurs, à des locaux plus grands, à plus

305

305

de formations »... jusqu'au lien indirect avec la personne (« Traitements moins lourds »). L'individualité de la personne n'a donc pas été nommée malgré l'insistance de la question et cela semble indiquer un accompagnement au « Moi social » des personnes. Par rapport aux refus/obstacles dans le processus d'apprentissage et au dépassement de situations problématiques, nous repérons un indice relatif à l'expert et au savoir-faire (« Je vois que », sans la questionner ni l'écouter. « Me » relever les boîtes aux lettres ») et de la procédure (« la prochaine fois, je rappelle les objectifs, le rôle...», sans toutefois vérifier et interroger la personne). Les deux solutions proposées par un professionnel semblent considérer le geste professionnel du savoir-faire («en « binôme avec quelqu'un qui arrive mieux et quelqu'un qui arrive moins bien», ce qui ne l'implique pas en terme de proximité et de relation) et la règle du savoir-être («Montrer que l'éducateur n'aime pas faire non plus, mais que ça fait partie », dénotant une solution non valorisante).

o Points divergents

Lors de la question du travail et des rôles de l'éducateur, l'ordre des propositions données peut paraître divergente : « Le conseil, d'être à l'écoute et faire grandir ». Il semblerait que le « Moi social » se situe ici par le statut du professionnel (Expert qui sait et qui conseille) ayant une finalité éducative (Faire grandir la personne), avec la possibilité toutefois de l'écouter. Un autre point divergent est identifié non seulement par le savoir du professionnel (Expert qui sait : « Besoin de beaucoup beaucoup besoin de manger et pas beaucoup bouger ») et le savoir-être (« On recadre là-dessus »), mais aussi par le savoir-agir (« On essaie quand même de donner des conseils diététiques »). Ce dernier aspect est identique à un autre aspect divergent lors de solutions proposées : alors qu'il prône le savoir-faire et le savoir-être, le professionnel évoque aussi d'autres pistes favorisant l'adaptation de la personne (« Etre à l'écoute et dédramatiser ou utiliser la prise de recul de la situation »). Dans ces deux derniers éléments convergents, nous observons que la pratique du « Moi social » fait aussi l'objet de tendances à la pratique d'accompagnement au « Moi », et vice-versa.

o Points aveugles

« Compenser ce qui peut faire défaut ou... ce qui peut être valorisé » semble être une expression difficilement compréhensible. Un point aveugle concerne une réponse à la question des besoins

306

306

des personnes en situation de handicap : les « besoins de grandir et de devenir adultes chez nous, les nôtres en tous cas » qui sont exprimés en tant que besoins propres aux personnes accueillies au SAJ. Quelles sont les représentations du professionnel de la personne et de son handicap ? Comment se situe-t'il par rapport au Service, et par rapport à la personne (« Chez nous, les nôtres ») ? En outre, un autre point aveugle se situe dans la réponse correspondant au facilitateur « l'humour » évoqué (dans un contexte où « la personne est focalisée sur ses problèmes » afin qu'elle « s'ouvre et soit de nouveau partante, sinon tu ne peux plus rien faire avec elle ») est corrélé à un ensemble de réponses relatives au « Moi social ». Nous pouvons nous interroger sur les représentations des personnes en situation de handicap (Tendent-elles vers ce qui est négatif ?) et sur la pratique proposée (Peut-on la considérer comme un savoir-faire, telle une procédure préétablie et à un savoir-être telle la mise en action vers une règle imposée par le « Moi social », en minimisant la situation de la personne ?). Par ailleurs, affirmer : « Il faut déjà que tout le monde soit occupé pour faire vraiment de l'individuel» semble être un autre point aveugle évoqué, en ce qu'il semble signifier que tant que les membres d'un groupe ne sont pas occupés, il est difficile d'accompagner « efficacement » une personne individuellement... Enfin, il semble complexe de comprendre l'affirmation liée à la question des finalités éducatives « Que les personnes aient des règles d'hygiène. (...) C'est pas parce qu'on est handicapé qu'on n'a pas le droit de dire bonjour aux gens. ». Quelles sont les représentations du professionnel quant aux personnes en situation de handicap (hygiène, handicap) et aux citoyens en relation avec elles ?

Dans un second temps, nous avons réduit et synthétisé le recueil des informations relatives aux questions 11 à 18 sous forme d'un tableau identifiant les professionnels (E1, E2, E3, E4) en fonction de leurs réponses antérieures (1 à 10). Aussi, les points convergents se distinguent en fonction des réponses convergentes données dans le premier tableau, et les points divergents représentent les discordances avec les réponses convergentes. Les points aveugles comprennent les réponses complexes ou incompréhensibles.

183 Savoirs, savoir-faire, savoir-être.

 
 

Points convergents

Points divergents

Points aveugles

E1

Connaissances, agir,

posture

Ergonomie cognitive, savoir-agir.

 
 

Finalités éducatives

Adaptation et posture éthique.

Association entre la construction de

sens, l'erreur comme valeur,

adapter/s'adapter, la relation de

qualité, la personne dans son

individualité, et ses
émotions/ressentis.

Association entre les S-SF-SE183, la

personne adaptée

socialement/changement de

comportement de la personne, le cadre d'apprentissage de l'éducateur et :

la posture éthique, la personne dans son individualité.

 

Service de table

Autonomie de la personne et

transférabilité du service de table

Bonne performance de la personne et autonomie progressive.

