II.1.2. Présentation géographique
Figurant dans le territoire Tavaratra, Rantolava est
un village betsimisaraka situé dans la commune rurale
d'Ampasina Maningory, district de Fénérive-Est. Il se trouve
à 15 km du chef-lieu de la région Analanjirofo ,
traversé par l'ex-route nationale n°5.
Géographiquement, il est délimité au Nord par le village
de Takoböla,
29
au Sud par Tanambao Tampolo, à l'Ouest par Ambatomasina
et à l'Est, par l'Océan Indien (voire la carte n°1 et la
carte n° 2).
Actuellement, la population de Rantolava compte environ 1400
habitants dont la majorité est jeune. Le groupe ethnique dominant est le
betsimisaraka, issu des deux lignages dominants : Fahambahy
et Zafilango. Ensuite, viennent les antemoro, les
antavaratra, puis les merina.
Carte 1 - Localisation de la Commune Rurale
d'Ampasina Maningory par rapport à la Région
Analanjirofo
Sources : O.N.E, Rapport de synthèse sur
l'état de l'environnement de la Région Analanjirofo (2008) et
Plan Communal de Développement de la Commune rurale d'Ampasina
Maningory.
30
Carte 2 - Carte de la Commune rurale d'Ampasina
Maningoro où se trouve le village de Rantolava
Source : Mairie d'Ampasina Maningory, PCD,
2015
II.2. Place de l'éducation au village de
Rantolava
Le village de Rantolava abrite deux types d'école : une
école de type occidental, donc entre les quatre murs avec des programmes
officiels et, une école sans mur, sans manuels ni conception consciente
de l'éducation. Ce dernier type se transmet de bouche à l'oreille
et d'une génération à l'autre.
31
II.2.1. Le système éducatif de type
occidental
Bien qu'il se trouve à l'écart de la route
nationale, on trouve dans le village de Rantolava un système
éducatif de type occidental. Un centre de formation pédagogique
et une école primaire du premier cycle ont été
créés en 1971 (photo n°01 et photo n°02).
Au cours de l'année scolaire 2014-2015, 69,63% des
enfants de 6 à 10 ans fréquentaient l'école primaire de
Rantolava (source : EPP Rantolava). Cela signifie que la scolarisation figure
parmi les préoccupations des habitants. Par ailleurs, il a
été constaté que les résultats que les
élèves obtiennent aux examens officiels ne sont pas vraiment
satisfaisants. A titre d'exemple, en se référant aux
résultats des examens du C.E.P.E durant les trois dernières
années, le taux de réussite est au-dessous de 50% (2011-2012 :
43,28% ; 2012-2013 : 46,29% ; 2013-2014: 48,14%) tel que le rapporte le
graphique 1.
32
Graphique 1 - Taux de réussite aux examens
du C.E.P.E au cours des cinq dernières
années
Taux de réussite (%)
Taux de réussite (%)
100
64
43,28 46,29 48,14
2009-20102010-2011 2011-2012 2012-2013
2013-2014
Source : EPP Rantolava, 2015
En observant ce graphique, une question se pose. Pourquoi
cette brusque régression depuis 2009-2010? Selon l'explication du
directeur de l'école, celle-ci est le résultat de
différentes affectations des instituteurs titulaires. Pour pallier la
situation, l'association des parents d'élèves,
dénommée localement « FRAM36 » et, avec
l'accord de la direction de l'établissement recrute des maîtres
suppléants (maître FRAM). Généralement, ces
maîtres FRAM n'ont reçu aucune formation pédagogique avant
d'exercer le métier d'instituteurs.
Malheureusement, l'échec scolaire frappe l'ensemble des
niveaux, du CP137 au CM238. Le taux de redoublement est
inquiétant, surtout depuis l'année scolaire 2011-2012. Il passe
de 41% à 59%, l'année suivante. Mais on ne peut pas faire porter
toute cette responsabilité aux enseignants. La réunion du CPF qui
s'est tenue en date
36 FRAM : Fikambanan'ny Ray Aman-drenin'ny Mpianatra
(littéralement : Association des Parents d'Elèves)
37 CP : Cours préparatoire
38 CM : Cours moyen
du 13 janvier 2015 a soulevé un autre problème
majeur : l'importance de l'absentéisme. L'absentéisme est
lié aux difficultés économiques que les familles des
élèves rencontrent. En fait, pendant les saisons fortes (pour
l'activité de pêche) du lac Tampolo, les élèves
profitent cette occasion pour aider leurs parents en travaillant. Ainsi, ils
pourront participer à l'augmentation de revenus familiaux.
Par ailleurs, il a été également
remarqué qu'en termes de réussite scolaire, les filles s'en
sortent mieux que les garçons. Elles sont non seulement en
supériorité numériques, mais aussi leurs résultats
aux examens sont meilleurs à ceux des garçons. Le graphique
n°02 ci-après montre bel et bien cette différence. En effet,
le nombre des élèves de sexe féminin qui
réussissent est plus important ceux du sexe masculin.
Graphique 2 - Taux de réussite par sexe de
2009-2010 à 2013-2014
2009-2010 2010-2011 2011-2012 2012-2013 2013-2014
120
100
80
60
40
20
0
Taux de réussite pour les
garçons
Taux de réussite pour les filles
33
Source : EPP Rantolava, 2015
34
Cette différence de réussite scolaire ne se
retrouve pas uniquement au niveau de l'établissement scolaire. Elle est
le reflet de situation démographique du village. En 2014, par exemple,
sur un total de 191 enfants de 6 à 10 ans, les filles comptent pour 99,
ce qui donne un taux de filles d'environ 52%.
Au total, six (06) enseignants se chargent de
l'éducation des 271 élèves, y compris ceux du
préscolaire. Cela donne un ratio de 45,1 élèves par
enseignant. A la fin du primaire, pour continuer leurs études
secondaires, les élèves doivent aller au chef-lieu de la commune,
avec une distance moyenne d'environ 4 km que les élèves font
généralement à pied.
En ce qui concerne le centre de formation pédagogique,
on observe une régression. Bien qu'il ait accueilli des séances
de formation jusqu'en 2012, en réalité, le centre de formation
n'a été vraiment fonctionnel que dix ans. Cela s'explique d'abord
par la déviation du trajet lors de la construction de la nouvelle
RN539 qui a fait de Rantolava un village enclavé. Ensuite,
étant donné le climat, l'accès au centre est devenu de
plus en plus difficile, surtout en période de pluie. Enfin, il faut
aussi dire que le centre a été touché par la
création du Centre Régional de l'Institut de Formation
Pédagogique dans la ville de Fénérive-Est, en 2011. Ces
divers facteurs expliquent pourquoi le centre de formation pédagogique a
périclité.
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