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Les politiques urbaines d'intégration sociale par le logement au Maroc

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par Siham BENSAID
Université Mohammed V Rabat Agdal - master droit public 2010
  

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c- Le cas de la « ville nouvelle » de Tamesna :

L'urbanisation accélérée de l'aire métropolitaine de Rabat a suivi un développement linéaire le long du littoral, de Kenitra à Skhirat-Témara. S'ajoute la menace d'un déséquilibre urbain qui se manifeste déjà par la prolifération de noyaux d'habitat insalubre qui s'étendent jusqu'à devenir de véritables centres urbains ;

147 Actuel Hebdo Maroc, dossier « Villes nouvelles ou futurs cités dortoirs ? », n°26, 12-18 décembre 2009, p1520

148 Conseil national de l'habitat et de l'urbanisme, « Etude pour la création d'une ville nouvelle : rapport d'établissement », Avril 2005, p7

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Sans parler des bidonvilles qui s'installent au coeur des villes de Rabat, Salé et Témara, et où s'entassent des populations pauvres issues de l'immigration rurale, mais aussi une population urbaine en recherche d'un emploi et d'un bien-être social.

L'axe Rabat-Témara constitue un pôle d'immigration dynamique depuis plusieurs décennies, s'expliquant par son pouvoir attractif sur des populations, rurales et urbaines, à la recherche d'un emploi et d'un bien-être social.

La ville nouvelle de "Tamesna" se veut une réponse à la demande urbaine au niveau de ces villes en favorisant l'équilibre du marché immobilier réglementaire et en traitant l'habitat insalubre qui se développe à un rythme accéléré au niveau de cette région.149

L'objectif est également de gérer le flux urbain, créer des espaces d'habitat pilote conformes aux critères architecturaux et urbanistiques bénéficiant d'un réseau intégré de services publics, outre la construction de centres commerciaux et industriels qui vont donner un nouveau souffle à l'activité économique de la capitale.

L'idée principale étant l'intégration sociale par le logement, en premier lieu prenant en considération les contraintes immédiates de la région, les bidonvilles qui y prolifèrent, et par la suite, le mixage de différentes couches sociales.

La volonté politique du gouvernement dont le ministère de l'habitat est l'outil est l'éradication pure et simple des bidonvilles, en offrant à la population cible des logements décents dans un cadre structuré avec les équipements nécessaires.

Cette stratégie que je qualifierais de relogement « physique » ne prend pas en considération, ou pas suffisamment l'intégration sociale par ce même logement, ainsi des populations entières de bidonvillois vont être déménagées vers ces villes nouvelles sans que soit pris en considération les habitudes, les besoins, la proximité des emplois.

Tamesna150 en l'occurrence est érigée géographiquement sur un terrain non pas parce qu'il présente les meilleures garanties de proximité mais surtout pour son statut foncier, en l'occurrence domaniale et donc facile à acquérir.151

Cette constatation est valable pour la majorité des villes nouvelles, le cas de Tamansourt152 est édifiant.

149 I. BENNANI, « Les villes nouvelles », mémoire de recherche pour l'obtention du grade d'architecte, 2006, p 24-27

150 Le projet urbain "Tamesna" consacrera 70 ha à la réalisation de grands services structurés, de 120 autres services moyens et de 50.000 habitats. 78 ha seront dédiés aux activités économiques génératrices d'emploi et 120 ha aux espaces verts qui viennent s'ajouter à la forêt de chêne-liège avoisinante.

151 Le terrain était celui d'une ancienne ferme de la SODEA (société de développement agricole)

152 Tamansourt : terrain éloigné de la ville de Marrakech, sans gare routière ni gare de chemin de fer, les transports urbains sont inexistants, et un problème d'eau et d'assainissement non réglé. Le seul atout le passage récent de l'autoroute casa à Agadir à proximité.

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La ville de « Tamesna » malgré ses atouts d'espaces structurés de constructions réglementaires, d'équipements nombreux, pèche par son enclavement153, le peu de desserte qui la relie à la ville de Rabat, la non existence d'une gare de chemin de fer, le peu d'opportunités d'emploi de la région et le manque d'une vision stratégique des transports en commun supposé la relier aux différents noyaux urbains environnants.

Les experts définissent la conception de la ville à tort ou à raison, comme un gros lotissement. Les constructions sont pensées en îlots et non pas suivant une trame en réseau, ainsi les couches défavorisées censées s'intégrer socialement restent marginalisés et leur espace de vie n'est qu'une zone de transition pour les autres classes sociales.

Sur le plan institutionnel et juridique deux éléments essentiels ne sont pas présents :

Le premier est relatif à l'organisme en charge de la gestion urbaine qui sera en même temps un dispositif de management, de veille et de suivi qui veillera à la réalisation des équipements, la gestion des déchets et surtout qui doit suivre le développement et la progression de la ville, procéder au fur et à mesure aux correctifs et aux ajustements nécessaires, tant sur le plan urbanistique que sur le plan économique, social et culturel et tirer des leçons pouvant servir pour les prochaines villes nouvelles qui seront lancée incessamment notamment Melloussa à Tanger, Lakhyayta à Casablanca et Tagadirt à Agadir.

L'autre élément est lié à l'instauration d'une loi relative à la création de villes nouvelles et non pas les traiter en tant qu'opération de lotissement comme c'est le cas actuellement.154

D'après le ministre de l'habitat, « la décision de faire une ville nouvelle s'appuie sur un ensemble d'études [...], ainsi pour Tamesna plus de 30 études se font aujourd'hui sur tous les aspects de la réalisation. Il ne s'agit pas d'une décision du ministre de l'habitat, ou des Walis ou gouverneurs concernés mais d'une décision collégiale [...].

Chaque lancement de villes nouvelles fait l'objet de signatures de conventions [...]. Mais pour réussir cette expérience, il est important de réglementer tout cela ».155

Cela dit, la politique des villes nouvelles et le besoin récurrent en logements sociaux pour combler les déficits de l'ensemble du territoire marocain est une réponse courageuse et volontariste appropriée malgré tous les dysfonctionnements.

Le nombre d'unités de logements nécessaires pour combler ce déficit est estimé à 200 000 logements par an et sur les dix ans à venir, sachant qu'à l'heure actuelle entre les acteurs privés et les acteurs publics (MHUAE et Al Omrane), le nombre de logements réalisés n'arrivent pas à dépasser les 140 000 logements par an.

153 Enclavement : terrain enfermé dans un autre

154 Actuel Hebdo Maroc, dossier « Villes nouvelles ou futurs cité dortoirs ? », n°26,12-18décembre 2009, p 16

155 Actuel Hebdo Maroc, dossier « Villes nouvelles ou futurs cités dortoirs ? » Interview Du Ministre de l'habitat Taoufik Hejira, n° 26, 12-18 décembre 2009, p19

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Créer une ville nouvelle est une équation à plusieurs inconnues qui n'a été résolue nulle part dans le monde et nous sommes, au Maroc, à nos premières expériences pilotes.

Je pense donc que la ville de Tamesna est un pas important vers l'intégration sociale par le logement, ce pas est perfectible parce qu'il évoluera en fonction des réactions et des usages des habitants et il est certain que Tamesna 2015, sera bien différente de celle de 2009.

L'intégration n'est pas un sens unique, l'usager en est aussi responsable que le prestataire.

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