CHAPITRE 2
REVUE DE LA LITTERATURE SUR LES TRAVAUX A
HAUTE INTENSITE DE MAIN D'OEUVRE
2.1 DEFINITION ET OBJECTIFS DES HIMO
Le terme HIMO est une abréviation de « haute
intensité de main d'oeuvre ». Selon le BIT, il désigne les
méthodes qui combinent des équipements légers avec de la
main d'oeuvre dans un mélange optimal afin d'assurer la qualité
et minimiser les coûts lors de la création ou de la
réhabilitation des infrastructures (Tajgman et al, 2000).
Les travaux HIMO sont des transferts sociaux. A ce titre ils
sont non contributifs, ciblés au profit des foyers pauvres et
vulnérables. La principale caractéristique de ce transfert repose
sur la conditionnalité imposée aux bénéficiaires
qui doivent préalablement à la perception du transfert (salaire),
travailler.
Depuis les années 1970, le BIT utilise les HIMO pour
lutter contre le chômage et le sous-emploi particulièrement en
Afrique.
Selon Grosh et al (2008), ce transfert social est
particulièrement indiqué pour les pays qui sortent d'une crise
économique aiguë. Cette technique est également
conseillée pour accélérer la reconstruction d'un pays
dévasté par une catastrophe naturelle à l'instar du
Tsunami.
Les techniques HIMO s'opposent aux méthodes à
haute intensité d'équipement (HIEQ). Les HIEQ désignent
les méthodes où l'essentiel des travaux sont
réalisés avec un équipement lourd et l'appui d'une main
d'oeuvre majoritairement qualifiée et très limitée.
La Banque Mondiale (BM)2 recommande
particulièrement l'utilisation des techniques HIMO aux pays à
faibles revenus et dont le salaire minimum journalier est de 4 Dollars USA.
2.2 : HIMO ET HIEQ
Franco Olivier (1998) a étudié l'impact
comparé des investissements HIMO et HIEQ sur les revenus des
ménages, la consommation et les emplois en zone rurale de Madagascar. Il
tire les conclusions suivantes :
? Un investissement de 50 Milliards de francs Malgaches pour
l'entretien des routes rurales sous forme HIMO engendre une création de
valeur ajoutée de 58 Milliards, alors qu'elle n'est que de 34Milliards
si ces investissements sont réalisés sous forme HIEQ .L'impact
différentiel des deux formes d'investissement est encore plus
marqué sur le revenu, la consommation des
2Voir le document technique no 347 (1996).
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ménages ou l'emploi. Il varie du simple au double selon
qu'on adopte l'approche HIEQ ou HIMO.
? Le faible effet multiplicateur des projets HIEQ
résulte essentiellement de l'importance des dépenses en produits
importés (équipements), une grande partie des dépenses
d'investissements vont directement à l'étranger, ce qui limite
les effets d'entrainement sur la production locale.
? Les emplois qui sont crées directement lors de la
réalisation des projets HIMO génèrent des revenus qui sont
dépensés en grande partie localement, ce qui induit un effet
multiplicateur sur la production locale. Ainsi pour chaque emploi crée
directement par l'utilisation des techniques HIMO, 1,88 emplois sont
crées indirectement.
Au Cameroun, Yemene et al(2009) ont mené des
études de comparaison des deux approches. Celles-ci ont
démontré que les techniques HIMO génèrent plus
d'emplois et luttent efficacement contre le sous-emploi. Le tableau ci-dessous
présente les atouts des approches HIMO.
Malgré tous ces avantages reconnus aux HIMO surtout au
niveau de l'entretien des routes rurales non revêtues, ses
méthodes continuent à rencontrer des réticences de la part
des entreprises privées jusque là habituées aux
méthodes HIEQ.
Comme principal argument, Stock (1996 :2) relève que
les entrepreneurs justifient cette réticence par les coûts
d'apprentissage élevés de cette nouvelle technologie. Ils
excipent également les retards habituels de payement des factures par le
gouvernement. Lorsque les payements connaissent des retards, les entreprises
éprouvent des difficultés à payer les salaires, ce qui
conduit à des grèves dans
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les chantiers et rallonge les délais de livraison. Cet
auteur affirme que peu de gouvernements manifestent de l'intérêt
pour l'introduction des méthodes HIMO dans les programmes routiers de
leur pays. La plupart des décideurs et hauts fonctionnaires partagent
encore l'idée selon laquelle les techniques HIMO correspondent à
une alternative technologique « rétrograde ».Selon ceux-ci,
les méthodes HIEG limitent les problèmes d'encadrement de main
d'oeuvre, car requièrent moins d'ouvriers temporaires.
Sur le plan politique, l'auteur sus évoqué
constate que les méthodes HIEQ permettent la mobilisation rapide des
engins pendant les campagnes électorales pour des travaux ponctuels au
profit des partisans alors qu'une main d'oeuvre importante est plus difficile
à manipuler.
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