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Les finalités éducatives des professionnels et les enjeux liés à  la résilience dans l'accompagnement socio-éducatif. Une étude de cas au lycée Ettore Bugatti (Illzach) et au saj (Neuf-Brisach).

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par Holly & Anne MANY & HERMMANN ISRAEL
Université de Haute Alsace - Master 2 Sciences de là¢â‚¬â„¢éducation 2016
  

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3.3.2. L'accompagnement au « Moi » dans le champ d'éducation spécialisée

Il semble intéressant d'expliciter l'accompagnement au « Moi » des personnes en situation de handicap en termes d'équilibre, de limites. Ainsi, concernant leur maintien à domicile par exemple, il s'agit de trouver un équilibre entre le respect de leur libre-choix (souhait), leurs besoins (au vu de son autonomie), l'environnement dans lequel elles évoluent (solidarité, proximité des services sociaux, etc.), en naviguant entre l'objectivité et la subjectivité du professionnel. Quels que soient les différents types de services ou dispositifs163 se déclinant à la fois en fonction de l'âge, du type de déficience et d'autonomie et de l'évolution des personnes, le maintien dans leur milieu ordinaire est privilégié -avec un soutien professionnel-et cet objectif est pris « entre des injonctions très contradictoires : l'autonomie d'un côté, le bien-être de l'autre, et un troisième pôle est la protection » (Hennion, p.44, op.cit.) de la personne. A ce niveau, accompagner la personne « vulnérable » pour l'impliquer dans un

163 FAS, SAJ, MAS, MRS ou le SAVS, le SAMSAH, SSIAD, ESAT, etc.

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consentement éclairé comme actrice de sa vie implique que les professionnels l'accompagnent avec bienveillance et discernement, avec cohérence et coopération, et avec le soutien de son environnement social. Ces différents paramètres renvoient également au fait qu'elle nécessite un soutien plus ou moins diversifié de tiers, même lorsqu'elle est relativement autonome.

Une des limites inhérentes à l'accompagnement visant l'individualité de la personne réside dans le contexte pluriel du travail socio-éducatif. Celui-ci comprend la connaissance médico-sociale de ses problématiques (pathologie, évolution, etc.), les partenariats (SAVS, mandataire de justice, etc.), la dimension individuelle (intra-interpersonnelle, idéologique, etc.) et professionnelle du travailleur social qui propose les finalités éducatives, la contractualisation au sein d'un système institutionnel lorsqu'elle est accueillie en SAJ, etc. Ce dernier représente le cadre institutionnel, les projets et objectifs, les outils et moyens, les méthodes, l'ensemble des exigences directes et indirectes en termes de finalités vues par le Conseil Départemental (Taux de remplissage, pertinence du SAJ, bilan annuel des activités), les cadres du Service (la performance du Service : la progression du « taux de remplissage », la meilleure argumentation possible pour l'obtention de budgets, la performance des éducateurs, etc.), etc. L'ensemble de ces facteurs peuvent influencer et développer le « Moi social », qui a vocation à y être implicitement oppressant ou culpabilisant pour les acteurs, mais aussi être des obstacles au développement du « Moi » des personnes accompagnées.

Dans un autre registre, pour que l'accompagnement de la personne en situation de handicap vise sa propre individualité, il arrive que le travailleur social l'amène dans ses retranchements, sous forme « d'injonctions positives » pour qu'elle oser dépasser ce qui l'enferme ou l'oppresse, ou pour qu'elle réalise intérieurement le sens de sa situation. Ainsi, il arrive qu'il lui demande explicitement une prise de risque plus grande pour développer son autonomie. Force est de constater que les prises de risques sont pléthores et diversifiées lorsque les finalités prônent l'individualité de la personne. Et cette posture exige une conscience fine et assurée de la démarche mais aussi une confiance de l'accompagné envers l'accompagnateur. Pour le professionnel visant un accompagnement au « Moi », la prise de risque est encore une fois liée à des options idéologiques, des valeurs et une éthique, que Weber (op.cit.) énonçait d'« éthique

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de responsabilité » et d'« éthique de conviction »... avec un autre risque potentiel : celui de déséquilibrer l'organisation du cadre institutionnel (Repères et routine compromises, etc.).

Par ailleurs, sachant que les différences de handicap et les degrés d'autonomie selon les personnes en situation de handicap sont importants, la pratique d'accompagnement visant le « Moi » est davantage complexifiée que dans le cadre d'un accompagnement scolaire « basique ». Une personne porteuse du spectre autistique ne pourra pas peindre un carré prédéfini seule, alors qu'une personne du même âge déficiente mentale moyenne en sera probablement davantage capable. Cela implique un travail complexe d'adaptation aux personnes dans les pratiques professionnelles d'accompagnement, au sein d'un collectif qui plus est.

