4.5 : LES PREREQUIS INSTITUTIONNELS
4.5.1 : Une législation appropriée
Les transferts provenant des travaux HIMO sont des transferts
à caractère spécial car ils font appel à une
conditionnalité (le travail) qui, mal réglementé, abouti
à des abus. La mise en place dans de telles conditions d'une
législation appropriée qui définit le cadre des travaux et
le montant des transferts est impérative.
Au Cameroun, la loi no 92-007 du 14 août 1992 portant
code du travail parait inapplicable en matière de travaux HIMO.
Appliquer la loi sus-évoquée dans le contexte actuel en cas de
litige intervenu au cours des travaux reviendrait à dénuer aux
travaux HIMO leur caractère de transfert social et les ravaler à
la catégorie de simples emplois saisonniers ou temporaires.
Les pauvres des zones rurales particulièrement
vulnérables devraient être protégés par des textes
qui garantissent un payement régulier de leur salaire et qui organise
l'ensemble des activités au cours des travaux.
L'Inde qui a mis sur pied l'un des programmes HIMO les plus
ambitieux au monde a fait voter des lois spéciales protégeant les
pauvres des zones rurales en leur garantissant cent jours de travail pendant
les périodes de soudure20. Ceux-ci perçoivent en
contrepartie un revenu minimum de 3US$ par jour. Ce montant est fixé par
la loi et ne peut varier au gré de l'humeur des entrepreneurs plus
motivés par la recherche du gain.
4.5.2 : La création d'un organisme de gestion des
HIMO
Les programmes pilotes en cours au Cameroun donnent la
mauvaise impression d'une absence de coordination entre eux. L'objectif de ces
projets étant la réduction de la pauvreté à travers
la lutte contre le chômage et le sous-emploi, il serait de bonne
méthode pour le gouvernement de créer un organisme qui aura la
charge d'unifier les actions en matière d'HIMO et éviter ainsi
une dispersion des efforts individuels.
Plusieurs pays africains, conscients des disfonctionnements
sus-évoqués, ont mis sur pied des organismes jouissant d'une
autonomie réelle pour la gestion des HIMO. Il s'agit au
Sénégal de l'Agence d'Exécution des Travaux
d'Intérêts Publics (AGETIP), et en Mauritanie de l'Agence
Mauritanienne d'Exécution des Travaux d'Intérêts Publics
pour l'Emploi.
4.5.3 : La mise en place d'un bon système de suivi
évaluation
20 Il s'agit du National Rural Employment Guarantee
Act(NREGA)
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La mise sur pied d'un bon système de suivi et
évaluation se révèle capital pour la gestion d'un
programme HIMO. Il s'agira de définir au préalable certains
indicateurs importants qui avec le temps pourront fournir des informations sur
les changements constatés au niveau du bien-être des populations
et l'impact des transferts sur la réduction de la pauvreté.
La réussite du suivi et évaluation passe par la
collecte de données fiables. Or le premier écueil que rencontre
tout chercheur désireux de connaitre l'impact des programmes pilotes sur
la réduction de la pauvreté est l'absence de données. Un
bon suivi et évaluation de ces programmes pilotes peut aussi contribuer
à renforcer la volonté politique pour un passage rapide de la
phase pilote à la phase exécutive desdits programmes. Le «
caractère pilote » des programmes HIMO au Cameroun semble se
prolonger. En l'absence de données fiables et d'évaluation, il
serait difficile de se prononcer sur l'impact de leurs actions sur la
réduction de la pauvreté, notamment en milieu rural.
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