1ère PARTIE
AUDIT DE L'ACTIVITE DE CREDIT ET DE LA GESTION DU
PORTEFEUILLE COMPROMIS AU CREDIT MUTUEL.
CHAP 1 : L'AUDIT DE L'ACTIVITE DE CREDIT
DANS LES EMF
Dans ce premier chapitre, nous allons évoquer les
préceptes d'audit de l'activité de crédit dans les EMF,
requis pour une appréciation et évaluation efficiente du
portefeuille des prêts. Pour imprégnation du lecteur sur
lethème objet de notre étude, nous allons observer tour à
tour, la notion d'audit du portefeuille des engagements (section 1), et les
méthodes et outils d'audit (section 2) préconisés par les
professionnels du domainede l'audit et de la finance.
Section 1 : NOTION D'AUDIT DU PORTEFEUILLE DES
ENGAGEMENTS
L'audit interne a été défini comme «
une appréciation systématique et objectivepar les auditeurs
internes des divers activités et contrôles d'une institution ayant
pour but de déterminer : si les informations financières et les
données d'exploitation sont exactes et fiables, si les risques
d'exploitation de l'institution sont identifiés et réduits
au minimum, si les réglementations externes ainsi que les politiques et
procédures internes sont respectées, si des critères
d'exploitation satisfaisants sont remplis, si les ressources sont
utilisées de manière efficace et économique et si les
objectifs de l'institution sont effectivement atteints.
Auditer le service crédit d'un EMF consiste donc
à examiner en profondeur toutes les activités qui y sont
liées, en vue de pouvoir décrypter de manière distincte,
les points listés ci-dessus.
Le portefeuille de crédits et les provisions pour
créances douteuses qui lui sont associées sont les postes les
plus importants des états financiers d'un EMF.
La masse des crédits (engagements de la
clientèle) constitue généralement l'essentiel de l'actif
des EMF.
Le portefeuille et les provisions sont les postes les plus
susceptibles de comporter des anomalies significatives. Ils forment ensemble,
la principale source de risques d'exploitation pour une institution de
microfinance : la plupart des faillites d'institutions de microfinance
sont dues à la détérioration de la qualité du
portefeuille de crédits.
Plus encore que dans tout autre domaine, un audit efficace du
portefeuille de crédits implique que l'auditeur et l'EMF connaissent
l'existence de risques spécifiques et s'entendent sur les risques
qui doivent faire l'objet de tests, et sur les procédures à
mettre en oeuvre pour ces tests.
Plutôt que de se contenter d'accepter un examen «
standard » du portefeuille, uniquement déterminé par les
normes et politiques pratiquées par l'auditeur, l'EMF doit s'efforcer de
discuter avec l'auditeur des procédures relatives au portefeuille, pour
aboutir à une définition de tests et procédures
adaptés à ses besoins spécifiques.
Ensuite, l'EMF doit s'efforcer de déterminer ceux des
besoins qui seront effectués dans le cadre du travail d'audit, et ceux
qui devront faire l'objet d'un contrat distinct d'examen sur la base de
procédures en place.
Le portefeuille de crédits est le domaine dans
lequel le risque d'audit est le plusélevé dans un EMF.
Étant donné le grand nombre de petits crédits
accordés à des emprunteurs très dispersés, la mise
en oeuvre de contrôles substantifs très étendus peut se
révéler difficile et coûteuse. C'est pourquoi les EMF ont
intérêt, dans la mesure du possible, à mettre l'accent sur
les tests d'efficacité de leurs procédures.
Trois éléments principaux doivent être
pris en considération lors du planning de l'examen du portefeuille :
I. Les caractéristiques propres à
l'activité de microcrédit
- Les EMF octroient de nombreux petits crédits et
reçoivent un nombre encore plus important de remboursements de faible
montant. De plus, les activités des EMF sont souvent largement
dispersées géographiquement. C'est pourquoi, pour être
efficaces, les EMFont besoin de structures opérationnelles
légères et décentralisées. Ces facteurs rendent
plus délicat le maintien de systèmes efficaces d'information et
de gestion du portefeuille.
- Pour traiter efficacement de petites opérations, les
EMF sont obligées de réduire fortement leurs coûts, parfois
au détriment de contrôles et d'informations adéquats sur le
portefeuille, ou au détriment de la supervision des clients et agents de
crédit.
- Les portefeuilles des EMF sont souvent en croissance rapide.
Cette croissance exerce une pression sur les systèmes et peut masquer
des problèmes de remboursement. Un portefeuille en croissance rapide
comprend un pourcentage important de crédits en début de
remboursement. Or les problèmes d'impayés sont plus
fréquents en fin de cycle de remboursement.
- Généralement, les EMF n'aiment pas faire de
provisions pour créances douteuses ou passer ces dernières en
perte. Ils veulent maintenir une bonne image de l'institution aux yeux des
observateurs extérieurs, notamment des bailleurs de fonds et de la
réglementation. Les EMF peuvent considérer, souvent à
tort, qu'elles ne peuvent pas passer un crédit en perte sans envoyer au
client et à l'agent de crédit un message indiquant au premier
qu'il peut cesser ses efforts de remboursement, et au second qu'il peut cesser
les tentatives de recouvrement.
- Pour des raisons que l'on verra plus loin, les
systèmes d'information des EMF destinés au suivi
opérationnel des crédits sont rarement intégrés
dans leurs systèmes comptables (Automatisation de la gestion des
crédits).
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