Problématique de la gratuité de l'école: cas de la circonscription scolaire d'Akpro-Missérété au Bénin( Télécharger le fichier original )par Arnaud DANGBENON Université d'Abomey-Calavi (Bénin) - Maà®trise option développement communautaire 2010 |
1.2.2 L'Ecole après les indépendancesTrois grandes périodes ont marqué l'histoire de l'école au Bénin. Ø L'école coloniale De l'accession l'indépendance de notre pays le 1er Aout 1960 en 1975, l'école était de type colonial c'est à dire calqué sur le modèle colonial français. cette école a formé de nombreux cadres de notre pays mais sur une culture française. C'est ce qu'a voulu changer le Président Mathieu Kérékou, qui, à la faveur de la révolution entamée en 1972, a décidé de reformer l'école. Ø L'école nouvelle En passant de l'école coloniale à l'école nouvelle, le régime révolutionnaire avait trois objectifs principaux : · la démocratisation de l'enseignement, · l'introduction du travail productif à l'école et · l'adaptation de l'école aux réalités nationales.11(*) Au cours des premières années de sa mise en oeuvre, cette réforme a produit des résultats positifs, parmi lesquels un accroissement rapide des effectifs de l'enseignement primaire la généralisation de l'enseignement secondaire et l'explosion des effectifs de l'enseignement supérieur. La réforme de 1975 était justifiée par la volonté d'améliorer le taux de scolarité qui était d'un niveau anormalement bas. Face au postulat que l'enseignement « dans la langue du colonisateur » constituait l'une des raisons de la scolarité restreinte, la réforme a réalisé un effort vers la généralisation de l'apprentissage des langues béninoises. Elle a également permis la création des Centres d'éveil et de stimulation de l'enfant (CESE) qui donnaient aux enfants les premiers enseignements dans les langues locales A partir de la seconde moitié des années 1980, cependant, le modèle de l'école nouvelle s'est progressivement affaibli, miné par les crises politiques et sociales dont le pays était victime et qui ont conduit à la mise en place en 1989 par le Bénin de son premier Programme d'ajustement structurel (PAS). Ayant évolué dans un contexte de l'économie dirigiste privilégiant la fonction publique et dans lequel les diplômés étaient massivement orientés dans les administrations de l'État, l'école s'est brusquement heurtée à la logique du PAS dont l'une des composantes était le programme de départs volontaires et ciblés de la fonction publique. La crise du modèle « école nouvelle » a été surtout caractérisée par le tarissement du financement de l'éducation et l'amenuisement de ses performances internes. Par exemple, le taux brut de scolarisation dans l'enseignement primaire a brusquement chuté de 62,2 % en 1983 à 49,7 % en 1990. Pour les filles, le taux brut de scolarisation qui n'était que de 27,7 % en 1975 est passé à 43 % en 1983 avant de retomber à 35,7 % en 1990. En 1988 et 1989, au plus fort de la crise sociale, les taux d'abandon dans l'enseignement primaire ont atteint le niveau record de 31 %. Ø L'école libérale et les nouveaux programmes d'études La Conférence des forces vives tenue en février 1990 a été l'occasion d'établir le bilan de la gouvernance du Bénin au cours des trente années de son indépendance. Le secteur de l'éducation est parmi tant d'autres secteurs à être passé sous les critiques des délégués qui ont constaté l'échec de l'école nouvelle mise en place par la réforme de 1975. Ils ont alors décidé « de revoir les programmes d'enseignement de fond en comble ». Cette option fondamentale, la conférence nationale n'a cependant pas pu en examiner en détail les modalités de sa mise en oeuvre. Cette tache devait incomber aux « États généraux de l'éducation », une réunion plus technique et plus spécifique convoquée en octobre 1990 par le gouvernement « du renouveau démocratique » issu de la conférence des forces vives de la nation. Les participants aux états généraux de l'éducation étaient les représentants du gouvernement et de l'administration de l'éducation, les représentants des enseignants, les syndicats d'enseignants et les