2.2.3. La raison du
management dans le secteur public
De nos jours, l'administration va se trouver insensiblement
contaminée par la nouvelle mystique de l'efficacité et de la
rentabilité. Le postulat ancien selon lequel la gestion publique ne
saurait être mesurée en terme d'efficacité va
progressivement céder la place à l'idée que
l'administration est tenue, tout comme les entreprises privées, de
rechercher une productivité accrue et de rationaliser ses
méthodes de travail en faisant appel aux techniques modernes
d'organisation et de prise de décision. Tous les services publics
étant plus ou moins justiciables de jugement de
coût-efficacité et que rien ne s'opposerait plus à la
transposition des principes de management dans la gestion publique.
Pourtant il faut se rendre compte que le management ne s'offre
pas à porter remède aux ratés de la bureaucratie. Il se
présente comme une alternative nouvelle, apte à se substituer de
manière avantageuse à l'ancien système, non à
l'amender.
La logique du management basée sur les principes de
réalité est elle compatible avec la logique juridique de
l'administration ? La réponse peut varier selon les analystes, mais
à notre avis, la réponse est oui. L'efficacité
apparaît aujourd'hui comme nouveau dogme, un nouvel impératif
catégorique de l'administration sous tendue par la rationalité
managériale. Tout comme le respect du droit conditionnait la
rationalité et la légitimité de l'action administrative,
c'est désormais l'efficacité qui, attestant la rationalité
de son action, renforce le capital de légitimité de
l'administration.
Le management se présente d'abord comme une
théorie de l'action efficace fondée sur la gestion rationnelle
des hommes et des moyens. Le mot d'ordre de jugement par les résultats
donnera naissance à un type d'organisation tout entière
structurée en fonction de la contrainte du but qui remplace la
contrainte de la règle. L'administration doit donc donner d'elle
même l'image de l'efficacité. La justification de son action ne
réside plus dans les prescriptions légales, en amont, mais dans
la réussite, en aval, des opérations qu'elle engage. On la jugera
sur les résultats qu'elle est capable d'atteindre, sur son aptitude
à gérer rationnellement les moyens dont elle dispose en vue
d'obtenir le meilleur rapport coût -objectif.
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