Le contexte culturel
Le contexte culturel accorde un rôle central aux
modèles culturels qui constituent «le pivot autour duquel
s'articule le déterminisme de l'agir humain » (Gérard,
1995). Ils déterminent donc les comportements des individus, notamment
dans le domaine de la santé. Dans ce domaine, les croyances aux
symptômes des maladies et les normes culturelles qui prévalent
dans le milieu où la femme vit entrent en jeu. Les femmes sont les
premières à subir les conséquences de l'attachement de la
population à ces normes culturelles : elles doivent adopter des
comportements conformes à ces normes bien que ceux-ci compromettent
parfois l'état de leur santé. L'importance
particulièrement considérable accordée aux us et coutumes
traditionnels en Afrique, place les facteurs culturels au premier rang des
facteurs de risque de santé dans ce continent (Akoto, 1993). S'agissant
du comportement préventif, Mudubu (1996) souligne que les
perceptions que les individus ont de la maladie diffèrent d'une culture
à l'autre et le recours médical en dépend. Le groupe
ethnique serait générateur des comportements maternels en
matière de soins préventifs. Cette situation peut se solder par
une résistance à l'occidentalisation due aux facteurs culturels.
Dans une étude menée à Kaolack au Sénégal,
beaucoup de femmes croyaient que le tétanos était une maladie
infligée par les dieux (Zoungrana, 1993) et n'essayaient donc aucun mode
de prévention moderne. Elles préféraient utiliser des
talismans, des amulettes plutôt que la vaccination. Aussi, dans presque
toutes les ethnies surtout africaines, il y a des interdits sanitaires pour les
femmes enceintes. Par exemple, au Cameroun dans certaines ethnies, les femmes
enceintes observaient des interdits, des prescriptions alimentaires et
comportementales, accouchaient à domicile, souvent à même
le sol, seules ou avec l'aide d'une matrone ou d'une parente
(Béninguissé, 2001). Ce qui pourrait traduire une faible
importance à la prise en charge de la grossesse. Ndiaye et al (2005)
affirment que l'environnement culturel influe significativement sur le retard
à la CPN1, du fait que les femmes cachent leur grossesse sur
la base de concepts mystiques.
En effet, selon les croyances locales, la femme enceinte est
considérée comme vulnérable au cours des trois premiers
mois. La discrétion est donc une forme de protection contre les esprits
maléfiques auxquels pourraient faire recours, par jalousie, les
coépouses en milieu polygame. Le refus de la CPN faite par un
prestataire homme est renforcé par des considérations religieuses
qui admettent difficilement un homme autre que le mari dans l'intimité
d'une femme.
|