Conclusion 1ère partie
Siham BENSAID Les politiques urbaines d'intégration
sociale par le logement au Maroc
Le droit au logement n'a jamais pu s'imposer au même titre
que les autres droits. Le logement est non seulement la condition
préalable du confort, mais de la santé et, dans une certaine
mesure de la dignité et la moralité.
La question du logement social est très importante, car ce
qui caractérise ce besoin, c'est que sa satisfaction n'est pas d'ordre
simplement privé, mais d'intérêt public ".89
Depuis 2003, la lutte contre l'habitat insalubre et la production
de logements sociaux sont hissées au rang de priorité
gouvernementale. La maîtrise du développement social urbain est,
pour le Maroc, un des enjeux majeurs des dix prochaines années.
La production et la gestion du logement social seront les
conditions incontournables d'un équilibre et d'une stabilité du
milieu urbain.
Les récentes évaluations en matière de
production de logements sociaux, notamment ceux concernant la résorption
des bidonvilles, montrent que le Maroc dispose d'importantes expériences
dans ce domaine.
Cependant, ces interventions manquent souvent d'une vision
globale et intégrée, et souffrent d'une insuffisance dans la
prise en charge des aspects sociaux des populations concernées. Par
conséquent, leur performance se trouve limitée et engendre
l'apparition de difficultés dans les différentes phases de leur
réalisation : transfert des bidonvillois, solvabilité des
ménages, recouvrement des coûts, valorisation, problèmes de
voisinage, etc.
Il est donc clair que ces limites découlent principalement
d'une faible connaissance des contextes d'intervention, de leurs dynamiques et
de leurs composantes.
Le passage à une forme de logement structuré
implique une structuration différente, notamment des sources de revenu;
pour une population vivant le plus souvent d'activités informelles. Les
problèmes sociaux dont souffrent souvent les habitants de ces quartiers,
leur faible niveau de qualification rendent difficile leur intégration
économique et sociale et ce d'autant plus lorsque les sites de transfert
diffèrent de ceux d'avant le relogement.
Ceci peut être de nature à les fragiliser d'avantage
si les aspects humains ne sont pas pris en compte.
Par ailleurs, la conception purement technique et technologique
des projets est bien souvent source, malgré toute la bonne
volonté des concepteurs, d'inadéquation entre l'offre
proposée et les besoins objectivement ou subjectivement mis en avant par
les bénéficiaires.
89 C.GIDE," Les institutions de progrès social " Paris,
Librairie de la Société du Recueil Sirey. 1919, 589 pp.
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Les raisons déterminantes à cette situation de
blocage sont :
- La méconnaissance des familles issues des bidonvilles
: les enquêtes, lorsqu'elles existent, sont strictement quantitatives et
ne fournissent aucune données qualitative sur les possibilités
financières des ménages, les structurations sociales existantes,
les logiques patrimoniales dans lesquelles s'inscrivent les habitants, les
besoins en équipements ou les catégories fragiles des populations
(femmes seules, enfants des rues, personnes âgées, familles sans
revenus, ...).
- L'absence d'accompagnement social des populations tout au
long du projet : pendant la mise en oeuvre des chantiers, le déplacement
vers les nouveaux sites de relogement ou lorsque sont établis des
programmes de recouvrement financier.
Le bidonvillois est relogé dans un logement social qui
lui est affecté par tirage au sort et il devient, de facto,
"copropriétaire" d'un logement en collectif avec nécessité
de paiement, de gestion d'espaces privés et communs et de cohabitation
sociale non désirée, sans aucun encadrement social.
C'est en partant de ces différents constats, que le
programme "Villes sans bidonvilles"90 a érigé
l'accompagnement social au rang de composante prioritaire dans les
opérations de résorption de l'habitat insalubre.
Celui-ci sous tend une prise en compte des
caractéristiques sociales, économiques et démographiques
des populations concernées et l'association de ces dernières au
processus d'identification et de définition des contours techniques des
projets qui les concernent par le biais d'une approche participative et de
bonne gouvernance.
Dans les résolutions prises par la Conférence
des Nations Unies sur les Etablissements humains en juin 1996, (Habitat II),
figure un ensemble de stratégies devant "garantir la
sécurité d'occupation et l'égalité d'accès
à la terre pour tous, y compris les femmes et les personnes vivants dans
la pauvreté".
La sécurité d'occupation résidentielle
(SOR) exprime le droit à une protection effective de la part de l'Etat
et de la collectivité, contre les expulsions illégales, sur la
base de documents formels et de preuves de leurs statuts.
Il s'agit en l'occurrence de : la durabilité du
logement, des suffisances des surfaces habitables, de l'accès à
l'eau et à l'assainissement.
90 Banque mondiale, « Rapport final d'analyse
d'impact social et de la pauvreté », juin 2006 L'opinion, Article
« Impact social du programme VSB », 09 Août 2006
L'économiste, Article « Ville sans Bidonvilles,
un bilan en demi-teinte »24 Juillet 2006
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Dans cette perspective, le Maroc, est inscrit au coeur de
cette problématique par sa volonté d'éradiquer l'habitat
insalubre, qui est érigée au rang de priorité
nationale.
La lutte contre toutes les formes d'exclusion est le fondement
philosophique même de l'Initiative national de développement
Humain (INDH). Pour atteindre ces objectifs, il est nécessaire de
renforcer la capacité des collectivités locales et de leurs
partenaires et de promouvoir la pratique des principes de la concertation et du
partenariat, considérés comme les bases de la gouvernance
urbaine.
DEUXIEME PARTIE :
L'inscription de la question du logement dans le cadre d'une politique de la
ville
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Les disparités socio-économiques s'inscrivent
dans l'espace de la ville, siège de la société
contemporaine. Façonnant le tissu de la société elles
conduisent à formuler une nouvelle question urbaine, les groupes sociaux
défavorisés se concentrent dans certains quartiers notamment les
bidonvilles, avec lesquels les groupes les plus favorisés prennent leurs
distances. C'est ainsi que la ségrégation urbaine se
manifeste.
Et pour être combattu les pouvoirs publics mettent en
place des politiques de l'habitat qui ont pour objectif d'inverser la tendance
en facilitant l'intégration sociale à travers le logement, c'est
le logement social qui est au coeur de toutes les préoccupations, pour
permettre un resserrement du lien entre habitants des quartiers
défavorisés et l'ensemble du système urbain. D'autres
solutions telles que les villes nouvelles, ont étés
pensées par le gouvernement et inspirés par des modèles
étrangers.
Ces villes nouvelles outre les populations qu'elles sont
appelées à accueillir, devraient permettre un vrai
rééquilibrage de l'aménagement du territoire et une
régulation du marché du foncier, en offrant des logements et des
terrains d'activités à un prix raisonnable dans un cadre urbain
agréable.
La politique des villes nouvelles, a été
adoptée comme alternative pertinente destinée à absorber
l'habitat insalubre, à atténuer les pressions sur les villes et
surtout, à mettre sur le marché un habitat correspondant aux
besoins de toutes les couches sociales, principalement celles à revenu
moyen.
Et donc à travers ce deuxième chapitre, nous
allons faire une analyse de l'habitat social tant au niveau juridique qu'au
niveau financier, et ensuite étudier les programmes « villes sans
bidonvilles » et « villes nouvelles » comme réponse
à la crise du logement au Maroc.
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