Image photographique, expression, communication et interactions orales en classe de français enseigné comme langue seconde d'hôte. Un atelier photographique réalisé au sein de l'association pour la solidarité avec les travailleurs immigrés d'Aix- en- Provence( Télécharger le fichier original )par Pablo Carreras Université Aix- Marseille ( IUFM ) - Master métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation 2012 |
5. L'analyse des données5.1. Le témoignage des enjeux de l'expression et des interactions communicatives5.1.1. L'expression de la subjectivité des apprenants locuteursL'inclusion explicite du locuteur dans son énonciation se manifeste au moment d'apporter son interprétation de l'image. L'analyse de l'ensemble du corpus nous permet d'établir le graphique suivant. Il référence les différentes occurrences des pronoms déictiques « je » et « moi », des verbes subjectifs et des modalisateurs présents dans les énoncés des apprenants (l' Annexe 8 propose un répertoire clarifié des tours de parole -TP- utilisés, en l'espèce, pour sa conception).
Index 03 : Occurrences des marqueurs de la subjectivité explicite chez les apprenants Le graphique met en évidence un usage plus ou moins important, selon les apprenants, du « je » et du « moi », des verbes subjectifs et des modalisateurs. Vince, Amina, Carin et Junko11(*) sont les participants qui témoignent le plus d'une volonté de modaliser leurs énoncés et de placer leur expression sur le champ d'une subjectivité explicite. De ce fait, ils informent leurs interlocuteurs qu'il s'agit d'un positionnement personnel. Notre cadre théorique établit un lien direct entre l'inclusion effective et explicite des apprenants locuteurs dans leurs discours et l'appropriation langagière. Les faibles occurrences desdits marqueurs chez Gaëlle peuvent être mises en relation avec l'exemple suivant.
Cet exemple témoigne des difficultés que rencontre Gaëlle à s'exprimer et à rentrer délibérément dans une communication orale avec l'autre. Elle use, par ailleurs, de moyens alternatifs pour s'y soustraire et éviter toute prise de risque langagière (en déviant l'objet de la question, TP 79 ; en usant de malice, TP 92). Ainsi, son énonciation ne s'avère jamais intentionnelle ; nous devons en quelque sorte l'y contraindre par le questionnement (TP 79-172-183), ce qui n'enlève nullement le malaise qui la gagne (TP 184). Néanmoins, bien que cela la soustraie à l'élaboration d'une expression personnelle subjective, sa capacité à se référer aux propos d'autres participants nous renseigne sur le fait qu'en dépit de ses difficultés d'expression orale, elle les écoute, les saisit et peut les réutiliser dans le contexte (TP 182). Le nombre d'occurrences sensiblement moins élevé chez Nadine trouve son écho dans l'étude de l'exemple suivant.
Nous distinguons, en l'espèce, deux pratiques énonciatives distinctes, où le « c'est », objectif, s'oppose au « je pense ou crois que c'est », subjectif. Dans cet extrait, contrairement aux autres participants (TP 44-63-76), Nadine se borne, dans un premier temps, à décrire ce qu'elle voit (TP 15-24-26) dans un rapport de vérités objectives à l'objet (« c'est », « il y a »). L'apprenante use de ses sens mais ne tend pas encore à la subjectivité explicite ou, délibérément, s'y soustrait par un manque de confiance dans ses propos, qu'elle soumet immédiatement à validation (« c'est bon non ? », TP 15). La répétition de notre question (TP 46-50) tend, toutefois, à la redéfinir comme sujet de son discours (« après j'ai dit », TP 47) et une modalisation apparaît (« on dirait que », TP 53). Nous signalons que l'apprenante aura, au fil de la séance, un recours de plus en plus probant à une subjectivité explicite. * 11 Nous tenons compte dans cette analyse des résultats dudit départ prémédité de l'apprenante. * 12 Les caractères gras portent l'attention sur les éléments significatifs, objets de notre analyse. |
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