Section 2 : DIAGNOSTICS DE LA GESTION DES CREDITS
ET DES CREANCES IMAYEES AU CREDIT MUTUEL.
Analyse de leur impact sur la situation de
l'entreprise
Les impayés représentent le moteur principal de
la dégradation du portefeuille au CREDIT MUTUEL. Ils peuvent être
imputables entre autres aux faiblesses relevées dans le processus de
gestion des crédits, au système de traitement de l'information,
et au fonctionnement de l'Agence spéciale de recouvrement. De ce fait,
le retraitement des données collectées tout au long de notre
audit à travers l'analyse de contenu, nous a permis de mettre en
évidence les faiblesses et les risques inhérents ;
d'où la nécessité pour un diagnostic efficace, de
réexaminer toute la chaine de gestion des crédits.
Cette section s'articulera en deux sous-sections à
savoir : en section 1, le diagnostic proprement dit du processus d'octroi
de crédit et de suivi des impayés au CREDIT MUTUEL (en vue de
mettre en évidence ses insuffisances et éventuels risques), et en
section 2, l'évaluation de ces processus (en vue distinguer pour chaque
observation, leur impact sur la situation de l'entreprise).
I. DIGNOSTIC DES DIFFERENTES PHASES DU PROCESSUS DE
GESTION
DES CREDITS et de suivi des impayes AU CREDIT MUTUEL
Dans cette première sous-section, nous allons nous
atteler à énoncer les principales lacunes du processus de gestion
des crédits. Pour y parvenir, nous allons nous appesantir
essentiellement sur la phase d'octroi, la phase de remboursement et enfin les
indicateurs de gestion.
I.1 - Identification des faiblesses
Les faiblesses relevées sont principalement
imputables : au bénéficiaire du crédit, à
l'institution elle-même, et au secteur de la microfinance.
I.1.1 - Les faiblesses imputables au
bénéficiaire du crédit
Ces faiblesses sont principalement dues aux causes de
décès, perte d'emploi et incapacité de travail des
bénéficiaires, et aux problèmes de trésorerie et/ou
faillites des PME& PMI.
I.1.2 - Les faiblesses imputables à
l'institution(CREDIT MUTUEL)
Les causes de non remboursement des crédits
liées au CREDIT MUTUEL sont multiples. Nous pouvons énoncer
notamment : le niveau médiocre du suivi permanent des comptes par
les gestionnaires successifs sur les cinq derniers exercices, l'absence totale
des tableaux de situation périodiques à l'intention de la
Direction Générale, dans l'optique d'une mise à jour
permanente des procédures et/ou décisions de la politique
générale de gestion des engagements, le faible niveau de
coordination entre les différents services intervenant de façon
plus ou moins déterminante dans la gestion globale du Portefeuille
engagements (Service Crédit, Service Juridique, Service Informatique,
Contrôle d'Exploitation, et dans une certaine mesure la
comptabilité).
Même si les trois facteurs ci-dessus sont loin
d'expliquer à eux tous seuls l'état actuel du Portefeuille des
engagements, ils en constituent tout de même les paramètres
explicatifs majeurs. Ce listing n'est qu'une illustration de l'environnement
actuel de gestion du Portefeuille engagements.
L'on peut déplorer entre autres comme
conséquences : une profusion inexplicable de comptes gelés
(abandonnés) parfois sur plus d'un exercice, des décisions de
gestion non appliquées par les services interpellés à
l'instar du service Crédit (les gestionnaires) et/ou le Service
Informatique, suites à des rapports de contrôles des engagements,
un suivi non satisfaisant du Portefeuille Garanties en ce qui concerne les
délais de validité ainsi que leur mise à jour permanente,
la non comptabilisation des garanties, un chevauchement des
responsabilités entre le service juridique et le service crédit
dans la mise en oeuvre de certaines décisions du comité de
crédit, avec au final soit des conflits inter services, soit un abandon
général de situations pendantes qui s'éternisent et se
détériorent, la complaisance dans les études de dossiers,
la gestion manuelle des crédits et du portefeuille compromis, la
sous-utilisation du logiciel informatique, l'interconnexion inexistante des
agences du réseau, le non-respect de la règlementation en
matière de déclassification des impayées et de
constitution des provisions pour créances douteuses, l'absence de suivi
des remboursements en temps réel.
Nous ne saurons clore ce paragraphe sans évoquer les
autres obstacles majeurs auxquels sont confrontés l'institution tels
que : l'inexpérience des agents de recouvrements, la fraude
(exemple: falsifications des données financières, transferts dans
les comptes personnels afin d'avoir des gains illégaux, allongement des
délais, prêts fictifs, corruption, dissimulation, etc.) ; une
clientèle ne disposant pas de garanties tangibles, et de manière
sporadique, l'insuffisance des moyens de financement.
I.1.3 - Les faiblesses imputables au secteur de la
microfinance
La carence essentielle liée au secteur de la
microfinance, est celle de l'absence d'une centrale de risque pour les
emprunteurs auprès d'EMF comme il en existe pour les banques classiques.
Malgré de nombreuses sessions et discussions des EMF
représentées lors des tenues des réunions de l'association
professionnelle (ANEMCAM), l'inexistence d'une centrale des risques propre au
secteur demeure persistante.
L'on peut aussi décrier la concurrence excessive :
les EMF agréés au Cameroun sont passés de 460 en 2008
à un volume de 495 au 31/12/2010(Rapport Cobac 2010).Cette
évolution exponentielle d'ouverture des EMF,induit une perte
considérable de part de marché des plus anciennes.
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