Problématique de la gratuité de l'école: cas de la circonscription scolaire d'Akpro-Missérété au Bénin( Télécharger le fichier original )par Arnaud DANGBENON Université d'Abomey-Calavi (Bénin) - Maà®trise option développement communautaire 2010 |
1.2 Contexte de l'étude1.2.1 Contexte généralSitué en Afrique de l'Ouest et comptant un peu plus de 8 294 941 habitants, (estimation 2008), dont près de la moitié a moins de 18 ans, le Bénin couvre une superficie de 114763 Km².Démocratique, le Bénin reste un pays très pauvre, classé 163e sur 177 dans le Rapport mondial sur le développement humain 2007/2008. C'est donc dans un contexte de pauvreté illustré par un très net ralentissement du taux de croissance (6,2 % en 2001 pour seulement 2,9 % en 2005, puis à 4,1 en 2006) et un taux d'alphabétisation de 43,2% (estimation 2005) femmes 28,4% (estimation 2005) hommes 58,8% (estimation 2005) qu'évolue le Bénin6(*). Pour cela, le Benin a adhéré aux OMD et conformément à son deuxième objectif, a pour défi de garantir une éducation de qualité pour tous. L'éducation est donc considérée comme une priorité nationale pour le développement économique et la réduction de la pauvreté. Ces dernières décennies, le Bénin a réalisé des progrès importants en matière d'éducation. De plus en plus des filles et des garçons accèdent à l'école. En effet, l'effectif des élèves du primaire a plus que triplé depuis 19907(*). Cependant, ces progrès sont inégalement répartis entre les sexes et entre zones géographiques. En 2007, les filles ne représentaient que 45% des effectifs du primaire, 38% des effectifs du 1er cycle du secondaire et 30% des effectifs du 2nd cycle du secondaire. Si, dans certaines régions, la quasi-totalité des enfants accède à l'école, dans d'autres localités, ils ne sont que deux sur trois à avoir cette même chance. Par ailleurs, l'augmentation de la demande en éducation ne s'est pas accompagnée d'un développement équivalent de l'offre, ce qui a entraîné une dégradation du rendement du système éducatif. La majorité de ceux qui terminent l'école primaire n'a qu'une faible maîtrise en lecture, en écriture et en mathématiques. D'après une note de l'UNICEF sur le programme Éducation du Bénin, l'offre reste cependant insuffisante en termes de nombre de classes, de matériel didactique et de nombre d'enseignants dont plus de la moitié n'est pas qualifiée. L'objectif de 50 élèves par classe n'est pas atteint, l'effectif est souvent de 80 élèves et plus. Il y a également une persistance de pesanteurs socioculturelles défavorables à la scolarisation des filles telles que le phénomène du vìdomègon, l'inégalité des sexes ainsi que la pauvreté. En effet même si le taux de scolarisation est en nette évolution depuis plus de dix ans, les vìdomègon ne bénéficient pas du minimum reconnu en termes d'instruction. Beaucoup de tuteurs préfèrent leur confier les activités domestiques et la garde de leurs enfants que de les inscrire à l'école. Cette situation engendre un fort taux d'analphabétisme dans le rang de ces enfants. En plus de la privation du droit à un milieu familial, d'après le recensement Général de la Population et de l'Habitation (RGPH) 2002 réalisé par l'INSAE, les vìdomègon sont à plus de 80% des illettrés. Les filles représentant plus des deux tiers des vìdomègon avec une population totale estimée à 1.745.249 enfants âgés de 5 à 14 ans. La pauvreté est aussi un déterminant de l'accès des filles à l'éducation. elle met en avant une indisponibilité de ressources qui limite les possibilités des parents qui, dans ce cas, préfèrent envoyer les garçons à l'école. Le niveau d'instruction des parents ainsi que la peur de voir leurs filles abusée sexuellement est aussi un facteur limitant l'accès des filles çà l'école. De plus, nous sommes passés à un nouveau programme dénommé APC « Approche Par Compétences » qui a pour objectif de mettre l'apprenant au centre de la construction de son savoir. Ce programme étant dans ses premières années, il connait des difficultés et est sujet à des critiques fondées sur les résultats non satisfaisants tant sur le plan statistique que sur le plan des résultats relatifs aux compétences des apprenants. La plus grande critique à ce programme est son inadaptation à notre contexte de pauvreté où le parent n'arrive pas à suivre son enfant, où il ne peut pas payer des cours particuliers à son enfant, où il ne peut pas acheter tous les matériels didactiques qu'il faut à l'enfant. A ces problèmes s'ajoutent les faibles résultats dus à la nouvelle méthode d'évaluation qui n'est pas bien maitrisée, la mauvaise gestion du temps scolaire, les débrayages et les perturbations liées au délestage dans les zones électrifiées. La qualification des enseignants et la fragilisation du corps
de contrôle, l'insuffisance de l'effectif des inspecteurs, la
revalorisation de la fonction enseignante sont également mises en cause.
Cependant, la Banque Mondiale reste optimiste. Selon elle, le Bénin
serait en mesure d'atteindre d'ici 2015, l'éducation pour tous (EPT),
tout au moins en ce qui concerne les garçons. Le taux brut de
scolarisation est passé de 49 % en 1991 à 86 % en
20028(*). Avec
l'établissement de la scolarité gratuite en 2006, le nombre
d'élèves a dépassé le million en 2007, pour
8 707 écoles publiques et 1 476 écoles
privées9(*).Face
à cette attente, le gouvernement du Bénin a adopté, en
décembre 2006, un nouveau plan national décennal relatif au
développement du secteur de l'éducation. Ce plan, qui couvre
l'ensemble du secteur, constituera le document de base pour la
coopération entre le gouvernement et les bailleurs de fonds au cours des
années à venir. L'objectif majeur du plan est d'assurer que tous
les enfants béninois achèvent l'enseignement primaire d'ici 2015.
Le défi est grand car le pourcentage des enfants qui, en 2005,
terminaient le cours primaire était seulement de 54% (42% des filles
scolarisées). Pour les autres ordres d'enseignement, des objectifs ambitieux ont également été fixés. A titre d'exemple, il est prévu de doubler le pourcentage d'enfants qui accèdent à l'école maternelle pour atteindre les 15% en 2015. L'analphabétisme devra être réduit de 63% en 2005 à 50% en 2015. Enfin, l'accès à l'enseignement technique et professionnel sera renforcé et le contenu de l'enseignement révisé pour une meilleure prise en compte des besoins de l'économie nationale. L'évaluation des efforts accomplis se fait chaque année par une revue du secteur de l'éducation. C'est l'occasion pour les partenaires nationaux et internationaux de faire le point des activités de l'année écoulée et de formuler des recommandations relatives aux stratégies du secteur. Les acteurs principaux sont le gouvernement, l'Assemblée Nationale, les syndicats, les organisations de la société civile ainsi que les partenaires techniques et financiers * 6 Microsoft Encarta 2009, fiche statistique Bénin * 7http://www.gouv.bj/spip.php?article342 * 8 Fonds Africain de Développement. Rapport d'évaluation, République du Bénin - Projet Education IV, 2002 * 9 État des lieux - Bénin - IFADEM - Initiative francophone pour la formation à distance des maîtres.htm * 10 Le secteur de l'éducation au Bénin - Ambassade du Danemark Bénin.htm |
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