1.3.4 Les associations et institutions: Insertion,
formation, soutien
Le développement et la diversification du
réseau partenarial de l'administration pénitentiaire tant au
niveau national, régional que départemental demeure un relai
indispensable pour les services pénitentiaires d'insertion et de
probation (SPIP) dans la mise en oeuvre des politiques d'insertion au profit
des personnes placées sous main de justice.
Au niveau central, l'administration pénitentiaire
accomplit ses missions en complémentarité avec de nombreuses
associations. La contribution des associations au service public
pénitentiaire est d'ailleurs soulignée1: « le
service public pénitentiaire est assuré par l'administration
pénitentiaire sous l'autorité du garde des sceaux, ministre de la
justice, avec le concours des autres services de l'Etat, des
collectivités territoriales, des associations et d'autres personnes
publiques ou privées ». Les associations partenaires interviennent
dans de nombreux domaines auprès des personnes détenues : elles
mettent en place des activités (enseignement, formation, culture,
sport), elles leur apportent une écoute et des relations avec
l'extérieur (visiteur de prison...), elles contribuent à
prévenir les risques à l'éducation pour la santé,
elles les aident à préparer un retour à la vie libre
(logement, accompagnement social...), elles oeuvrent au maintien des liens avec
les familles (accueil et accompagnement de celles-ci, des enfants...), elles
accompagnent les personnes âgées, isolées,
handicapées, hospitalisées, et luttent également contre
toute forme de discrimination. Le travail avec les partenaires associatifs,
comme avec d'autres partenaires publics ou privés, contribue à
élargir le nombre d'opportunités dans le cadre de la
prévention de la récidive et de l'inclusion sociale. Trouver du
travail est primordial afin de se réinsérer dans la
société
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et l'administration pénitentiaire est partenaire de
Pôle emploi depuis 1993 sur cet aspect de la réinsertion, en 2012,
5 924 sur 18 917 personnes détenues suivies par des conseillers
pôle emploi justice, ont obtenu une solution d'insertion professionnelle
dès leur sortie. En 2014, 18 709 détenus ont été
reçu en entretien et en suivi par un conseiller Pôle emploi, dont
5 044 (27%) ont trouvé une solution d'insertion :
? 954 ont pu bénéficier d'un emploi
? 732 ont intégré une formation professionnelle
? 1 160 ont bénéficié d'une prestation
Pôle emploi
Cependant les chiffres sont éloquent, rappelons qu'en
2014 l'administration pénitentiaire déclare 77 291 personnes
incarcérées pour seulement 145 conseillers pôle emploi, ce
qui est insuffisant et porte à compromettre l'évolution des
démarches d'insertion professionnelle. En effet, les conseillers
pôle emploi ont aptitude pour établir des fiches de prescription,
ou donner accès à des contrats de travail aidés,. Mais le
manque de moyen humain entraine un retard dans les demandes des détenus
ce qui a une incidence sur les dossiers d'aménagements de peine. Mr B.
détenu ayant bénéficié d'une semi liberté
pour recherche de travail à la Maison d'arrêt de N. explique que
ses deux premières demandes ont été refusées car
les possibilités de rendez-vous avec le conseiller pôle emploi
était d'un mois après sa convocation au débat
contradictoire pour sa demande d'aménagement de peine. Du coup il n'a
pas eu la possibilité de rentrer en formation qu'il avait trouvé
lors de sa participation à l'action PPVA (Préparation
professionnelle à la vie active) et à essuyait un refus du JAP
pour la demande d'aménagement de peine. Un échec
démoralisant que les détenus vivent au quotidien.
On peut également retrouver des associations comme :
? A.N.I.T (Association nationale des intervenants en
toxicomanie) qui favorise les échanges et la réflexion sur la
prévention de la toxicomanie en organisant des rencontres et des
colloques, en représentant les intervenants français dans les
rassemblements internationaux. Par le biais des centres de soins
spécialisés pour toxicomanes, elle mène un travail
important avec le milieu pénitentiaire.
·
24
L'A.N.V.P (Association nationale des visiteurs de prison) qui
sont des personnes bénévoles qui se rendent disponibles pour
rencontrer des personnes incarcérées, particulièrement
celles qui sont isolées et leur apporter un réconfort moral, une
écoute des connaissances ou un savoir-faire, voire les aider dans leur
projet de sortie. Ils peuvent intervenir auprès de toutes les personnes
incarcérées, hommes ou femmes, majeurs ou mineurs
condamnés ou prévenus. Les visites se déroulent dans les
parloirs-avocats. Les détenus que les visiteurs sont amenés
à rencontrer leur sont désignés par le service
pénitentiaire d'insertion et probation de l'établissement.
