1.5.4 De l'éthique coopérative
L'éthique coopérative peut être
définie comme un « processus continu d'interrogations
collectives visant à établir un choix de logique d'action dans
laquelle vont s'inscrire les pratiques de gestion de l'entreprise »
(Vendrame, 2006, p. 3). Cependant, définir l'éthique
coopérative n'est pas une tâche aisée en raison de la
pluralité de ses définitions dépendamment des auteurs et
surtout du contexte historique et environnemental de cette dernière.
Ainsi, l'historique de l'éthique coopérative devient
nécessaire afin de comprendre ce concept (Vendrame, 2006). La naissance
des coopératives en tant qu'organisations et donc de l'éthique
coopérative sont une alternative au développement du capitalisme
(Vienney, 1992-1993; Malo, 1981; Vendrame, 2006, Marango, 2002). D'autres tels
que Desroches (1976), voient l'apparition des coopératives selon une
approche utopique issue d'un projet imaginaire d'une société
alternative qui prend sa source dans les idées de plusieurs utopistes
comme Owen (Vendrame, 2006). Ainsi, ces buts communautaires utopistes se
transforment en pratiques coopératives qui renouvellent le tissu social
et émergent comme une alternative à l'entreprise capitaliste
(Desroche, 1976). Les
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coopératives ont donc adopté la forme
d'entreprise ayant un mode de fonctionnement d'entreprise, mais avec des
règles particulières. Ces règles sont clairement
explicitées par les principes coopératifs promus par l'ACI
(Alliance coopérative internationale) qui forment dès lors
l'éthique coopérative (Vendrame, 2006).
Vers la fin des années 1990, les écrits sur
l'éthique coopérative ont commencé à augmenter en
même temps que la littérature sur la responsabilité sociale
de l'entreprise. Les ouvrages sur l'éthique coopérative se sont
substitués aux traités de doctrine éthique (Malo et al.,
2006). Pour plusieurs auteurs, en particulier contemporains, les principes
coopératifs peuvent être le fondement de l'éthique
coopérative (Champagne, 1988; Lacroix, 2002; Welty, 1985, Laflamme et
Lorrain Cayer, 2004; Robinson et Seguin, 2005; Malo et al., 2006). En d'autres
termes, les principes, coutumes, actions et valeurs du système
coopératif forment l'éthique coopérative. Cette
dernière peut être composée de dimensions «
éthiques », mais qui peuvent varier en fonction du type de la
coopérative et de son environnement (Malo et al., 2006).
En dépit de ces principes coopératifs et des
règles composant l'éthique coopérative, les
coopératives sont soumises à un processus de
ré-identification et de transformation dans le temps selon leur
environnement économique et social (Vendrame, 2006). En effet, la
mutation de l'entreprise coopérative au groupe, puis du groupe
coopératif à la holding affecte l'identité
coopérative, ses valeurs et ses résultats ainsi que
l'éthique coopérative (Koulitchisky et Mauget, 2001; Vendrame,
2006). Cette double crise identitaire et financière vécue ces
dernières années par les coopératives dans plusieurs
secteurs entraîne un risque de banalisation, une altération du
processus démocratique et une remise en question des principes
coopératifs (Vendrame, 2006). Cette transformation des
coopératives fait émerger un nouveau paradigme axé sur les
quatre éléments clés suivants : la loyauté, la
recherche de sens et légitimité, la mobilisation par les valeurs
et l'organisation apprenante (Côté, 2000; Vendrame, 2006).
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