1.2.5 Evolution du concept de gratuité
Après la décolonisation, plusieurs types de
régimes se sont succédés et de nombreux pays ont
expérimenté le modèle populiste et socialiste
prôné par l'URSS se mettant dans le rang des dits « pays
non alignés ». Le bénin, notre pays a
expérimenté ce type de régime (populiste) sous la
révolution dirigée à l'époque par le
Général M.KEREKOU. Cette politique mettait en avant
l'idéologie et des politiques d'affectation volontariste des ressources
par la planification. Pour la plupart des Etats africains, la planification
était devenue un des instruments du rite de légitimation du
pouvoir et offrait l'occasion à ses composantes ethniques ou
régionales de négocier et de trouver des compromis sur la
localisation de certaines infrastructures. Par ailleurs, la planification
véhiculait l'idéologie de la régulation économique
et sociale par l'Etat gardien de la justice sociale contre les forces
`aveugles' du marché et du profit.
C'est dans ce contexte de centralisme que la gratuité
à l'école a eu ses meilleures heures au Bénin, Dahomey
d'alors. L'école était gratuite, les fournitures et accessoires
gratuits. Les enfants admis au lycée étaient instruits,
logés et nourris aux frais de l'Etat puis plus tard affectés
à leurs postes de responsabilité respectifs. L'état
était au centre de la formation de ses citoyens. Mais cette situation ne
va tarder à basculer.
En effet, même si, l'étatisation était une
pièce supplémentaire dans la panoplie légitimatrice du
pouvoir, en même temps qu'une source de revenus, cette situation de
centralisation de la propriété et de non contrôle a
progressivement amené au déficit puis à la faillite des
Etats. Pour exemple, le Bénin, en 1989, a atteint un taux de croissance
de -2%. Entre 1980 et 1985, le service annuel de sa dette extérieure
passe de 20 à 49 millions de dollars, tandis que son produit national
brut (PNB) chute de 1,402 à 1,024 milliards et que le stock de sa dette
explose de 424 à 817 millions. Ainsi, le rapport entre le stock de la
dette et le PIB du Bénin passe de 30 à 80% au cours de la
première moitié des années 80. Le pays accumule alors les
arriérés, c'est-à-dire qu'il devient incapable de remplir
ses obligations, et en 1989, année marquée par un déclin
des finances, le Bénin se verra imposé un programme d'ajustement
structurel concocté par les experts du FMI sous peine de ne recevoir
aucune aide. C'est ainsi que le 16 juin 1989, le pays signe son premier plan
d'ajustement. Au programme :réduction des dépenses publiques et
réforme fiscale ; privatisation, réorganisation ou liquidation
des entreprises publiques ; réforme du secteur bancaire ;
libéralisation ; tout à l'exportation concentré sur
quelques produits de base (cacao, coton, huile de palme, café) ; etc.
Parmi ces conditions, certaines peuvent être considérées
comme des actions proprement structurelles.
Les programmes d'ajustement exigent donc que l'Etat se
désengage de la régulation économique et sociale. Il doit
renoncer à l'idéologie et à des politiques d'affectation
volontariste des ressources par la planification. Cette politique a eu beaucoup
d'effets négatifs sur le développement des pays africains car il
s'agit explicitement de la réduction des budgets d'investissement et une
partie du budget de fonctionnement compressible (dépenses communes et
transferts). En d'autres termes les dépenses étatiques doivent
baisser dans l'éducation, la santé, les logements, les salaires,
les subventions aux entreprises, en bref une politique générale
d'austérité.
C'est ainsi que l'Etat, après le retournement de la
conjoncture favorable des années 70, une période ou le PIB/h
était presque identique entre pays riches et pays africains, a du
renoncer à ces dépenses, abandonner les lycées, ses
politiques sociales pour se tourner vers le capitalisme, condition
dictée par les institutions de Bretton Wood pour venir en aide aux
économies asphyxiées des pays touchés par la crise. Depuis
la résolution de la crise par la conférence nationale des forces
vives de la nation et la mise en oeuvre des programmes d'ajustement structurel
l'assistance portée à l'éducation a baissé.
Même si l'action de l'Etat est plus allée vers l'augmentation des
taux de scolarisation, elle s'est moins accentuée vers les conditions de
scolarisation des enfants. Toutes les charges y afférentes ont
été laissées à la charge des parents
d'élèves quelque soit leur conditions sociales. Ce n'est qu'en
2006, que le gouvernement du Bénin va proclamer gratuite l'inscription
à l'école primaire des enfants. Cette décision a
été bien accueillie mais à travers ce document nous
voulons en évaluer l'impact. . Après avoir éclairé
le contexte actuel dans lequel évolue l'éducation dans notre
cadre d'étude, nous allons poser de façon précise le
problème et ensuite formuler des hypothèses que nous
vérifierons par la suite.
|