2.4.1 Niveau 1 : caractère des individus au sein de
l'organisation et mécanismes de défense
Ce niveau est considéré comme étant le
plus profond et imperceptible dans une organisation. Il aborde les
expériences subjectives et psychologiques des individus au sein de
l'organisation. Il s'agit par exemple de la propension des individus à
utiliser les différents mécanismes de défense pendant une
crise ou bien du degré d'anxiété existentielle. Ces
facteurs ont une influence et un impact significatifs sur la perception d'une
crise et sur la gestion de celle-ci. Pauchant et Mitroff (2001)
établissent plusieurs facteurs influents sur la gestion de crise qui se
rapportent directement et indirectement au psychique et à la
personnalité des individus dans les organisations. L'individu ou
l'humain est au coeur de la gestion de crises. En effet, Pauchant et Mitroff
(2001) suggèrent, en se fondant sur une étude en psychologie de
Rollo May (1950), qu'il existe une relation entre les types de
personnalité et les crises selon laquelle les personnes stables et
équilibrées sont plus aptes et capables d'intégrer des
expériences traumatisantes et d'utiliser ces expériences pour
s'améliorer. Tandis que les personnes instables et moins
équilibrées émotionnellement ne pouvaient pas
entièrement intégrer et utiliser ces expériences
traumatisantes.
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Par ailleurs, Pauchant et Mitroff (2001) mettent
particulièrement l'emphase sur la relation étroite entre les
crises, la déflation et l'inflation.
D'une part, concernant l'inflation, en citant le Diagnostic and Statistical
Manual of Mental Disorders, Pauchant et Mitroff (2001) établissent
un profil des personnes souffrant d'inflation, comme étant des individus
ayant des types de comportements dramatiques, autoritaires et grandioses. Ces
derniers ont tendance à manipuler les autres pour tirer des avantages de
leurs relations avec ces derniers et le plus souvent en les exploitants. Ils
ont également un sentiment de grandeur et accordent une auto-importance
à leur personne, en exagérant leur réussite et leurs
talents, préoccupés par des fantasmes de succès
illimités, de pouvoir et tout en exigeant des autres l'attention et
l'admiration. Or, Pauchant et Mitroff (2001) font remarquer que ces personnes
présentant un trouble psychologique apparent qu'est l'inflation, sont
encouragées à adopter ce type de comportement et à
l'entretenir afin de bénéficier d'une promotion dans de
nombreuses organisations et en particulier dans l'industrie
financière.
D'autre part, en ce qui attrait à la déflation,
Pauchant et Mitroff (2001) décrivent les personnes souffrant de
déflation comme étant des individus ayant tendance à
préférer rester en arrière-plan, craignant le plus souvent
de ne pas être à la hauteur et idéalisent les personnes
inflationnistes qui dégagent une image de très grande estime de
soi, de courage et de puissance. Cependant, selon Pauchant et Mitroff (2001),
lorsque les troubles de déflation sont moins prononcés, les
personnes peuvent être conscientes des conséquences destructrices
de leur entreprise ou de leurs dirigeants. En revanche, même si elles en
sont conscientes, « elles n'ont pas souvent le courage existentiel
pour affronter les problèmes et participer au changement »
(Pauchant et Mitroff, 2001, p. 92-93).
Ces mécanismes de défense liés à
l'inflation et la déflation ont été appliqués par
exemple au cas de la crise déclenchée par la centrale
nucléaire de Fukushima lors du séisme qui a frappé le
Japon le 11 mars 2011 dans une étude de Guntzburger et Pauchant (2014).
Les deux auteurs suggèrent que durant la crise de Fukushima, le
gouvernement japonais avait une attitude inflationniste en recherchant un
contrôle absolu et omniprésent. En revanche, les autres
responsables du dossier comme Tepco (opérateur de la centrale
nucléaire de Fukushima) et NISA (organisation de régulation
nucléaire au Japon), en dépit de leur responsabilité
officielle, avaient un comportement déflationniste, en suivant
constamment les directives du gouvernement (Guntzburger et Pauchant, 2014).
Guntzburger et Pauchant (2014) suggèrent également que ces trois
acteurs ont utilisé différents mécanismes de
défense tels que le déni de la sévérité de
la situation, la projection de la cause de la crise sur un
événement naturel (séisme) et la grandeur,
illustrée par plusieurs discours stipulant leur absolu contrôle de
la situation. Le tableau 6 à l'Annexe 3 illustre les différents
mécanismes de défense lors de la crise de Fukushima.
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