La formation- : « Comprendre le fonctionnement de la personne avec autisme. De la théorie à la pratique » a mis en évidence le lien manifeste entre un accompagnement de qualité, l'évaluation des troubles de la personne (Tests d'évaluation fonctionnelle de l'intervention mesurant la communication, le degré d'autonomie, le profil sensoriel) et la connaissance de l'autisme. De ce fait, sachant qu'une personne à troubles autistiques est atteinte d'altérations qualitatives des interactions, de la communication, des intérêts et de comportements stéréotypés et répétitifs, et qu'elle est munie d'une hypersensibilité sensorielle, la pratique d'accompagnement doit se prémunir de certains comportements qui pourraient contrarier ou troubler la personne. Lors d'une évaluation au Centre Ressource Autisme (Colmar), Hugo tapotait avec ses mains sur ses oreilles et ne suivait pas les instructions des évaluateurs (lors de son diagnostic). Bien plus tard, l'équipe soignante a réalisé qu'il entendait mieux les flots de la rivière (sous-jacente à l'établissement) par ce tapotement, bruit qu'il appréciait et recherchait à écouter. Avec une personne présentant ce type de handicap, il est également important de ne pas la regarder dans les yeux (en raison de la somme d'informations éprouvées par la personne qui a une vision kaléidoscopique), à décomposer la posture professionnelle (Décomposer la phrase, parler lentement, respecter le temps de latence, une demande après l'autre, marcher lentement), à ne pas être dans l'ironie (Interprétation littérale), par exemple. La formatrice, Madame Wilhelm, a insisté sur « l'ergothérapie cognitive » en lien avec la symbolisation

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(Décomposer le temps d'une douche avec des pictogrammes, par exemple) comme spécificité de l'accompagnement, parce qu'elle marque un cadre visuel (et non le sens ni le contenant) qui donne un repère sécurisant pour la personne porteuse de troubles autistiques. Elle a proposé les six fondamentaux de l'accompagnement des personnes autistes : La structuration du temps et de l'espace, l'apparition de tâches, l'individualisation de l'accompagnement, la prise en compte des aspects sensoriels et la vigilance somatique. La posture professionnelle implique ainsi un travail sur la motivation des personnes, sur le renforcement (Conditionnement), sur la transférabilité en d'autres contextes et particulièrement une posture éthique -la pratique pavlovienne pouvant présenter des risques d'abus à l'égard de la personne, à notre sens-. Cela signifie bien que l'accompagnement doit être individualisé mais bien plus encore... Il doit être spécifique, singulier et corrélé à l'individualité de la personne, pour que celle-ci puisse investir ses apprentissages quel que soit le contexte, ce qui résultera pour elle d'une meilleure autonomie et ainsi, une appropriation manifeste de son individualité. Il en est de même de l'apprentissage de l'heure pour les personnes déficientes intellectuelles. Pour certaines d'entre elles, cette compétence cognitive relève d'un véritable parcours du combattant pour comprendre le fonctionnement de la montre et le déchiffrage de l'heure, apprentissage qui peut durer des années... Force est de constater qu'en répétant, en valorisant les progrès, en décomposant les étapes et en les transférant dans d'autres contextes et sous d'autres formes (montre, horloge, etc.), l'apprentissage du déchiffrage de l'heure est une compétence acquise pour certaines personnes accueillies au SAJ de Neuf-Brisach. Il faut également retenir un paramètre non négligeable dans la finalité éducative visant le « Moi » : la prise en compte de leur cadre de référence, de leurs conceptions antérieures, de leurs modèles et de leurs représentations, qui constituent le support et le fondement de tout processus d'apprentissage -.

Au regard de tout ce qui a été développé, nous concluons qu'un accompagnement individualisé visant des finalités éducatives au « Moi » de la personne ne peut s'extraire des connaissances et spécificités inhérentes à sa problématique personnelle, et que le professionnel est forcément amené à prendre des risques et à devoir s'investir avec davantage d'alliance pédagogique (en termes de temps, de recherches de compréhension, d'anticipation, de proximité, etc.), parfois au détriment du collectif.

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Qu'en est-il du hiérarchique à l'égard des professionnels socio-éducatifs ? Pouvons-nous en conclure qu'il accompagne la personne ? C'est de toute évidence ce que préconise Paul (2009) comme une nécessité et une finalité en lien avec les enjeux cognitifs du professionnel (et non pas le projet)... sans toutefois nommer la qualité de l'accompagnant : un tiers neutre, le cadre du Service, etc. Dans notre questionnement théorico-descriptif, nous avons observé que le « Moi » du professionnel socio-éducatif comprend les différentes définitions inhérentes à l'individualité de la personne, étoffée de la dimension professionnelle liée à sa fonction sur le terrain. Notre enquête déterminera davantage l'opérationnalisation de ce type d'accompagnement.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein