2.1 Un public dans le besoin d'un accompagnement
2.1.1 Un sentiment de solitude
Les détenus sont souvent en grande difficulté
sociale avant leur incarcération isolement social, problèmes de
santé physique et psychique, problèmes de dépendance aux
substances psychotropes, abus physiques et psychiques, faible niveau de
scolarisation, absence de ressources, problème de logement, etc. Les
effets de l'emprisonnement contribuent souvent à les exacerber et vivent
un sentiment de solitude et d'exclusion de la société.
Avec un enfermement dans une cellule de 9m2, dont
l'attente infernale qui n'en finit pas, derrière une porte toujours
fermée que ce soit pour une visite, une lettre, un parloir, un mandat,
la livraison d'une cantine, de l'avocat qui semble vous avoir oublié,
d'une réponse à une demande qui s'éternise et les renvoie
à leur impuissance, toujours à la merci du bon vouloir des
autres.
Un enfermement lié aux obstacles à la relation
et à la communication : lenteur pour que le courrier soit
acheminé, pour recevoir des nouvelles qu'on attend avec impatience et
qui n'arrivent pas sans qu'on sache pourquoi, l'angoisse de la situation.
Un enfermement moral : l'esprit constamment encombré
par l'affaire qui a conduit la personne détenue en prison et la rend
incapable de parler d'autre chose. Ainsi la conversation tourne autour de
l'affaire avec un besoin intarissable de parler dans l'espoir d'avoir une
oreille attentive qui ne juge pas.
Un enfermement dû à l'identification au crime ou
au délit qui a conduit à la prison. L'étiquette de voleur,
criminel, violeur, pédophile va les suivre pendant toute leur
incarcération et même après. Vous l'entendez ou le lisez
comme moi dans les médias : cette pression de l'opinion publique dans
une démarche sécuritaire poussée à l'extrême,
qui
1/ Formatrice sur une action PPVA (préparation
professionnelle à la vie active), financée par la région,
à la Maison d'arrêt de N. 27
stigmatise les pédophiles et refuse, après qu'il
ait purgé sa peine, qu'il puisse un jour être dehors. Cela
exacerbe leur souffrance.
Un enfermement lié aux comportements déviants,
à l'addictologie ou dû à la fragilité, la
vulnérabilité, la peur de l'autre qui paralyse.
Ces multiples enfermements sont autant d'entraves à la
liberté et causes de réelles séquelles sur la motivation,
comme le dit très justement Mr J. ancien détenu, la prison on y
rentre seul et on est seul pour s'en sortir.
Ces obstacles freinent leur insertion sociale et
professionnelle, malgré une motivation de vouloir sans sortir. Ils sont
souvent confrontés à des échecs dans leurs
démarches qui s'éternisent ou ne trouvent pas de réponses.
Ils se sentent abandonnés dans une spirale ou d'un côté ils
doivent remplir des conditions pour obtenir leur sortie et de l'autre
coté, ils sont impuissants face à une administration qui les
restreint et les pousse à s'isoler un peu plus avec un sentiment de
n'être qu'un numéro parmi tant d'autres.
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