 

Relation à la personne

 

Adaptation à la personne puis S-SF-SE et règles/normes sociales.

 

Rôle de l'éducateur/

efficacité de
l'accompagnement

 

Guide social, associé à

l'accompagnement visant
l'individualité de la personne.

 

IMAGE

Règles (pointes des barreaux) qui peuvent être strictes et fermées. Ou

Le cadre : association entre la bonne ambiance et le respect de l'autre, et les

Cadre institutionnel : l'association.

308

308

 
 

élastiques : s'agrandir et se fermer en fonction mais sans danger, parce

qu'on n'accompagne pas la
personne vers quelque chose de dangereux pour elle.

règles du savoir-vivre, des règles

sociales.

 
 

SEQUENCE VIDEO

Relève les ressentis, le mal-être,

l'expression corporelle possible

Interroge les attendus du public.

Règles (pointes des barreaux) qui peuvent mettre en danger la personne qui veut en

 
 

pour exprimer le bien-être/mal-être.

Vérifie d'abord les finalités sociales

sortir.

 
 

Interroge la peur de la pianiste/à sa propre image.

(public) avant de proposer une nouvelle prestation de la pianiste : appréciation du public ?

 
 
 

Propose des finalités individuelles

propres à la pianiste : prestation
pour faire le buzz, pour exprimer son propre jeu d piano, de libération intérieure et extérieure (hors de la prison).

A conscience de l'enjeu didactique entre la professeure et l'élève.

Non prise en compte de sa propre sensibilité et de son individualité (elle-même ayant évoqué pratiquer l'art comme processus de résilience) malgré

son appréciation musicale : « ça
pourrait ne pas me plaire, que je sois sensible ou non, si le public applaudit et si ça plaît au plus grand nombre, je propose un Contrat. »

 
 

Connaissances, agir,

posture

Ergonomie cognitive, savoir-agir. Adaptation et posture éthique.

Demande à cocher les deux

propositions : Savoirs et ergonomie
cognitive.

 

309

309

E2

 
 
 
 

Finalités éducatives

Erreur comme valeur, posture

éthique, liberté, pédagogie,

adapter/s'adapter, construction de

sens, méthodes individualisées,
autonomiser, la personne dans son

individualité, ses
émotions/ressentis.

Compréhension du cadre institutionnel

comme un cadre bienveillant,

bientraitant donnant les moyens
d'évoluer.

« Evaluation » énoncée en rapport avec les

différents éléments énoncés : est-elle
comprise comme le diagnostic de base pour l'élaboration des objectifs ?

Service de table

Association du bon déroulement de

l'action avec l'autonomie
progressive + la qualité de son bien-être : « Si l'action se déroule bien, on a du résultat, on a un bon climat. »

 
 

Relation à la personne

 

1. l'adaptation à la personne, puis le S-

SF-SE (Transmission et
accompagnement).

 

Rôle de l'éducateur/

efficacité de
l'accompagnement

 

L'éducateur suit le guide (la personne en situation de handicap) avec les

finalités éducatives visant
l'individualité de la personne.

 

IMAGE

Suppose que les A=B sont les règles. Préférence du système libre aux

 
 

310

 
 

autres systèmes. Dans le système B,

les gens semblent accepter et
d'autres vouloir franchir la barrière, qui veut l'imposer ou fuir. Le leader

serait-il un dominateur ? Relève
l'existence de cadre trop serré et inadapté, manquant de souplesse et trop rigide qui fait fuir certaines personnes ou dans lequel certaines acceptent les règles.

 
 
 

SEQUENCE VIDEO

Enonce les différences d'expression

 

Ne sait pas quoi répondre par rapport à

 
 

de la pianiste et la difficulté du

 

l'embauche éventuelle d la pianiste pour une

 
 

public à les recevoir.

 

nouvelle représentation musicale : « le

silence », car comment « mettre des mots

 
 

Identifie la relation de confiance et

 

dans un truc aussi balaise, émotionnellement

 
 

le long cheminement entre la

pianiste et la professeure.

 

très chargé »...

 
 

Suppose que la relation de confiance ait été affective entre les deux, à travers l'acceptation de la pianiste par la professeure et la prise de risque que cela pouvait comporter.

 
 

311

311

E3

Connaissances, agir,

posture

 

L'ergonomie cognitive et la posture éthique sont communes, mais associées au SF.

 

Finalités éducatives

 

Accéder à l'autonomie, donc reconnue comme tout le monde, pour s'intégrer.

Associe le cadre institutionnel, la

personne adaptée

socialement/changement de

comportement de la personne, avec :

« L'erreur est une valeur, la posture

éthique, adapter/s'adapter, les
méthodes individualisées, autonomiser, la personne dans son individualité, ses émotions/ressentis
. »

 

Service de table

Le bon déroulement de l'action, suivi de l'autonomie progressive de la personne puis de la transférabilité du service de table.

 
 

Relation à la personne

 

L'accompagnement vers un S-SF-SE, suivi de l'adaptation de la personne et enfin l'indication des règles/normes sociales.

 

312

 

Rôle de l'éducateur/

efficacité de
l'accompagnement

 

L'éducateur est un guide social, car rôle

de transmission des propres
apprentissages de l'éducateur et de ses valeurs.

Par la manière d'accompagner la

personne.

 
 

IMAGE

Préfère le système libre, en raison du libre-choix sous toutes ses formes :

 
 
 
 

les personnes dansent, ont droit à la parole, sont libres. Le cadre de référence est important mais en second plan. Cadre de référence :

 
 
 
 

l'autorité (Chef de service), la

règlementation, le cadre
institutionnel.

