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La responsabilité de protéger au regard de la crise libyenne

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par Hippolyte LUABEYA Pacifique
Université de Kinshasa RDC - Licence 2010
  

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B. Quelques dérapages de l'action de l'OTAN en Libye

L'intervention de l'OTAN en Libye a connu quelques dérapages qu'il faudra examiner. Il s'agit notamment du manque de réalisme de l'OTAN dans certaines de ses frappes confondant leur cible et ayant tué plusieurs personnes parmi les forces rebelles et les civils, du bombardement de la résidence du colonel Mu'ammar Kadhafi, la mort d'un de ses fils, Mouta Sim Kadhafi, pendant ces frappes. Il y a lieu de souligner que l'action de l'OTAN en Libye n'avait pas empêché la commission de graves violations des droits de l'homme en Libye271 ou que le cessez-le-feu tant exigé par la résolution de 1973 s'observe un peu tardivement.

En outre, il convient de signaler l'exécution « extra judiciaire » du colonel Mu'ammar Kadhafi le 20 octobre 2011 par les troupes du CNT sous la direction des opérations militaires par l'OTAN.

A ce sujet, l'article 11 point 1 de la Déclaration Universelle des droits de l'homme dispose que « toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées ». Surabondamment, l'article 6 point 1 du Pacte International relatif aux

271 En ce qui concerne les violations des droits de l'homme en Libye, on consultera le rapport d'Amnesty international du 13 septembre 2011. Ce document de plus d'une centaine de pages décrit les graves violations des droits humains qui ont été commises tout au long du conflit de ces six derniers mois. Il se fonde principalement sur les informations collectées lors d'une mission qu'a effectuée Amnesty International sur le terrain entre le 26 février et le 28 mai 2011, en particulier dans les villes d'El Beïda, Ajdabiyah, Brega, Benghazi, Misratah et Ras Lanouf. Des délégués d'Amnesty International sont retournés en Libye à la fin du mois d'août, quelques jours avant que les forces d'opposition prennent d'assaut Tripoli.

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droits civils et politiques de 1966 renchérit en disposant que « le droit à la vie est inhérent à la personne humaine. Ce droit doit être protégé par la loi. Nul ne peut être arbitrairement privé de la vie ».

Ceci revient à dire que rien ne justifie l'exécution extrajudiciaire dont ont été l'objet le Colonel Mu'ammar Kadhafi ainsi qu'un de ses fils. Bref, il y a eu une exécution « ultra petita »de la résolution 1973 par l'OTAN.

Enfin, il convient de signaler qu'alors que l'impasse militaire menaçait la Libye, l'ONU gardait son autorité juridique et le soutien moral et politique qui l'accompagnait. C'est ainsi que l'OTAN devait en tenir compte car elle ne devait pas la dépasser si elle voulait préserver sa propre crédibilité et la capacité du monde à intervenir dans de tels cas de conscience.

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CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

L'instauration de la démocratie tient à coeur les populations du continent africain. La preuve la plus marquante est le soulèvement des peuples du Maghreb et du Machrek au début de l'année 2011. Ces peuples ont pris la ferme résolution de prendre congé des régimes totalitaires ayant survécu aux différents changements qui ont frappé le monde pendant les années 90. C'est dans ce cadre que peut s'inscrire le soulèvement populaire en Libye.

La communauté internationale a assisté en février 2011 aux exactions des autorités libyennes sur sa population qui s'était soulevée pour réclamer ses droits pacifiquement. Il fallait alors trouver une solution à cette crise. C'est ainsi que le Conseil de Sécurité, à l'initiative de certains Etats, va par sa résolution 1970 prendre des mesures pacifiques pour arriver à y mettre fin. Cette résolution n'a pu être respectée par les autorités libyennes. La passation à la prise des moyens plus efficaces dans la résolution 1973 s'était révélée importante pour ainsi mettre en oeuvre la responsabilité de protéger que nous avons analysée dans la première partie.

Après avoir répondu aux exigences de légalité et de légitimité, la résolution 1973 a été appliquée par plusieurs acteurs dont le CNT, la ligue arabe, la coalition et l'OTAN. La légalité et la légitimité ont été analysées parce qu'hormis son aspect conceptuel et son ambition normative, la responsabilité de protéger est envisagée comme un ensemble d'actions devant trouver l'application des principes de la Charte des Nations Unies, une légalité et une légitimité internationales.

Mais le constat malheureux que nous avons fait est que, malgré la prise de cette résolution, il a fallu du temps pour arriver à un cessez-le-feu en Libye pendant que les milliers des libyens mouraient du jour au lendemain. Aussi, le principe de la responsabilité de protéger qui avait été invoqué pour protéger les peuples libyens a été instrumentalisé dans la mesure où il y a eu certains dérapages et violations du

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DIH qui étaient fréquents dans l'affrontement direct entre les forces du colonel Kadhafi et les insurgés appuyés par la coalition et l'OTAN.

De part et d'autres, on assista à l'ouverture du feu sur des civils qui, d'après la résolution 1973, devraient normalement être protégés. Par exemple, l'OTAN, mandatée par l'ONU, a eu à maintes reprises à confondre de cible dans ses bombardements en tuant les civils voire certains fils du colonel Kadhafi. Outre cela, certaines puissances occidentales ont fait prévaloir leurs intérêts au lieu d'appliquer le principe. Ce qui revient à dire que le principe de la responsabilité de protéger a été certes appliqué mais pas comme il se doit. Cette situation risquerait de faire croire que chaque fois que quelqu'un invoque l'humanité c'est dans l'intention de tricher.

Mais au delà de tout ce qui vient d'être affirmé, le principe de la responsabilité de protéger reste en soi, un instrument important pour la garantie de la sécurité humaine et la prévention des massacres de masse. La décision de son application ne doit donc pas tenir compte des intérêts en présence pour éviter qu'il y ait des populations qui meurent à cause d'une politique généralisée et systématique de leurs gouvernements tels que cela se constate en Syrie où il y a plus de 5 000 morts d'après l'ONU. Mais hélas ! La mise en oeuvre du principe de la responsabilité de protéger se trouve être étouffée par les Etats au sein de l'ONU à cause de la diversité d'intérêts en présence.

Mettre en oeuvre la responsabilité de protéger dans l'idée première conçue par ses rédacteurs serait, à notre avis, une nouvelle approche dans la construction d'un monde résolument humain et pacifique et échapperait à l'idée d'une responsabilité assumée par les grandes puissances. Car le vibrant appel de Paul VI en 1965, lors du 20ème anniversaire de la Charte à la tribune de l'Assemblée Générale des Nations Unies, « jamais plus la guerre jamais plus la guerre », n'a pas fini de résonner dans la conscience humaine.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams