I. Partie théorique
Chapitre 1 :
Le paysage linguistique en
Algérie
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1. Introduction :
L'Algérie ne déroge pas à la règle
du multilinguisme existant dans le monde arabe, qui voit cohabiter des langues
« maternelles » qui ne sont pas forcément
représentées dans le monde scolaire
L'Algérie peut être considérée
comme étant un pays plurilingue et multiculturel, dans son article sur
La culture et le plurilinguisme en Algérie, Sebaa, trouve que
:
« L'Algérie se caractérise, comme on le
sait, par une situation de quadrilinguité sociale : arabe conventionnel
/ français / arabe algérien / tamazight. Les frontières
entre ces différentes langues ne sont ni géographiquement ni
linguistiquement établies. Le continuum dans lequel la langue
française prend et reprend constamment place, au même titre que
l'arabe algérien, les différentes variantes de tamazight et
l'arabe conventionnel redéfinit, de façon évolutive les
fonctions sociales de chaque idiome. Les rôles et les fonctions de chaque
langue, dominante ou minoritaire, dans ce continuum s'inscrivent dans un
procès dialectique qui échappe à toute tentative de
réduction. »1
1 RABEH SEBAA: Culture et
plurilinguisme en Algérie. In: TRANS. Internet-Zeitschrift für
Kulturwissenschaften.No.13/2002.
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1.1 Les langues « maternelles » en Algérie
:
1.1.1 La langue darija (arabe algérien) :
Darija, darja, arabe algérien, l'algérien, le
dialectal... les nominations divergent et les orthographes aussi pour qualifier
cet arabe parlé dans les rues et les maisons algériennes.
Elle est une langue dont la base est l'arabe. Mais c'est aussi
une langue qui a beaucoup emprunté aux autres langues telles que le
turc, le français, l'espagnol et l'italien en fonction de la
proximité géographique ou des rencontres historiques. C'est le
propre de toute langue moderne. Il n'existe actuellement aucune langue au monde
qui ne contienne des mots empruntés aux autres langues. Or depuis
toujours, notre pays, occupant un endroit stratégique dans le bassin
méditerranéen, a été un carrefour, une
espèce de passage obligé de toutes les visées
expansionnistes et a fait l'objet de toutes les convoitises. La richesse
avérée de nos contrées et l'hospitalité de nos
ancêtres y ont contribué pour une grande part.
Dominique Caubet :
« La darija qui avait été longtemps
associée à l'analphabétisme et au
sous-développement a vu son statut évoluer dans la
société civile. Elle n'est plus considérée avec
mépris, mais vue par certains comme une des composantes importantes de
l'identité?..?, une langue de création, capable de s'adapter
à la modernité. De plus, elle a connu un développement
très récent avec son utilisation régulière dans les
nouveaux médias : notamment les radios, dans les émissions en
direct, les débats et y compris pour les informations ; dans la presse
écrite, avec Nichane, par exemple, qui fait un usage important de la
darija dans ses titres ; et enfin, avec les nouvelles technologies où la
darija a connu un passage à l'écrit massif avec l'écriture
sur clavier d'ordinateur et de portables »2
2 Dominique Caubet, «La darija a vu son
statut évoluer dans la société civile», article,
juillet 2010
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