 
 
 

SEQUENCE VIDEO

Enonce la possibilité d'exprimer par la musique, de se vider, et de

 

Et « Le cadre a été créé pour les personnes,

une institution, pour leur permettre

 
 

transmettre quelque chose.

 

d'accéder à un truc. »

 
 

Enonce les ressentis de la

 

En 1er, elle n'aurait pas proposé une

 
 

professeure et les siens (elle-même

 

nouvelle prestation par la pianiste de peur

 
 

touchée à la fin de la prestation).

 

que le public ne soit gêné, et ensuite elle s'est ravisée. Elle raconte avoir été touchée

313

313

 
 
 
 

et semble interroger si le public ne serait pas aussi touché ? L'opinion semble mitigée...

 

Connaissances, agir,

posture

 

Il y a divergence entre les réponses

relevées (en questions 1-10) et les
réponses qui suivent (Questions 11-

 
 
 
 

18) :

 
 
 
 

1. Association de l'ergonomie
cognitive, du savoir-agir et de la posture

éthique, les réponses antérieures
relevaient les S-SF-SE.

 

E4

Finalités éducatives

La manière d'accompagner doit être efficace.

2. « L'erreur est une valeur -
L'évaluation-

 
 
 
 
 

Ethique/Bienveillance/Ecoute -Liberté-

 
 
 
 

Pédagogie --Des compétences--La

construction de sens-

 
 
 
 

Adapter/S'adapter-La relation de

qualité- La créativité/ L'innovation- Le cadre d'apprentissage --Les méthodes

individualisées--- Autonomiser--La
personne dans son individualité--Ses émotions/ressentis ». La question des codes sociaux et de l'adaptation sociale de la personne ainsi que des S-SF-SE n'ont pas été retenues, alors que les

 

314

 
 
 

réponses antérieures en faisaient

majoritairement mention.

 

Service de table

 

Autonomie de la personne,

transférabilité du Service, qualité de

son bien-être. (Seule la notion de
transférabilité était citée auparavant).

 

Relation à la personne

 

Dans la relation, il a été retenu que l'éducateur s'adapte à la personne, puis l'accompagne (la personne montre le chemin), enfin, transmets un S-SF-SE.

 

Rôle de l'éducateur/

efficacité de
l'accompagnement

 

« L'éducateur chemine avec la

personne, par rapport à ce qu'elle veut, car elle est quand même au centre de tout. »

« L'éducateur suit le guide ».

L'important étant la manière
d'accompagner la personne.

 

IMAGE

Evocation de fonctionnements de

systèmes/ aux apprentissages :

 
 

315

 
 

Certains se battent pour y accéder, pour pouvoir apprendre et sortir de

la prison, comme un hôpital

psychiatrique. D'autres en sont
interdits ou ne se font pas entendre et sont mis de côté.

 
 
 

SEQUENCE VIDEO

Enonce un intérêt manifeste et

 

La pianiste a joué dans le lâcher-prise et le

 
 

l'originalité de la prestation

 

S-SF. Evoque une folie maîtrisée : « la

 
 

musicale par la pianiste qui a « peut- être des problèmes psy derrière sans doute ».

 

pianiste sait où elle va ».

 
 

S'interroge par rapport à l'alcool/ professeure : est-elle alcoolique ou

 

Evocation de l'importance d'un cadre (en

 
 

voulait-elle ramener à boire à la

 

lien avec sa fonction -question 2) mais aussi

 
 

pianiste ?

 

d'un cadre, devant être souple tout en s'adaptant à la personne.

 
 

Enonce le fait que cette prestation

est inhabituelle pouvant être

dérangeante pour beaucoup de
personnes.

 
 
 
 

Evoque plusieurs fois la question du regard des autres, notamment le retour du public qui applaudit et

 
 
 
 

« une fois cette reconnaissance, la

pianiste arrive à faire cette
révérence ».

 
 

316

 
 

Evocation de la réaction du public

qui est interpelé et qui ne semble
pas comprendre la prestation.

 
 
 
 

Réaction/Directrice de l'Opéra :

 
 
 
 

aurait applaudi la pianiste et lui aurait proposé de revenir.

 
 

316

Tableau n° 83: Tableau synthétique des réponses (Questions 11 à 18) des professionnels en fonction de points convergents, divergents et aveugles.

Afin de comprendre l'essentiel relatif aux représentations des professionnels en lien avec l'accompagnement au « Moi » et au « Moi social », nous proposons de relever les points convergents, divergents et aveugles en fonction des différents items proposés. En effet, nous ne cherchons pas à évaluer le degré de représentativité de l'une ou l'autre entité chez les professionnels mais nous souhaitons faire des investigations sur la façon de se les représenter et de les pratiquer. Toutefois, il nous faut souligner un autre point essentiel à ces investigations liées à la condensation et à la synthétisation des données recueillies. Comme nous l'évoquions précédemment, à partir de la onzième question, les réponses d'un professionnel ont significativement changé : sa tendance à répondre en termes d'accompagnement vers des finalités sociales a littéralement pris la tournure de l'accompagnement vers l'individualité des personnes. Nous supposons que notre insistance indirecte (impulsant une question répétitive - à trois reprises- en lien avec les personnes en situation de handicap) a probablement induit une certaine compréhension des finalités de l'enquête et a provoqué ce retournement de situation en se rangeant vers les « attendus de l'enquête ». C'est pourquoi, nous prélèverons ce qui nous semble pertinent à la compréhension de notre étude et laisserons les éléments insignifiants (5 premières questions/E4). Enfin, pour un recueil synthétique et optimal des données, nous proposons de faire une synthèse des éléments convergents et divergents en fonction des items, puis nous identifierons les points aveugles.

