CHAPITRE II - NOTRE TERRAIN D'ETUDES : LE VILLAGE
DE
RANTOLAVA
Le territoire betsimisaraka est immense et, pour
mieux délimiter notre recherche, nous avons choisi le village de
Rantolava comme étant notre terrain d'études. Mais, en parlant de
ce village, nous profitons également cette occasion pour parler de
l'histoire des Betsimisaraka en général.
Ce chapitre comprend deux sections : une section qui
présente une brève présentation
historio-géographique et une autre section qui met en évidence la
place de l'éducation dans le village de Rantolava.
II.1. Une brève présentation
historio-géographique
Dans cette section, nous présentons d'une
manière simplifiée la naissance du peuple betsimisaraka dans son
ensemble et celle du village de Rantolava en particulier.
II.1.1. Historique
II.1.1.1. Naissance de la confédération
betsimisaraka
Du point de vue historique, le territoire betsimisaraka
a été peuplé de trois clans différents, tels
que les Tavaratra (au Nord), les Tsikoa (au Centre) et les
Tatsimo (au Sud). Il est délimité au Nord par le fleuve
Bemarivo (Sambava) et, au Sud par le fleuve Mananjary , avec une longueur
d'environ 700 km. Au cours du XVIIIème siècle, le chef du clan
Tavaratra appelé Ratsimilaho, fils de Rahena
et d'un anglais Tom Tew, décide de rassembler tous les clans de la
côte centre-orientale de la grande île après ses
études en Angleterre. Il s'est alors marié avec la fille du chef
Tatsimo qui est devenu son allié contre les Tsikoa.
Après la défaite de ces derniers, Ratsimilaho installa sa
capitale à Fénérive-Est, en 1712. Et, à l'issu de
son
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discours devant le peuple, il demanda leur soutien, leur
obéissance et respect. Il a fait promettre à son peuple de ne
jamais se désunir quelles que soient les circonstances. C'est à
partir de ce point-là que commence l'ère « Betsimisaraka
» (nombreux unis à jamais), et il devient Ramaromanompo (celui
qui a de nombreux serfs). Ramaromanompo a régné jusqu'à sa
mort en 1754. La population betsimisaraka est à l'image de ce
proverbe: « vilañy vy natrö-bazaha, teo vö niharo
» (marmite en fer rassemblée par un étranger, c'est
là qu'on s'est rencontré).
II.1.1.2. Origine du village de Rantolava
Auparavant, ce village situé au bord de l'Océan
Indien s'appelait « Tsiraka Anjavananto ». Les villageois
vivaient de la pêche, de l'agriculture et de l'élevage. Mais,
l'absence d'eau potable, l'insuffisance des surfaces pour l'agriculture ont
obligé la population à se déplacer. Elle s'est alors
installée à proximité du lac Tampolo qui est maintenant
devenu un village nommé Rantolava. En ce qui concerne le nom du village,
nous pourrions avancer deux explications. Littéralement, le terme «
rantolava » est constitué de deux mots : «ranto» qui
signifie «prendre ou chercher ailleurs » et «lava» qui veut
dire « souvent ». Le nom du village vient du fait que ses habitants
ne cessent de faire des va-et-vient pour trouver de la nourriture, partant du
nouveau village vers celui d'autrefois. D'autres avancent que cette
dénomination a été attribuée à partir du nom
d'un « mpañajary » (guérisseur) qui s'appelait
« Ranto » et qui s'est installé dans la partie Sud du village
actuel. Mais, cette dernière hypothèse a été
niée par la plupart des aînés du village.
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