3.1.1 Historique du Groupe Crédit Agricole
La loi de 1884 sur la liberté d'association
professionnelle en France, permettant la formation de syndicats agricoles, et
l'exemple de banques mutualistes en Allemagne et en Italie favorisent
l'émergence d'un contexte favorable à la création de
banque mutualiste en France. En 1885, la société de Crédit
Agricole de l'arrondissement de Poligny à Salins est
créée, sous l'initiative locale de Louis Milcent, et donne
naissance à la première Caisse locale. Cette dernière
avait le statut de syndicat et permettait aux agriculteurs d'emprunter les
fonds pour développer leurs activités (Groupe Crédit
Agricole, 2015)
En 1894, la loi du Ministre de l'agriculture Jules
Méline autorise la constitution de Caisses locales et leur assigne le
statut de société coopérative qui aboutit à la
création du Crédit Agricole. Les Caisses locales,
constituées dès lors sous la forme de sociétés
coopératives de droit privé, forment le premier niveau de la
pyramide institutionnelle. La loi du 31 mars 1899 permet la création des
Caisses régionales, deuxième niveau de la pyramide
institutionnelle, et dont l'objectif est d'encourager la création de
Caisses locales (Groupe Crédit Agricole, 2015). La banque verte, surnom
du Crédit Agricole, prend de l'essor auprès des agriculteurs et
devient un partenaire privilégié, et cela grâce au fait que
la banque ait été sollicitée pour financer la mise en
valeur de terres en friche pendant la Première guerre mondiale. En 1920,
l'Office National du Crédit agricole est crée et est nommé
Caisse Nationale du Crédit Agricole (CNCA) et devient en 1926 un
établissement public. La pyramide
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institutionnelle du Crédit Agricole est dès lors
achevée et réunit des structures de droit privé et un
établissement public jusqu'à la loi de mutualisation de 1988
(Groupe Crédit Agricole, 2015)
Durant la Seconde guerre mondiale, le Crédit Agricole
est témoin d'importantes mutations financières. En raison de
l'épargne abondante due à l'atonie économique durant la
guerre, le Crédit Agricole crée le bon à 5 ans, produit
d'épargne qui connaît un grand succès et ouvre le chemin
vers l'autofinancement. De plus, les flux financiers entre l'État et le
Crédit Agricole s'inversent puisque le Crédit Agricole remonte
désormais l'épargne des campagnes vers le Trésor. En 1945,
la Fédération Nationale du Crédit Agricole (FNCA) est
créée comme association de représentation des Caisses
régionales auprès de l'État et de la CNCA. Dans les
années 1960, le Crédit Agricole devient la banque de
proximité et dépasse ainsi les frontières du rural. En
1966, la Caisse Nationale du Crédit Agricole (CNCA) obtient l'autonomie
financière dans le cadre de réformes financières
importantes menées par le gouvernement. À partir de 1967, le
Crédit Agricole s'affirme peu à peu comme la banque de logement
et des ménages (Groupe Crédit Agricole, 2015)
À l'échelle internationale, le Crédit
Agricole ouvre sa première succursale à Chicago en 1979. Cette
année là, la revue The Banker classe la banque verte au
premier rang mondial des banques. Cette première place affirme sa
puissance financière et son insertion dans la communauté
bancaire. La loi bancaire de 1984 de l'Union européenne permet au
Crédit Agricole d'intervenir en dehors du champ rural. La signature d'un
accord interbancaire cette même année, qui allie la carte bancaire
verte du Crédit Agricole avec la carte « bleue » des autres
banques, marque l'intégration de la banque verte au marché
bancaire « commercial ».
C'est également à partir des années 1980
que le Crédit Agricole entame son processus d'hybridation structurelle,
passant de statut de banque coopérative à celui de banque «
universelle ». En 1988, la loi relative à la mutualisation de la
CNCA affranchit la Caisse nationale de la tutelle de l'État. Dès
lors, son capital est détenu à 90% par les Caisses
régionales et à 10% par le personnel du groupe. En 1991, le
Crédit Agricole est autorisé à financer les grandes
entreprises, et devient une banque universelle. En 2001, la Caisse nationale
est cotée en bourse sous le nom de Crédit Agricole S.A. Les
Caisses régionales, actionnaire majoritaire (54%), disposent dès
lors d'un véhicule coté pour participer à de grandes
opérations financières de croissance externe (Groupe
Crédit Agricole, 2015).