Les connaissances, l'agir et la posture sont pour la plupart corrélées à l'ergonomie cognitive et à la posture éthique. Pour un professionnel, le savoir-faire est admis avec ces deux axes d'accompagnement et pour un autre professionnel, le savoir et l'ergonomie cognitive semblent être compris comme axes d'accompagnement similaires.

Concernant les finalités éducatives dans l'accompagnement des personnes, les items « L'erreur comme valeur, adapter et s'adapter, la construction de sens, la personne dans son individualité, les émotions et ressentis » ont été cités à deux reprises. Au niveau des réponses convergentes vers l'accompagnement du « Moi » (observations relevées dans les 10 premières questions), l'erreur comprise comme une valeur, la question de l'adaptation et de la pratique à s'adapter à la personne ainsi que l'individualité connotée aux émotions et aux ressentis de la personne, sont les réponses majoritaires. Nous observons des divergences quant aux finalités éducatives, à savoir l'association des savoirs, savoir-faire et savoir-être/finalités éducatives sociales (Adaptation sociale de la personne) à la posture éthique et à l'individualité de la personne. La question de la reconnaissance et de l'intégration sociale est aussi soulevée en tant que finalité éducative. En ce qui concerne l'action menée par une personne, les professionnels estiment que

318

318

l'autonomie de la personne et la transférabilité du service de table sont les finalités les plus importantes. Nous retenons également que le bon déroulement de l'action est un point important, car « Si l'action se déroule bien, on a du résultat, on a un bon climat. » et « la qualité du bien-être ». Cela montre que le contexte de l'action (Climat et bien-être de la personne) est une dimension prise en compte dans la pratique d'accompagnement, qui vise in fine l'individualité de la personne. Un professionnel a répondu « la bonne performance » du service et n'a pas réagi au terme, alors que ses réponses antérieures affirmaient défendre la prise en compte des besoins et des potentiels de la personne en situation de handicap. La question de la relation de l'éducateur avec la personne en situation de handicap rend compte d'une convergence des réponses, à savoir la nécessité de s'adapter à la personne. Ensuite, les professionnels s'accordent sur le même point : l'éducateur transmet et accompagne vers le S-SF-SE et indique les règles et normes sociales à la personne. De fait, ce qui paraît divergent dans ces deux intitulés (et que nous relions aux réponses antérieures -Questions 1-10) comprend le fait que la finalité de l'accompagnement est centrée sur le « Moi » des personnes et en même temps sur le « Moi social ». Les deux questions suivantes se penchent sur deux aspects relatifs à l'accompagnement au « Moi » et au « Moi social », par la recherche de compréhension des représentations relatives à la place de l'accompagnant et de l'accompagné (Qui est le meneur ? Qui est celui qui « sait » vers où aller ?) et à la volonté d'optimalisation (quel domaine : Ce que doit développer la personne ? -Connotation davantage sociale dans ce contexte-, La pratique du professionnel ? -Connotation pouvant être comprise positivement, puisqu'en lien avec la personne, Ce qui concerne l'individualité de la personne ?). Les avis sont partagés, et nous observons que la notion de « guide social » apparaît non loin de l'importance des finalités individuelles accordées à la personne pour le professionnel. A ces résultats, nous rajoutons une remarque significative « un guide social, puisqu'on transmet ce qu'on a appris, nos valeurs », semblant signifier un manque de connaissances théoriques par rapport à la profession socio-éducative. Aussi, force est de constater que les finalités éducatives semblent compromises entre ce qui est de l'ordre social et de l'ordre individuel pour la personne.

En ce qui concerne les points aveugles, nous relevons le fait que la définition du cadre institutionnel semble complexe pour certains professionnels, dont l'un le définit comme

319

319

relevant de l'association et un autre comme quelque chose qui « a été créé pour les personnes, pour leur permettre d'accéder à un truc.». (Bien que cette dernière l'ait défini dans un premier temps comme relevant de l'autorité (Chef de service et de la règlementation). Ces observations signifient-elles un manque de connaissances théoriques ? -A noter qu'un professionnel a défini le cadre institutionnel comme « un cadre bienveillant, bientraitant donnant les moyens d'évoluer ».- Dans la question des finalités éducatives, le terme « Evaluation » (énoncé en rapport avec les différents éléments corrélés au « Moi ») peut être compris comme le diagnostic de base pour l'élaboration des objectifs, alors que l'idée était de le proposer en rapport avec le « Moi social ». A ce titre, nous pouvons affirmer que cette question (Finalités éducatives/Entourer des mots qui paraissent importants) était complexe et probablement trop quantitative.

Le tableau de Penck et la séquence vidéo ont tantôt suscité un intérêt manifeste (L'un des professionnels semble avoir eu avec grand plaisir à découvrir et à comprendre les divers éléments symboliques et artistiques), tantôt ils ne semblent pas avoir permis de donner matière à la réflexion ou à l'imagination.