associations des parents d'élèves. Les États généraux de l'éducation qui se sont déroulés du 2 au 9 octobre 1990 ont permis d'aboutir à un consensus sur le diagnostic du système et sur les grandes orientations pour son développement. A l'issue des états généraux de l'éducation, il a été procédé à l'audit fonctionnel et organisationnel du ministère de l'Éducation nationale. Le gouvernement a alors adopté un «document cadre de politique éducative » en conseil des ministres du 15 janvier 1991 qui énonce comme suit la vision de la nouvelle école : - être un moyen de transformation globale de la société permettant à tous les niveaux une éducation et une formation permanente ainsi qu'une spécialisation continue pour tous ; - former un homme sain, équilibré, éduqué, instruit, cultivé et techniquement compétent ; - produire des hommes sans cesse performants, dotés de l'esprit d'initiative, animés par le gout de la recherche, capables de s'auto-employer, de créer des emplois et partant de contribuer efficacement au développement du Bénin. En vue de la réalisation de cette vision, le document cadre de politique éducative a prévu de mettre en place une stratégie et un plan d'action opérationnel avec des objectifs qualitatifs et quantitatifs précis. Parmi les objectifs qualitatifs, le document retenait de renforcer la sélection et l'orientation scolaire et universitaire, améliorer la qualité de l'instruction à tous les niveaux, former à l'auto-emploi, réaliser une nécessaire liaison entre formation générale et formation technique, renforcer la capacité de planification et de gestion tant au niveau de l'administration centrale qu'au niveau des institutions scolaires, établir la performance des enseignants et leur progression dans la carrière. Quant aux objectifs quantitatifs, ils concernaient l'accroissement des taux de scolarité, l'évolution du personnel enseignant et la maitrise du coût de l'éducation. Les résultats des 10 premières années de mise en oeuvre de cette réforme sont impressionnants du point de vue du taux de scolarisation. Alors que le nombre d'enfants en âge d'être scolarisés dans l'enseignement primaire (6-11 ans) a augmenté de 3,6 % par an pour passer de 892 752 enfants à 1 269 996 enfants entre 1992 et 2002, le nombre de salles de classe est passé de 12 573 à 19 823 de 1992 à l'an 2000, soit une augmentation de 57,7 %. Dans la même période l'effectif des élèves a connu un rythme de croissance annuel moyen de 7,2 %, soit deux fois plus vite que le taux de croissance des effectifs des enfants âgés de 6-11 ans, passant de 534 810 élèves à 932 422 élèves. Il en résulte un taux brut de scolarisation (TBS) en hausse continue à partir de son niveau le plus bas de 1990 : 49,7 % en 1990 et 80 % en 2000 et 98,48 % en 2007. Le TBS des filles a cru plus rapidement que celui des garçons, réduisant substantiellement le grand écart observé entre la scolarisation des garçons et celle des filles : de 35,7 % en 1990, le TBS des filles a atteint 65,2 % en 2000. La réforme n'a cependant pas eu d'impact aussi positif sur les autres indicateurs. En particulier, le nombre d'enseignants qualifiés n'a pas augmenté au rythme de celui des élèves. Le ratio élèves/maître n'a donc cessé de croître, passant de 36,2 élèves par maître en 1991 à 52,6 élèves/maître en 1998 et 44,9 % en 2008-2009. Le pourcentage d'enseignants qualifiés a également progressivement diminué : ils étaient 91,9 % de tout le corps enseignant en 1994, mais en 1998 ils ne constituaient plus que 71,3 %.8 Cette faible performance interne de l'éducation a poussé les gouvernements successifs à continuellement procéder à des ajustements de la réforme en y ajoutant des composantes et des plans qui ont fini par ressembler à des réformes nouvelles. * 11 Julien Guingnido Gaye, Rapport de suivi de l'éducation pour tous 2003/04 : cas de la République du Bénin, (rapport commissionné par l'Unesco en vue de l'élaboration du rapport mondial sur l'éducation pour tous, 2003-2004,http:// unesdoc.unesco.org/images/0014/001467/146771f.pdf ) 2003, p.2. |
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