4.4.2.-La compétence
Toujours selon Webler et Tuller (2000), la compétence
se rapporte à :
· La capacité du processus mis en place de
permettre la construction de la meilleure compréhension possible,
et
· Une compréhension partagée par les
participants compte tenu des connaissances raisonnablement accessibles au
moment de l'intervention
Les pré-requis à l'atteinte de cet objectif sont
l'accès à l'information et à son interprétation et
l'utilisation des meilleures procédures disponibles pour la
sélection de la connaissance (Use of the best available procedures
of knowledge selection, Webler et Tuller 2000, p 157). Ainsi, dans le
contexte particulier du cas à l'étude, la question qui se pose
est la suivante : est-ce que les dispositifs de consultation ont permis
d'acquérir la meilleure compréhension possible du projet et de
ses incidences sociales et environnementales ?
Au moment de la pré-consultation, l'information sur le
projet se limitait à la description de ses principales composantes, et
des conséquences liées à la nature des différentes
activités. Cependant, cette phase a constitué une occasion pour
identifier les enjeux du projet à partir des préoccupations
exprimées par les participants. En vue de structurer le contenu de
l'étude d'impact. La construction de la meilleure compréhension
possible du projet s'est appuyée sur la description du projet faite par
le promoteur et la connaissance partagée des participants des enjeux du
projet. Or, la formule adoptée par le promoteur comportait à cet
égard de nombreuses lacunes.
· Pour commencer, le promoteur a choisi une approche
consistant en des rencontres par petits groupes de trente personnes, sur
invitation et par thèmes. Selon le promoteur, cette façon de
faire favorise les échanges. Cependant, les rencontres ont pour effet de
concentrer les échanges sur les préoccupations très
ciblées des intervenants (par thèmes) présents (petits
groupes) et la recherche de solutions à leurs préoccupations
particulières.
· De plus, les participants n'ont pas eu accès au
contenu des autres rencontres.
Enfin, le rapport de pré-consultation annexé
à l'étude d'impact qui présente un sommaire par
thèmes des préoccupations exprimées et des réponses
apportées par le promoteur, est insuffisant car il est intervenu trop
tard dans le processus pour donner aux participants une compréhension
partagée des enjeux aux fins d'avoir une influence sur la structuration
de l'étude d'impact. Du reste, le fait de répondre aux questions
des intervenants et d'apporter des solutions aux problèmes
soulevés ne constitue pas en soi une démarche de construction de
la connaissance, mais de préférence une démarche de
résolution de problèmes prise en charge par le promoteur.
Par ailleurs, l'étude d'impact de site industriel
comporte de nombreuses lacunes sur les plans de la structuration de
l'information et de l'analyse des incidences sociales du projet susceptibles de
nuire à l'atteinte de cet objectif. La structuration de l'information
permet difficilement d'identifier les enjeux du projet. Ensuite, l'analyse des
incidences sociales décrit les changements matériels ou directs
plutôt que les effets sociaux ou humains qui découleraient de ce
changement. Enfin, les rencontres et les enquêtes n'ont pas permis de
combler les lacunes de l'étude d'impact sur le plan de l'identification
et de l'évaluation des incidences sociales et environnementales du
projet et cela d'autant plus qu'une part importante des considérations
soulevées par les intervenants à cet égard sont
restées partiellement ou non analysées.
Enfin, une autre composante du processus qui a rendu
difficile la construction d'une compréhension partagée (par la
population) des impacts du projet a concerné la circulation de
l'information. Les consultations sont publiques et ceux qui ne peuvent pas
participer aux rencontres ont accès aux rapports. Cependant, comme
l'ont montré les analyses, l'information ne circule pas
nécessairement entre les participants d'une étape à une
autre du processus. Les considérations soulevées en
première partie des consultations ne sont pas nécessairement
connues des participants à la deuxième partie.
En conclusion, plusieurs
lacunes ont été identifiées, constituant des obstacles
à la construction de la meilleure compréhension possible et une
compréhension partagée des enjeux du projet et de ses impacts. A
l'étape de l'évaluation, les participants ne disposent pas de
l'information pertinente pour identifier les enjeux du projet à cause de
l'absence de données ou parce que l'information est dispersée.
À l'étape du suivi, les comités ne disposent de
l'information pertinente en raison de l'absence de processus
systématique d'enquête permettant de mesurer les incidences
sociales et environnementales des changements engendrés par les
activités de construction du parc industriel ou de l'accès
limité à certaines données pertinentes au suivi.
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