Concernant le tableau de Penck, l'ensemble des professionnels a démontré avoir conscience de l'existence des différents systèmes (en général et au niveau éducatif) et préférer le système libre (A). Néanmoins, ce dernier est considéré pour certains comme un système aussi « dictatorial » que les autres en raison de la taille du leader. L'apparence humaine ou sociale serait-elle un facteur décisif dans leurs représentations ? Diverses interprétations sont données, au niveau des membres des systèmes (« Dans le système B, les gens semblent accepter et d'autres semblent vouloir fuir. Le leader serait-il un dominateur ? Et certains se battent pour accéder aux apprentissages (panneaux A=B), pour pouvoir apprendre et sortir de la prison, tel un hôpital psychiatrique. D'autres en sont interdits ou ne se font pas entendre et sont mis de côté »), de la signification des panneaux (« Apprentissages, règles du système ») et du cadre (nommé « Cadre de référence » ou « cadre institutionnel »). Ce dernier évoque tantôt la souplesse ou l'élasticité possible du système -non dangereux pour les membres- qui correspond alors à l'association entre la « bonne ambiance, le respect de l'autre, et les règles du savoir-vivre, des règles sociales »), tantôt la rigidité et l'inadaptation du cadre faisant fuir certains membres ou les

320

320

conduisant à accepter les règles. En ce qui concerne les points aveugles, nous identifions une représentation complexe (Les pointes des barreaux du système B sont identifiées comme des règles qui peuvent mettre en danger la personne qui veut en sortir).

Dans l'ensemble, la séquence « Vidéo » démontre une compréhension manifeste des enjeux inhérents à la prestation de la pianiste, qui est définie par son expression artistique et corporelle et son enthousiasme passionné. Les finalités proposées relèvent de la notion de libération intérieure et extérieure, d'une question « faire le buzz ?» et d'une forme de transmission. La pratique musicale est comprise comme une forme d'expression de soi qui peut « toucher ». Ce verbe a été nommé à plusieurs reprises au même titre que « émotions » et « ressentis ». L'un des professionnels a déclaré avoir été touché à l'issue de la séquence vidéo. Des interrogations concernant la pianiste interpellent la peur de la pianiste par rapport à sa propre image ainsi que « des problèmes psy ». Cette dernière affirmation rejoint une autre au sujet de la professeure qui est « peut-être alcoolique ? ». Cela peut sembler indiquer que le professionnel s'attelle à rechercher l'explication ou à construire une représentation des personnes « atypiques ». La relation entre la professeure et la pianiste sont connotées de termes « relation de confiance », « affective », « acceptation et prise de risque » et « long cheminement », avec une conscience de l'enjeu didactique entre les deux personnes. Quant au public, il est compris comme avoir eu « des difficultés à recevoir » et à être « dérangé, interpelé, ne pas comprendre », parce que le cadre était inhabituel hors norme. La question du regard social (« des autres ») est évoquée plusieurs fois par un professionnel. Le nommant comme facteur indifférent au départ de la prestation (« elle s'en fiche un petit peu du regard des autres »), il interroge néanmoins plusieurs fois le processus (du début de la prestation à la fin) sous forme de jeux de mots répétitifs (« elle s'en fiche », « elle va quand même voir le public », « elle comptait regarder le public et elle se dit : ouais vraiment je suis à côté de la plaque », « qu'elle s'en fiche un p'tit peu du regard des autres », « qu'elle va quand même voir le public où elle se dit : ouais c'est, vraiment, je suis à côté de la plaque »). Nous pouvons supposer qu'à ce titre, le professionnel est sensible au regard des autres et que le « Moi social » pourrait avoir un impact manifeste dans ses actions et ses choix. A la question de proposer une nouvelle prestation en tant que Directeur de l'Opéra, les réponses sont mitigées (le silence, ne sait pas) et sont la plupart

321

321

empreintes d'un facteur « Vérification de la réaction du système social/le public ». Selon son appréciation, la réponse serait affirmative. Les finalités sociales semblent avoir un poids significatif dans la balance, au point d'annihiler sa propre sensibilité et son individualité (Artiste pratiquant l'art comme processus de résilience, selon ses dires) pour ce qui concerne un professionnel : « ça pourrait ne pas me plaire, que je sois sensible ou non, si le public applaudit et si ça plaît au plus grand nombre, je propose un Contrat. ».

Les points aveugles représentent les attitudes ou réactions face à une nouvelle proposition de prestation (« Le silence », et « comment mettre des mots dans un truc aussi balaise, émotionnellement très chargé ») et par la notion de « folie maîtrisée » à travers les paraphrases « la pianiste sait où elle va » et « la pianiste a joué dans le lâcher-prise, le savoir et le savoir-faire ».

4.4.2.2 Chef de Service

Au départ, la synthétisation des données a fait l'objet du même type de tableau que celui des professionnels socio-éducatifs, à savoir les points convergents-divergents-aveugles en fonction du « Moi » et du « Moi social ». A l'issue de ce travail, nous nous sommes rendu compte que les données recueillies apparaissaient uniquement dans la partie « Pédagogie/ « Moi », avec quelques points aveugles manifestes.

 

Pédagogie/
« Moi »

Didactique/ « Moi social »

Points aveugles

Missions

Assurer la sécurité des biens et des personnes (personnel et personnes accueillies).

Compétences des professionnels autour du Projet de service, où il veille la mise en oeuvre concrète.

Versant pédagogique : « Cadre technique et

pédagogique, cadre éthique, cadre

déontologique », en lien avec les
professionnels.

Versant financier : force de
propositions/Budget prévisionnel, justifiant le bon usage de l'argent déployé.

