III. Évolution du
tourisme
La démocratisation du tourisme est due à une
rapide croissance économique durant les Trente Glorieuses. La hausse du
pouvoir d'achat favorise l'accession au tourisme de nouvelles catégories
sociales. Le temps libre augmente à la faveur de la croissance des
générations de retraités et de l'extension de la
durée des congés payés pour les plus jeunes.
L'urbanisation croissante entraine, aussi, un essor du
désir d'ovation, en raison des contraintes spécifiques de la
ville. Les facteurs technologiques ont également une grande importance.
La seconde révolution des transports joue à cet égard un
rôle essentiel. Ces facteurs ont facilité l'accès au
tourisme à toutes les catégories sociales. Ce qui traduit la
transition d'un tourisme délite à un tourisme de masse.
1) Du tourisme élitiste au tourisme de masse
(1800-1950)
Dès les premiers voyages organisés et
jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale, le tourisme était
avant tout un phénomène de minorité qui profitaient de
leur temps et de leur argent dans des régions bénéficiant
des apports de l'histoire ou du climat comme l'Italie ou la Côte d'azure.
Il s'agissait d'un tourisme éclectique ou l'on recherchait
l'évasion et la curiosité, assorties d'une bonne dose de
snobisme. L'achat par les classes relativement aisées dans des pays les
plus développés du produit touristique comme n'importe quel
autre, réduit fortement le risque du voyage, sa préparation et le
contacte avec l'autochtone, auparavant véritable motivation du voyageur.
Ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle et au début du XXe
siècle, par imitation du modèle aristocratique, que la
bourgeoisie accède au tourisme à travers l'alternance
tourisme-travail. Le développement de la photographie et la
démocratisation du cinéma devaient ensuite permettre de voir
l'image à distance.
Le voyage de saut dans l'inconnu se transforme en une
confirmation plus ou moins exacte de l'image prévue. On ne cherche plus
nécessairement l'impression mais la sécurité
associée à l'accès, à une réalité
correspond bien à l'image que l'on en avait. L'essence même du
tourisme se transforme. La production en masse d'automobiles, puis d'avions,
l'accès à l'image pour de larges couches de populations par
l'intermédiaire de la télévision d'un côté,
l'augmentation et la relative redistribution des revenus associés
à des gains de productivité et aux revendications salariales de
l'autre vont donner naissance au tourisme de masse. Cette consommation de masse
du produit touristique constitue dans doute l'une des grandes
révolutions du siècle, ce produit représente, à
certains égard, l'accès démocratique à un
privilège des classes dominantes. Il est la conséquence et le
corollaire du travail dans une société urbanisée et
bureaucratique pour la première fois dans l'histoire. Mentalités,
argent et temps allaient se rejoindre, et se combiner pour permettre
l'apparition du tourisme de masse.
|