1.2.3 Instabilité institutionnelle
Les changements successifs des objectifs de l'éducation
béninoise se reflètent dans l'évolution de la structure de
gestion de ce secteur. Pendant les 15 premières années de
l'indépendance, le système éducatif était
géré par le ministère de l'Éducation nationale, de
la culture, de la jeunesse et des sports. Mais depuis la réforme de
l'école nouvelle en 1975, l'administration du secteur a connu plusieurs
mutations dans sa dénomination, ses missions, ses attributions et ses
structures. De nouveaux changements politiques intervenus en 2001 placent
l'éducation sous la tutelle de quatre ministères : (i) le
Ministère des Enseignements Primaire et Secondaire (MEPS) s'occupe aussi
de l'enseignement maternel qui n'est pas explicitement mentionné dans la
dénomination du ministère, (ii) le Ministère de
l'Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle (METFP) a en charge
l'éducation formelle (les établissements d'enseignement technique
et de formation professionnelle) et l'éducation non formelle (les
apprentissages), (iii) le Ministère de l'Enseignement Supérieur
et de la Recherche Scientifique (MESRS) dont relèvent les
universités et tous les établissements d'enseignement
supérieur (les Instituts Universitaires de Technologie et les
établissements de formation au BTS et autres formations
professionnelles) et (iv) le Ministère de la Culture, de l'Artisanat et
du Tourisme (MCAT) définit et gère la politique culturelle du
Bénin. Il s'occupe également de l'alphabétisation et de
l'éducation des adultes. En avril 2006, le Ministère de
l'Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle (METFP) et le
Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche
Scientifique (MESRS) ont été fusionnés en un seul
ministère, le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de
la Formation Professionnelle (MESFP). Mais en 2008, l'éducation a
été à nouveau confiée à trois
ministères : le ministère des Enseignements Primaires, de
l'Alphabétisation et des Langues Nationales, le ministère de
l'Enseignement Secondaire, et de la Formation Technique et Professionnelle
(MESFTP) et le ministère de l'Enseignement Supérieur et de la
Recherche Scientifique (MESRS).
1.2.4 Gestion décentralisée du système
éducatif
Le processus de décentralisation de la gestion
administrative de l'État entamé en 1999 n'a pas encore
été traduit de façon satisfaisante par une
décentralisation dans la fourniture des services publics de
l'éducation. En principe, il existe des structures
départementales et communales qui traduisent la décentralisation
formelle de l'éducation, surtout au niveau primaire. De même, la
loi confère aux maires un certain nombre de prérogatives dans le
domaine de la construction et du recrutement des enseignants. Mais
l'élaboration des programmes et politiques éducatives
béninoises relèvent toujours du domaine de l'administration
centrale. Plus concrètement, l'État à travers
l'administration centrale, en plus de son rôle dans la politique
éducative continue de jouer un grand rôle dans l'estimation de
l'offre éducative et la prévision de sa satisfaction : la
création, l'extension et la fermeture des écoles, le recrutement
des enseignants et l'encadrement de ces derniers sont de la
responsabilité de l'État.
Les textes qui régissent la décentralisation de
l'éducation ne permettent pas aux communes de jouer pleinement leur
rôle parce que l'élaboration des programmes et politiques
éducatives béninoises relèvent toujours de
l'administration centrale. Mais les handicaps de ces insuffisances sont
très peu visibles pour le moment. Seuls les handicaps liés au non
transfert des ressources sont régulièrement critiqués
notamment par les dirigeants de Circonscriptions Scolaires (CS). Ces derniers
considèrent que la proportion du budget qui leur est allouée est
souvent insuffisante. Il est donc important que chaque niveau joue son
rôle et qu'il y ait un dialogue entre le niveau central et le niveau
décentralisé. La connaissance et la maitrise des textes qui
régissent la décentralisation de l'éducation par les
parties en présence devraient faciliter le partage des rôles. La
population locale participe peu à l'élaboration des
stratégies de planification et de budgétisation sauf certaines
associations et ONG. Le niveau local intervient très peu dans le
contrôle des activités du système éducatif. Il reste
beaucoup à faire pour que le niveau local puisse jouer efficacement le
rôle qui est le sien dans le système éducatif. Aussi,
est-il important, voire indispensable de régler les problèmes de
transferts de
compétences et de ressources au niveau local. Ce
transfert doit s'accompagner d'une responsabilité des acteurs du niveau
local qui doivent pouvoir mettre en place un système
de compte rendu. Le fait que tout investissement dans
l'éducation est souvent considéré comme un thème
attractif de campagne électoraliste et de promotion politique par les
responsables politiques au niveau central constitue un autre frein à la
gestion décentralisée du secteur. Par exemple, c'est en principe
à la commune qu'il revient de prendre en charge la construction, la
réhabilitation et l'entretien des écoles primaires et des
établissements d'enseignement secondaire du niveau communal. Mais dans
ce domaine les autorités centrales interviennent très
régulièrement de façon directe dans les constructions
d'école sans passer par les maires et autres autorités
communales. Pour rendre la décentralisation plus effective, il est
important d'impliquer davantage les administrés au niveau local dans
l'utilisation rationnelle des fonds affectés par le niveau central et/ou
le niveau local au développement de l'éducation. A cet effet, le
ministère de l'éducation devrait associer plus étroitement
les acteurs locaux dans la formulation des politiques éducatives.
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