INTRODUCTION
Ce Mémoire est le fruit d'un travail réflexif et
coopératif entre un professionnel de l'éducation scolaire et
religieuse (Holly MANY) travaillant auprès de jeunes en
difficultés scolaires et une travailleuse sociale issue de
l'éducation spécialisée (Anne HERRMANN-ISRAEL) travaillant
auprès d'un public en situation de handicap. En effet, les
réflexions et échanges menés de part et d'autre sur les
problématiques inhérentes à nos champs professionnels
respectifs nous ont amenés à prendre conscience des enjeux qui
portent sur les finalités éducatives dans l'accompagnement des
personnes à besoins spécifiques, tant dans le milieu scolaire que
socio-éducatif. Ainsi, les lectures exploratoires effectuées sur
ce sujet en Master 1 par Mme Herrmann-Israël, éducatrice
spécialisée au CARAH de Munster, lui ont permis
d'appréhender la nécessité de la présence active
d'un tiers (éducateur spécialisé ou enseignant)
auprès d'un accompagné à besoins spécifiques, que
nous nommerons « soutien à la résilience ».
Celle-ci a suscité l'émergence d'un questionnement autour des
pratiques professionnelles et des finalités
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relatives à l'accompagnement des personnes au regard de
leur handicap et des élèves face à l'échec
scolaire.
De fait, sur la base de nos explorations empiriques et
théoriques, nous pensons que les moyens et les méthodes
pédagogiques ainsi que le but visé, inhérents à la
« pratique d'accompagnement », joueraient un rôle
prépondérant dans l'émergence de la «
résilience » lors d'un évènement ou d'une
situation problématique vécue, soit par un adulte en situation de
handicap soit par un jeune en processus de rupture avec le système
éducatif (décrochage scolaire). Ce postulat de base reste
à vérifier et c'est ce que nous comptons faire, en juxtaposant
nos recherches sur un même projet de Mémoire de fin
d'études de Master 2 Sciences de l'Education, spécialité
« Ingénierie de l'intervention en milieu socio-éducatif
». Ainsi, nos questionnements sont les suivants : Quelle est la
finalité de l'accompagnement d'un professionnel de « l'Education
» ?
Dans le cadre de ce travail, nous effectuerons nos stages dans
deux endroits différents. Madame HERRMANN développera ses
investigations au SAJ2 de Neuf-Brisach et Monsieur MANY travaillera
sur un projet de recherche entrepris depuis décembre 2015 par le
LISEC3 de l'Université de Haute-Alsace sur le
décrochage scolaire au Lycée Ettore Bugatti d'Illzach.
Sur le plan épistémologique, nous avons fait le
choix de nous positionner dans une démarche inductiviste
sophistiquée ou apostérioriste-aprioriste (Chalmers & Alan.F,
1987). Nous savons selon J. Creswell cité par Albarello (2011 p. 17),
qu'il existe en sciences humaines cinq grandes approches qualitatives, telles
que la recherche narrative, la phénoménologie, la théorie
ancrée, l'ethnographie et l'étude de cas. Ainsi, notre approche
sera à la croisée des méthodes « ethnographie
» et « étude de cas » appartenant à
l'école inductiviste. Néanmoins, celle-ci sera beaucoup plus
proche de « l'étude de cas », d'où le titre de notre
mémoire : « Les finalités éducatives et l'impact
sur la résilience dans l'accompagnement socio-éducatif. Une
étude de
2 Service d'accueil de jour.
3 Laboratoire Interuniversitaire des Sciences de
l'Education et de la Communication.
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cas au Lycée Ettore Bugatti (Illzach) et au SAJ
(Neuf-Brisach) ». Le but d'une telle approche consiste à
examiner et à comprendre les motifs d'un phénomène
lié à un contexte particulier (Ibid., p. 27). Ainsi, nous
travaillerons essentiellement avec des indicateurs recueillis à partir
d'observations empiriques, des lectures exploratoires et d'enquêtes
réalisées sur le terrain qui nous permettront de construire du
sens en reliant « la complexité du matériau empirique
avec le monde de la théorie » (Albarello, 2011 p. 129).
Par voie de conséquence, ce travail répond
à la commande de notre Directeur de mémoire, Monsieur Loïc
Chalmel, qui nous a recommandé de mettre en valeur l'environnement
socio-économique de notre lieu de recherche (SAJ Neuf-Brisach et
Lycée Ettore Bugatti) afin de dégager une meilleure
compréhension du cadre conceptuel. Le pédagogue suisse Pestalozzi
déclara un jour « qu'il faut trouver la simple
vérité écrite dans notre propre existence »
(Goussot, 2014). En outre, nous voulons également, à travers
cette étude, faire de nos vécus, expériences et histoires
personnelles les témoins de cette vérité écrite,
mêlant ainsi l'objectivité à la subjectivité pour
tenter d'étudier l'humain dans son effroyable complexité.
Au risque de trahir une certaine conception objectiviste en
sciences humaines, nous privilégierons dans notre approche une
éthique de conviction (Chalmel, 2015) au détriment d'un
positionnement scientifique absolu. Par ailleurs, François
Dépeleteau4 déclare ceci : « A notre avis,
les recherches en sciences humaines et les jugements de valeur sont
parallèles comme les rails d'un chemin de fer même s'ils ne se
touchent pas directement, ils mènent à la même destination.
A cet effet, on ne peut concevoir les sciences humaines sans leur
utilité pour ce qui concerne les jugements de valeur ». En
clair, nous nous situons du point de vue épistémologique et
conceptuel dans l'école de pensée des pédagogues à
l'instar de Rousseau, Pestalozzi, Freinet, Montessori, Decroly, Jean Houssaye,
Phillipe Meirieu, Loïc Chalmel, etc. Nous revendiquons notre appartenance
à cette école dont nous voulons être les héritiers
pour les générations futures. Nous sommes avant tout des
praticiens, éducatrice spécialisée et éducateur
scolaire, cherchant à théoriser nos propres pratiques (Houssaye,
1992) dont l'objectif ultime est de « comprendre »,
4 Dépeleteau (2010). La
démarche d'une recherche en sciences humaines. De Boeck,
p.119.
Questionnements
empiriques
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