Les années 1990 et 2000 sont une intense période
de création de filiales, de diversifications, d'acquisitions et de
fusions pour le Groupe Crédit Agricole. En 1986, Predica, la
première filiale créée en matière d'assurance vie
et devient N° 1 français en 1994. En 1990, le Groupe crée
Pacifica, une compagnie d'assurance de biens, et devient en 1993, le second
groupe d'assurance en France. Sur le plan international, des participations
sont prises dans le capital de Banco Ambrosiano Veneto (Italie) en 1989, et du
Banco Espirito Santo (Portugal) en
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1991. Toutefois, c'est l'acquisition en 1996 de la banque
Indosuez, qui lui permet de devenir une banque de financement, d'investissement
avec un réseau international. En 2003, le Groupe rachète le
Crédit Lyonnais. Le regroupement des différents métiers
par filiales aboutit à la création de Calyon en 2004, filiale
issue du rapprochement des activités de banque de financement et
d'investissement du Crédit Lyonnais et de Crédit Agricole
Indosuez. Le Crédit Lyonnais, recentré sur la banque de
détail, devient LCL en 2005. Le Crédit Agricole S.A. lance un
plan de développement en 2005, qui a pour objectif de développer
davantage l'internationalisation de la banque. Le plan de développement
international 2006/2008 est mis en oeuvre très rapidement et aboutit
à des acquisitions en Égypte, Ukraine, Serbie, Grèce et en
Italie en banque de détail, et dans la bancassurance au Portugal (Groupe
Crédit Agricole, 2015).
La crise des subprimes de 2007 suivi de la crise
financière de 2008 secoue brutalement le Groupe Crédit Agricole
et lui cause des pertes financières immenses pendant six années
consécutives. Ce dernier effectuait, depuis plusieurs années, des
opérations d'investissement au niveau des subprimes et autres
produits dérivés sur le marché financier, principalement
aux États-Unis, via sa filiale Calyon (Groupe Crédit Agricole,
2015). En 2007, le Groupe affichait une perte de 1,6 milliard d'euros sur le
résultat net de cette année là (Le Monde, 2007). Fin 2008,
la Banque verte a annoncé un bénéfice net 2008 en baisse
de 75% comparé à 2007, soit de 1,024 milliard d'euros. Le
résultat net était de 4 milliards d'euros en 2007 (Le Monde, 2009
(a)). En 2009, la filiale à 100% du Crédit Agricole avait un
chiffre d'affaires en baisse de 40% dès janvier 2009, et aurait perdu 5
millions d'euros juste en un mois (L'OBS, 2009). En 2010, l'organe central de
la Banque verte, Crédit Agricole S.A. décidait de quitter le
conseil de surveillance d'Intesa Sanpaolo (Italie) dans lequel il
détenait à ce moment là 4,79%. Cette décision a
contraint le Crédit Agricole S.A. à enregistrer une
dépréciation de 1,25 milliard d'euros juste au quatrième
trimestre (Reibaud, 2010). En 2011, la détention du Crédit
Agricole de la banque Emporiki, via la crise de la Grèce, a
coûté 850 millions d'euros à la Banque verte. Le Groupe a
également eu une perte nette en 2011 de 1,47 milliard d'euros (Reibaud,
2011(a)). En 2012, le Groupe a subit une perte historique au total de 6,47
milliards d'euros sur son entité cotée. À la
différence de 2011, où le Groupe a pu dans son ensemble demeurer
bénéficiaire, l'ensemble de la banque intégrant 100% des
Caisses régionales était aussi en perte en 2012, soit à
3,80 milliards d'euros. Au quatrième trimestre 2012 seulement, la perte
nette du Crédit Agricole S.A. avait atteint 3,98 milliard d'euros (Le
Point, 2012). Pour consulter l'historique des données financières
du Crédit Agricole entre 2007 et 2011 (OICSF, 2012), voir l'Annexe
10.
3.1.2 La gestion de crise du Crédit
agricole
Dans cette section, nous avons analysé la revue de
presse sélectionnée sur la base de 37 articles afin d'identifier
les caractéristiques de gestion de la crise au sein du Crédit
agricole, selon les quatre niveaux du modèle de gestion de crise soit
l'individu, la culture, la structure et la stratégie.
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