I. 2. POSITION DU PROBLEME
La gratuité de l'école comme politique
éducative doit être fondée sur la qualité des
apprentissages. Une éducation de qualité est celle qui minimise
l'échec scolaire à défaut de l'annuler et elle doit
également permettre à l'individu de s'insérer de
manière harmonieuse dans son milieu tout en restant ouverte aux autres
et de s'adapter aux transformations de son environnement.
Dès l'annonce du chef de l'Etat à la jeunesse le
10 février 2000 sur la gratuité de l'enseignement primaire au
Cameroun, un certain nombre de mesures avaient été prises pour
accompagner la gratuité en question. Parmi les mesures phares, nous
avons la suppression des frais exigibles à l'école primaire
publique. Nous rappelons que ces frais s'élevaient à mille cinq
cents (1500frs CFA) avant leur suppression conformément aux dispositions
de l'article 2 (voir arrêté n°20/B1/14-64 du 13 mai 1996 en
annexe). Les parents pouvaient donc inscrire désormais leurs enfants
à l'école sans débourser un sous.
La conséquence immédiate de cette mesure a
été l'augmentation des effectifs des élèves
à l'école avec un taux d'accroissement en valeur absolue de 17,4%
pour l'année scolaire 2000 /2001 selon une étude de Onana
(2005).
Une autre mesure très importante a été
l'introduction du paquet minimum dans le fonctionnement des écoles.
Selon le Ministre de l'Education Nationale (2000), la décision du Chef
de l'Etat « implique la gratuité des écoles
primaires publiques, les charges y relatives incombant à
l'Etat ». (Voir circulaire du 24 juillet 2000 en annexe). Le
paquet minimum dans sa version officielle comble les besoins de l'école
issus de la suppression des frais exigibles.
Fozing (2009) pour sa part, voit dans cette mesure
gouvernementale, une sorte d'improvisation de la gratuité par les
pouvoirs publics. Pour lui en effet, « la gratuité de
l'enseignement primaire public annoncée pour l'année scolaire
2000/2001 au Cameroun est intervenue sans préparation
adéquate. » Pour Fozing, à travers la
gratuité, l'Etat se désengage de ses missions vis-à-vis de
l'école primaire. Il souligne que « la gratuité
dans son application actuelle a contribué à compenser par les
contributions additionnelles des frais d'APE, la diminution du budget de
financement des établissements publics d'enseignement
primaire ».Ntchamande (2005) partage la même vision des
choses lorsqu'il affirme que
« malgré la suppression des frais de
scolarité somme toute modique par le Président de la
République pour répondre aux exigences d'un contexte mondial
prônant une école primaire gratuite « Education pour
tous », la gratuité de l'école primaire n'a jamais
été une option politique du Gouvernement, car elle est
obligatoire certes, mais pas gratuite. »
En dehors de la suppression des frais exigibles et
l'introduction du paquet minimum, l'Etat a également entrepris de
renforcer l'encadrement pédagogique des élèves par la
formation et les recrutements massifs des instituteurs dans la fonction
publique. Comme l'atteste Njiale (2006), « pour accroître
l'accès à l'éducation de base versus la demande, on
devrait renforcer les mesures tendant à la gratuité de
l'enseignement et garantissant le droit à
l'éducation ». Pour Njiale, la condition première
de la gratuité passe par la formation des Enseignants en nombre et
surtout en qualité.
L'Etat dans cette optique, envisage dans sa nouvelle politique
de l'éducation de base, offrir une éducation de qualité
tout en faisant l'accès à tous, une priorité selon les
recommandations de Jomtien et de Dakar.
C'est à la suite de ce qui précède, que
nous avons voulu savoir ce qui a changé en termes d'amélioration
quantitative et qualitative de l'offre éducative, Autrement dit, quelle
est l'effectivité de la gratuité de l'enseignement primaire au
Cameroun et son impact sur la qualité des apprentissages ?
|