Versant financier : Garantie de la bonne
utilisation des moyens.

 
 

Fonctions/

Équipe éducative

Fonction hiérarchique, le personnel étant des collaboratrices.

Fonction ressources /aide auprès du personnel à gérer leur mission dans des conditions confortables (Risques d'usure) essentielle. Fonction de mobilisation, en les invitant à développer leurs compétences.

 
 

Attendus /équipe Éducative

La capacité de mobiliser les compétences acquises.

Maintenir un degré de mobilisation minimum (en raison du risque d'appauvrissement) par une vigilance accrue/personnel. (Evaluation, observation, accompagner un mouvement pédagogique, entretien, conseils).

 
 

323

323

 

Accompagner à la décision professionnelle ou personnelle, en cas de difficulté dont elle n'arrive pas à s'extraire.

 
 

Besoins /professionnels Socio-éducatifs

Besoin de reconnaissance, où le Chef de Service sert de révélateur de la progression du

travail. (Regard qu'on accorde à ses
collaborateurs pour ne pas risquer de les appauvrir ou de les dépiter).

Le travail au SAJ, un lieu de ressources.

 
 

Axes importants/

direction nouvelle et
innovante

Associer les collaborateurs à toutes les étapes préalables au passage du cap. Méthodologie (étude des besoins, partage d'un diagnostic, élaboration collégiale des objectifs, recherche des modalités à mettre en oeuvre ensemble. Rôle du cadre : impulsion, servir de révélateur à la nécessité de répondre à des besoins qui s'expriment.

Aider à la compréhension du système et les associer à la volonté de faire évoluer les situations (mouvement réflexif).

Faire équipe, se regarder faire en équipe, se regarder faire par rapport à une situation (qui évolue, à laquelle on participe).

 
 

Facilitateurs/développem ent des compétences du

La proximité avec les professionnels.

Accompagner dans ce qu'on attend d'eux (Fonction ressource) et de ce Service.

 
 

324

324

professionnel éducatif

socio-

Le cadre assure cette fonction ressource et n'est pas juste là pour attendre le score de la fin du match.

Pas de rendement, mais plutôt la mobilisation des moyens.

 
 
 
 
 

Pas d'attente de résultat (Difficilement

évaluable), sachant qu'un accident de
parcours est possible pour tout professionnel, dont les résultats ne pourraient pas être à la hauteur des moyens.

 
 
 
 
 

Elaboration collégiale du projet, où c'est

 
 

Réaction/ blocage

ou

l'équipe qui est amenée à le réinterroger. Y

 
 

divergences

 

des

réfléchir ensemble quant à la manière de

 
 

profession-nels projet

sur

un

dépasser ou de contourner ce blocage.

 
 
 
 
 

-/Représentations des membres de l'équipe :

 
 
 
 
 

Observations, procédures d'élaboration

d'hypothèses et accord sur les objectifs et modes opératoires.

 
 
 
 
 

-Divergence organisationnelle : Le Chef de

 
 
 
 
 

Service tranche et si le besoin des

professionnels est identique, la priorité sera déterminée par le Chef de Service.

 
 
 
 
 

-Divergence pédagogique : Recevabilité des arguments, puis position hiérarchique.

 
 
 
 
 

-Divergences personnelles, les personnes sont invitées à les régler extramuros.

 
 

325

325

Solutions préconisées/

non-adhésion de l'équipe éducative

Une décision/fonctionnement du Service (RV

ponctuels d'une personne accueillie
extramuros) susceptible d'impacter les autres collègues, doit être prise collégialement. Elasticité du fonctionnement en équipe et position hiérarchique, si besoin.

 
 

Finalités éducatives

Acquérir compétences et expériences qui

 

La posture professionnelle adoptée n'est pas

/professionnels socio-

permette au professionnel socio-éducatif de se

 

uniquement dans du savoir-faire mais

éducatifs

réaliser dans son travail et c'est à eux de

mettre les choses personnelles dans la

 

représente aussi une fonction, et « à ce titre-là, ben le contenant et le contenu, c'est savoir

 

corbeille.

 

effectivement ce que les gens ont à attendre de nous, et ce que nous avons à engager en leur

 

Finalités de compétences transférables.

 

faveur et l'inverse. L'inverse aussi. »

 
 
 

On est dans les savoirs, savoir-faire et savoir-

 

« Ce qu'attendent de nous les instances de

 

être.

Finalités éducatives des

tutelles, comme dit, c'est ce fameux degré

 

La posture éducative ne repose pas uniquement

professionnels socio-

d'autonomie. (...) J'attends des éducateurs

 

sur les savoir-faire, elle repose aussi sur du

éducatifs/ personnes

qu'ils contribuent à ce que les personnes

 

savoir-être où effectivement on sait un moment

accueillies

profitent un maximum de leur passage ici. »

 

donné aussi, ce qu'on a à afficher et ce qu'on a à déployer.

 

Etre dans un échange suffisamment adapté

 

J'attends des éducateurs qu'ils contribuent à ce

 

pour qu'effectivement il soit adapté et

 

que le degré d'autonomie des personnes par

 

sécurisant, pour qu'on ait envie de continuer à

 

rapport à leur-savoir-faire et savoir-être

 

interagir.

 

s'améliore.

 
 
 

Pas leur savoir-être, mais un savoir-être.

326

326

 
 
 

Exemple/incompréhension d'un serrage de

main au lieu de la bise toujours faite à la

personne accueillie, qui nécessite la
transmission du savoir-être par l'éducateur.

