B - L'ouverture de la prison au monde
extérieur
L'ouverture de la prison au monde extérieur passe par
un certain nombre de coopération techniques nécessaires et par la
sensibilisation de l'opinion publique sur la prison.
1 - Les coopérations techniques
nécessaires
L'humanisation de l'univers carcéral exige la mise sur
pied d'un réseau dynamique de partenariats entre l'administration
pénitentiaire et les ONG de défense des droits de l'homme. Aussi,
une synergie dynamique devrait-elle s'instaurer et s'exécuter entre les
administrations pénitentiaires et les sociétés civiles qui
sont les consciences du peuple.
La majorité des pays africains sont parmi les plus
pauvres du monde, ce qui n'est pas sans conséquence dans la protection
et la promotion des droits fondamentaux des détenus. Ainsi, la faiblesse
des moyens économiques est à l'origine de la violation d'un
certain nombre d'exigences comme la séparation des détenus
provisoires et les autres détenus. Elle est aussi à l'origine de
la non-réalisation d'un certain nombre d'activités dans les
prisons. Ce qui constitue un obstacle à l'humanisation de l'univers
carcéral. C'est pourquoi, l'ouverture de la prison au monde
extérieur à travers les coopérations de certains ONG est
plus que jamais nécessaire pour parvenir à cet fin. Dans cette
perspective, nous saluons la coopération du Bureau International
Catholique pour l'enfance. En effet, cette ONG a construit des quartiers de
Mineurs dans les établissements pénitentiaires de Tambacounda,
Kaolack et Diourbel. Elle a aussi cherché des moniteurs pour
alphabétiser les mineurs. Il en est de même à Diourbel pour
assister des détenus Femmes toute en leur aidant pour leur
réinsertion. C'est ainsi qu'en partenariat avec le Centre horticole de
la ville, elle organise à l'endroit de ces femmes détenus des
cours de maraîchages.
La force des organisations non gouvernementales vient de leur
capacité à mobiliser l'opinion publique mais aussi à
diffuser des informations aux populations. Ce qui participe dans une moindre
mesure à participer à la sensibilisation de l'opinion publique
sur la prison.
2 - La sensibilisation de l'opinion publique sur la
prison
La lente évolution des mentalités a pour
conséquence que jusqu'à nos jours, la prison demeure
fondamentalement un tabou, une honte et le prisonnier un exclu pour lequel la
société, dans sa grande majorité, demande un
châtiment. Cette perception du monde carcéral est à
l'origine de l'indifférence du public par rapport à la situation
de détenu. Dans cette perspective, les acteurs les plus proches du
système carcéral doivent participer à l'émergence
d'une nouvelle représentation de la prison, de sa fonction et de ses
objectifs. Celle-ci implique un renforcement notable de la protection du
détenu par la société avec comme conséquence
l'élimination progressive de la marginalité du système
carcéral.
L'occident a connu le même cheminement. On sait, en
effet, que les objectifs n'ont pas été les mêmes sous
l'Ancien régime qu'à la fin du XVIIème siècle
où les réformateurs des cahiers de doléances et les
parlementaires de la constituante ont conçu les prisons comme des
« réformatoires » avec comme objectifs corriger,
redresser, transformer le comportement et la conscience du détenu.
Aujourd'hui avec l'intervention d'experts, de médecins, de psychiatres
et de criminologues, la prison vise à guérir et à
normaliser.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la mise en
place de la sanction pénale contribue à renforcer ce courant.
C'est avec elle que s'annoncent les premières tentatives d'humanisation
de la prison qui s'inspire du principe que « dans le pire des
assassins, une chose, au moins est à respecter quand on punit, son
humanité (...). L'homme est objecté à la barbarie des
supplices, mais comme limite de droit ; frontière légitime
du pouvoir de punir ».
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