· Le CLIP (Club informatique pénitentiaire),
l'association a pour but d'initier à l'informatique et la formation
à la programmation de personnes incarcérées dans une
perspective de réinsertion, de toute autre personne du monde
pénitentiaire ou non, notamment les publics en difficulté, dans
un souci de toucher le plus large public et d'ouvrir le système
carcéral sur la vie du monde extérieur. Elle participe à
toute action ayant un support avec l'informatique ou la réinsertion de
personnes incarcérées ou ayant été
incarcérées.
· On peut également retrouver la Croix Rouge
Française mobilise ses unité locales en menant des actions de
sensibilisation, formation et soutien technique et en diffusant des outils
méthodologiques.
· Le courrier de Bovet, association fondée en
1950, a pour objectif d'apporter un soutien moral aux personnes
incarcérées, par l'échange de correspondance.
· F.A.R.A.P.E.J (Fédération des
Associations Réflexion-Action-Prison et Justice) qui regroupe des
associations qui développent des activités diverses auprès
des personnes sortant de prison, des personnes incarcérées et de
leurs familles et qui mènent également de nombreuses
interventions auprès des collectivités locales afin de faciliter
la mise en oeuvre des sanctions pénales alternatives à
l'incarcération.
· La Fédération Relais Parents Enfants
développe des outils psychoaffectifs adaptés pour aider au
maintien du lien entre l'enfant et son parent incarcéré afin que
la séparation ne soit pas vécue comme un abandon. L'intervention
des équipes des Relais permet d'animer différents types d'action
: des ateliers d'expression et de parole auprès des mères
détenues, des permanences éducatives, des accompagnements
d'enfants au parloir, des animations d'espaces-enfants en détention et
des permanences éducatives avec des groupes de pères.
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? Les Associations d'insertion et de formation professionnelle
subventionnées par le Conseil régional, interviennent sur
différents dispositifs, qualifiants, non-qualifiants, d'orientation ou
développement des techniques de recherche d'emploi par le biais de
l'outil informatique.
Un ensemble de professionnels permet un accompagnement complet
des détenus avec des compétences variées. Cependant
l'administration pénitentiaire fait face à une surpopulation qui
entraine un manque de moyen humain pour permettre aux détenus
d'élaborer un projet de vie cohérent et permettre à une
équipe pluridisciplinaire d'être complémentaire. En
adéquation avec les missions de l'administration pénitentiaire,
l'évolution de la peine a permis de prendre conscience des
difficultés et apportent des propositions cohérentes et
variées, pour accompagner les personnes dans leur insertion
socioprofessionnelle en prévention de la récidive qui est au
coeur des priorités du Ministère de la Justice.
Chapitre 2 : En quoi le processus d'insertion socioprofessionnelle est
affecté face à un public en surpopulation dans la carence
d'un accompagnement ciblé ?
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Dans ce travail de recherche portant sur l'organisation de
l'insertion sociale et professionnelle des détenus en France, l'analyse
du cadre, du public accueilli, des partenaires et du fonctionnement a permis de
faire ressortir des éléments essentiels permettant de mieux
appréhender cet univers carcéral. Cette phase exploratoire a
permis de comprendre l'évolution de la peine de prison, de pouvoir
identifier un public hétéroclite faisant ressortir des
problématiques dans divers champs de la vie quotidienne qui font frein
dans leur insertion sociale et professionnelle, et d'avoir pu approfondir les
chemins essentiels à la création d'un projet de vie
cohérent pour un accompagnement optimal. Le travail m'a amené
à analyser l'administration pénitentiaire et son fonctionnement
et d'avoir pu faire ressortir les moyens humains mobilisables pour
répondre à la mission d'insertion sociale et professionnelle des
détenus, confiée par le Ministère de la justice. Ces axes
de travail m'ont permis de pouvoir identifier un problème de
surpopulation, cependant malgré des chiffres éloquents, les
services et les actions en faveur des détenus présents dans les
prisons sont nombreux et permettent un accompagnement complet dans la
création d'un projet de vie cohérent, malgré tout ce
panel
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de compétences la surpopulation carcérale
entraine une carence dans l'individualisation de l'accompagnement. D'où
ma problématique « En quoi le processus d'insertion
socioprofessionnelle est affecté face à un public en
surpopulation et la carence d'un accompagnement ciblé ?
»
Dans cette problématique il est nécessaire de
préciser en quoi le sentiment de solitude et d'impuissance
démotive les détenus dans les démarches d'insertion
sociale et professionnelle et d'axer ma recherche sur les intervenants et les
liens dans l'accompagnement.
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