La posture des éducateurs est éducative par la transmission d'un savoir-être (codes sociaux, règles sociales, etc.). C'est la recherche d'une

proximité suffisamment sécurisée pour la
personne et pour le professionnel, pour que ce type de nuance puisse se transmettre, sans... sans risque de fusion ou de confusion sécurisée.

Un savoir-être, c'est aussi moi en face de toi et l'inverse, dans un échange suffisamment adapté et sécurisant pour avoir envie de continuer à interagir, avec les risques dans la relation (trop loin ou trop près) qui peuvent mettre les apprentissages à mal ou subir des interférences.

La relation éducative

« Je l'interroge tous les jours ». Même si ça

ne se situe pas qu'au niveau de la
compréhension, il faut passer sa vie à chercher à la comprendre.

 
 
 

Subtil cocktail de théories, d'échanges,

d'expériences, de vie, d'expériences
professionnelles et d'interactions avec les collègues.

 
 
 

Formation continue, à travers le regard que peuvent apporter les autres collègues.

 
 

327

327

 
 
 
 
 

« Si tu ne maîtrises pas les fondamentaux dans

 

« Toutes les interactions à un moment donné

Connaissances, agir,

posture

ce genre de job, tu es capable de faire n'importe quoi. Donc je vais rester à a).

 

agissent sur le savoir-être » (transmission)

 

L'éducateur doit connaître les savoirs

 

« Moi mon rôle était de leur expliquer comment

 

professionnels basiques. »

 

gérer une situation de conflit. Comment je me place, etc. ». Et ça se passe au niveau du savoir-

 

« C'est sûr que tout ce qui est transférable par définition, j'allais dire, est plus satisfaisant ».

 

être.

 

« Résoudre des problèmes plutôt que

 

La fonction didactique et la fonction

 

d'appliquer des savoir-faire puisqu'appliquer des savoir-faire c'est quelque chose de plus inerte. »

 

pédagogique sont la même chose.

 

« J'attends de quelqu'un à un moment donné, il aide les gens à..., à régler un certain nombre de choses quoi. Et pour ça, il utilise tout ce qu'il sait. »

 
 
 

« Si on reste vraiment sur le versant

professionnel, il a plutôt à adopter une posture, tu vois, que de transmettre un savoir-être. »

 
 
 

« Les choses se transmettent autrement que

par euh, j'allais dire, une espèce

d'apprentissage académique, quoi hein.

 
 
 

L'être-ensemble, je pense que ça, ça participe aussi à ça. J'ai pas l'impression, j'allais dire, je pense que on s'est transmis des choses

 
 

328

328

 

euh... en ayant euh... j'allais dire, on a

partagé une tranche vie »

 
 
 

« Quand on mange ensemble, il n'y a pas celui qui apprend à tenir la fourchette et celui qui enseigne, tu vois, il se passe aussi un peu autre chose. Et de ce autre chose, il naît aussi un peu quelque chose. »

 
 
 

« C'est les inviter à réfléchir à une

alternative, à ce qui s'est passé et aux
décisions qui ont été prises.
»

 
 
 

Ma fonction pédagogique est de « revisiter une situation qui a mise à mal l'équipe et la personne qui a eu à la gérer et qui s'est sentie un petit peu abandonnée, pour qu'ensemble on construise, on élabore une autre marche à suivre en cas de... récidive. »

 
 
 

« Après je veux dire, il n'est pas impossible qu'une procédure vienne cadrée, instituer une marche à suivre en cas de conflits du même type. »

 
 
 

Construction de sens. La qualité du travail

 
 

Pratique professionnelle

bien fait. L'évaluation des pratiques

 
 

du Chef de Service comme

professionnelles. Développement des

 
 

finalités éducatives auprès

compétences de l'éducateur. La relation

 
 

des professionnels :

éducative. La créativité/l'innovation.

 
 
 

« Pour évaluer qu'un travail est bien fait, il faut bien qu'on s'inscrive dans une méthode

 
 

329

329

 

d'évaluation. Parce que sinon, on n'est que dans la morale et elle a aussi ses limites. »

 
 

Axes importants/ Projet

développé par le
professionnel

-La transférabilité de la compétence. -Le bon déroulement de l'action. - Le bon résultat du projet.

 
 

Se situe/ au professionnel

1. S'adapte à lui

 

2. L'accompagne vers un S-SF-SE.

3. Indique les règles et les normes

professionnelles sociales. (Déontologie et
morale)

Rôle de l'éducateur/

efficacité de
l'accompagnement

Il y a des compétences qui s'expriment... « On ne cherche pas non plus une soumission à une forme d'autorité ».

C'est un travail coopératif entre le

professionnel et le Chef de
Service/développement des compétences.

Accompagner et inviter une personne à développer des apprentissages en la mettant sous tension (pas en péril ni en danger) :

- Envisager toutes les parades

- Evaluer le risque de chute

- Au fur et à mesure des compétences

acquises, diminuer les parades (De l'entraîneur qui est aux pieds de l'agrès puis au simple tapis posé aux pieds de l'agrès).

 

Le Chef de Service guide l'éducateur en lui montrant les compétences à développer, parce que cela a toujours fonctionné ainsi.

330

 
 
 
 
 

Efficacité

l'accompagnement professionnel

dans

du

Les apprentissages et les compétences que le professionnel développe, parce que la manière

de l'accompagner va dépendre de ses

apprentissages et des compétences qu'il
développe.

