CHAPITRE V
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Dans son Document de stratégie pour la croissance et
l'emploi (DSCE), le Gouvernement camerounais ambitionne de ramener le
sous-emploi global de 75, 8 à 50% en 2020 avec la création de
plusieurs milliers d'emplois formels par an. Pour atteindre cet objectif, il
encourage à « chaque fois que c'est possible » le recours
à des techniques à haute intensité de main d'oeuvre pour
réduire les coûts et promouvoir l'emploi.
Cette volonté politique s'est notamment traduite par
l'adoption en 2008 de la déclaration de stratégie des approches
HIMO privilégiant l'utilisation des ressources et la main d'oeuvre
locales dans divers travaux d'infrastructures.
Les zones rurales du Cameroun accusent un retard
considérable sur le plan des infrastructures. Le réseau routier y
est en majorité en terre et l'entretien est effectué de
façon irrégulière. Cette partie du pays a le taux de
sous-emploi le plus élevé du pays ce qui a pour
conséquence l'oisiveté et l'exode des jeunes vers les grandes
métropoles.
Les infrastructures sanitaires et scolaires, lorsqu'elles sont
disponibles, sont en mauvais état et leur accessibilité par les
populations pauvres reste difficile. Les techniques HIMO apparaissent
dès lors comme un véritable outil à la disposition des
gouvernants pour lutter contre le chômage et le sous-emploi en milieu
rural. Non seulement les HIMO sont créatrices d'emplois, mais aussi
cette technique permet la création, l'entretien et la
réhabilitation des infrastructures qui facilitent l'accès
à l'éducation et à la santé aux populations
rurales. La pertinence des approches HIMO au Cameroun a ainsi été
établie par plusieurs études menées par le BIT.
Le gouvernement camerounais dispose de plusieurs leviers pour
financer les travaux HIMO, il importe toutefois de briser la réticence
qui semble encore habiter certains acteurs de la chaine qui pensent encore
qu'il s'agit des techniques rétrogrades.
Les projets pilotes mis sur pied au Cameroun avec l'appui des
bailleurs de fonds semblent toutefois fonctionner de manière disparate.
La coordination de leurs actions est inexistante, toute chose qui rend à
ce jour difficile toute évaluation d'impact de ces projets sur la
pauvreté. L'impression qui se dégage est qu'il y a un
véritable décalage entre la volonté politique
affichée par les autorités et les réalisations sur le
terrain. La durée d'expérimentation des techniques HIMO à
travers ces projets pilotes devient longue au moment où d'autres pays en
Afrique ont déjà franchi le cap en institutionnalisant lesdites
approches.
Pour un impact visible sur la réduction de la
pauvreté au Cameroun, il serait important d'intégrer l'aspect
« transfert social » des HIMO dans la mise en oeuvre des programmes,
car l'impression que dégage
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l'orientation du gouvernement est d'utiliser cette technique
comme simple parade pour réduire les coûts et procurer de l'emploi
aux chômeurs sans distinction. Les HIMO devraient jouer dans le futur un
rôle majeur dans la mise en oeuvre d'une politique cohérente
d'emploi en zone rurale en ciblant les couches particulièrement pauvres
notamment en période de soudure. La fixation du niveau de salaire au
taux du SMIG mensuel contribuerait certainement à hausser le niveau de
vie des populations rurales pauvres. Il convient par conséquent de
mettre sur pied une législation spécifique aux HIMO au
Cameroun.
Cette législation aura l'avantage de déterminer
la nature des travaux à effectuer, les droits des travailleurs ainsi que
leurs obligations.
Sur le plan organisationnel, la mise sur pied d'un organisme
unique chargé de la gestion des HIMO s'avère nécessaire
à l'effet de coordonner les différentes stratégies
éparses déployées aussi bien par les différents
départements ministériels que par les bailleurs de fonds. Ce
n'est qu'à ce prix que ce « vivier d'emplois » que constituent
les HIMO pourra être exploité de façon efficiente et
permettre au Cameroun d'atteindre l'objectif numéro 1 du
millénaire à savoir « réduire l'extrême
pauvreté et la faim » notamment dans les zones rurales.
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