2. Les risques de blocages et
d'instabilité
Entre l'exigence de nomination du Premier ministre dans la
majorité parlementaire et sa révocation par le Président,
il y a déjà une contradiction. En effet, cette exigence devrait
avoir pour but de rééquilibrer le pouvoir au sein de
l'exécutif. En permettant au Président du Faso de révoquer
le Premier ministre quand il l'estime nécessaire à l'atteinte de
l'intérêt supérieur de la nation, c'est encore une occasion
d'absolutisme que l'on accorde au Président. Il s'ensuit qu'il y a un
risque continu d'instabilité politique. Le Président du Faso
collabore étroitement et obligatoirement avec le Premier ministre.
L'article 46 prévoit que le président du Faso nomme les ministres
sur proposition du Premier ministre ; il doit aussi requérir l'avis
du Premier ministre avant la prise de certaines décisions. Lorsque les
majorités présidentielle et parlementaire sont confondues, il n'y
a pas de problème. En période de cohabitation, le superpuissant
Président devra composer avec le Premier ministre. Il y aura surtout
dans le contexte sociopolitique burkinabè une situation
d'instabilité et de blocage institutionnels. Le gouvernement qui doit
avoir l'onction du Parlement ne peut être composé sans l'accord du
Premier ministre issu de ce clan politique, le Président qui estimera la
situation préoccupante révoquera le Premier ministre ou dissoudra
le parlement, toute chose qui n'est pas de nature à favoriser les
relations entre ces institutions. Il y a donc une incohérence
instaurée par la constitution. L'examen plus poussée permet de
détecter des dispositions contradictoires dans la constitution.
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