 
 

330

Tableau n°84 : Tableau récapitulatif des réponses du Chef de Service en fonction de l'accompagnement pédagogique et didactique, et des points aveugles.

La synthétisation des réponses du Chef de Service démontre une approche pédagogique des finalités vers le « Moi » des personnes (professionnels et usagers), qui confirme les observations relevées sur le terrain. Nous y observons un accompagnement centré sur l'ergonomie cognitive, sur le savoir-agir et avec une posture éthique, empreint d'une éthique de conviction (Position hiérarchique, prise de décision, garant, il « tranche », etc.) et d'une éthique de responsabilité (Attentes du travail des professionnels, développement des compétences et recherche d'optimisation pour « sa boutique », etc.). Cet accompagnement est axé à la fois sur un versant collectif (« Travail coopératif, élaboration et décision collégiales, mouvement réflexif, réfléchir ensemble, mouvement pédagogique, accompagnement, mobilisation, associer les collaborateurs, les inviter à réfléchir à, mobiliser les compétences acquises», aider à la compréhension du système, etc.) et sur un versant individuel (« Fonction ressources, mobiliser, entretien, conseils, accompagner à la décision professionnelle ou personnelle, révélateur de la progression du travail, la proximité avec le professionnel, un accident de parcours est possible », etc.). Il est aussi intéressant de relever la position du Chef de Service par rapport à ses missions et à l'ensemble des personnes qu'il côtoie, par sa prise de conscience de l'importance et des enjeux de la relation éducative et de la dimension éthique. Force est de constater que ces dimensions pédagogiques et humaines du Chef de Service transparaissent dans ses différents rôles.

Toutefois, certains points aveugles relevés montrent certains aspects paradoxaux. Dans l'ensemble, le Chef de Service identifie les compétences du professionnel (ainsi que les siennes et celles de la personne en situation de handicap) dans les champs du savoir, du savoir-faire et du savoir-être. Lorsqu'il énonce que « la posture professionnelle adoptée n'est pas uniquement dans du savoir-faire mais représente aussi une fonction, (...) et à ce titre-là, ben le contenant et le contenu, c'est savoir effectivement ce que les gens ont à attendre de nous, et ce que nous avons à engager en leur faveur et l'inverse. L'inverse aussi. », « La posture éducative ne repose pas uniquement sur les savoir-faire, elle repose aussi sur du savoir-être où effectivement on sait un moment donné aussi, ce qu'on a à afficher et ce qu'on a à déployer. », et « Pas leur savoir-être, mais un savoir-être », il définit le savoir-faire et le savoir-être comme des compétences développées par le professionnel, que nous identifions comme compétences spécifiques à chaque professionnel. Cette dernière affirmation indique aussi qu'il a conscience de la didactique en termes de normalisation par les professionnels. D'autre part, la phrase « Moi mon rôle était de leur expliquer comment gérer une situation de conflit. Comment je me place, etc. (...) Et ça se passe au niveau du savoir-être. » ainsi que l'exemple

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illustrant l'incompréhension possible pour une personne d'un serrage de main au lieu de la bise (toujours faite à la personne accueillie) et argumentant que cette situation nécessite la transmission du savoir-être par l'éducateur auprès des personnes, font référence au savoir-agir -et non au savoir-être-, puisqu'il s'agit ici d'agir efficacement en fonction d'une situation donnée en mobilisant les membres de l'équipe/la personne accueillie pour les/l'amener à transposer leurs/ses ressources individuelles. D'autre part, le Chef de Service affirme que la posture des éducateurs est éducative par la transmission d'un savoir-être (codes sociaux, règles sociales, etc.) et que c'est la recherche d'une proximité suffisamment sécurisée pour la personne et pour le professionnel, pour que ce type de nuance puisse se transmettre, sans risque de fusion ou de confusion sécurisée. Il souligne également qu'un savoir-être, « c'est aussi moi en face de toi et l'inverse, dans un échange suffisamment adapté et sécurisant pour avoir envie de continuer à interagir, avec les risques dans la relation » (trop loin ou trop près) « qui peuvent mettre les apprentissages à mal ou subir des interférences » et que « Toutes les interactions à un moment donné agissent sur le savoir-être » (Dans le sens de la transmission). Il nous semble que ces « définitions » précisées en termes de savoir-être démontrent clairement une posture pédagogique et éthique, parce qu'il définit la fonction du professionnel dans une attitude relationnelle de proximité empreinte de bienveillance. Néanmoins, dans la question relative à sa relation au professionnel, il déclare en premier lieu s'adapter à lui, puis exprime « l'accompagner vers un savoir, un savoir-faire, un savoir-être » et en troisième, lui « indiquer les règles et les normes professionnelles et sociales. ». Pouvons-nous proposer l'hypothèse, comme nous le soulignions avant, que ces types de savoirs définis comme tels mais argumentés en agencement de connaissances, en agir contextualisés et transférables et dans l'entraide et le respect des personnes, représentent in fine la pédagogie et l'accompagnement au « Moi » ? Enfin, les derniers points aveugles exposent les affirmations suivantes : « Le Chef de Service guide l'éducateur en lui montrant les compétences à développer, parce que cela a toujours fonctionné ainsi. » (Nous rappelant qu'il invoquait l'encouragement envers l'éducateur à l'inviter à développer telles compétences) et « La fonction didactique et la fonction pédagogique sont la même chose. ».

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera