4.2.2 :L'impact des HIMO au Cameroun
Les techniques HIMO ont ainsi été
utilisées au Cameroun pour procurer de l'emploi aux chômeurs, mais
surtout dans les zones urbaines sauf dans le cas des projets d'entretien des
routes rurales. Malheureusement, la plupart de ces programmes n'ont mis sur
pied aucune stratégie de suivi et évaluation de ces projets. Le
manque de données suffisantes ne permet pas de mesurer leur impact
réel sur la pauvreté au Cameroun.
L'impact sur l'emploi
Plusieurs projets à l'instar du Programme Social
d'Urgence (PSU) et du Programme d'Assainissement de Yaoundé ont
employé des milliers de jeunes chômeurs, parfois de façon
permanente. Le PSU a à titre d'illustration employé en quatre
années environ 3635 éboueurs à Douala et à
Yaoundé (Tchana et al, 2009).Il convient toutefois de relever qu'il
s'agit des programmes mis en place en milieu urbain et qui n'ont eu aucun
impact significatif sur la pauvreté rurale. Les comités
d'entretien routier (CER), le PN2R et le PERR-HIMO n'ont jusque là pas
mis à la disposition du public les données concernant le nombre
de personnes employées et l'impact de ces différents projets
pilotes sur l'emploi rural.
Dans l'ensemble, les programmes HIMO ont jusqu'à
présent eu un impact limité sur l'emploi, ceci étant
surtout dû au peu d'engouement affiché par les entrepreneurs
relativement à l'utilisation des techniques HIMO.
L'impact sur la formation
Il s'agit d'une formation à deux volets :
- Une formation destinée aux encadreurs et entrepreneurs
pour leur permettre de maitriser les techniques HIMO ;
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- Une formation destinée aux travailleurs pour leur
permettre de s'intégrer dans le monde de l'emploi à l'issue des
travaux HIMO.
Plusieurs séminaires et ateliers à l'intention
des cadres techniques des petites et moyennes entreprises, des bureaux
d'études techniques ont été organisés pendant la
période pilote par l'APERP, le PERR-HIMO et le PN2R pour vulgariser
l'utilisation des techniques HIMO. Ces séminaires et ateliers ont
été ponctués par des phases pratiques au cours des
chantiers écoles. Ces formations ont permis de mettre sur pied à
ce jour des équipes compétentes et aptes à diriger des
chantiers HIMO.
Les travailleurs par contre qui ont été
employés dans le cadre des différents projets HIMO n'ont
reçu aucune formation spécifique.
Il est d'ailleurs surprenant que les projets pilotes mis sur
pied à ce jour n'aient pas privilégié le volet formation
des travailleurs pour empêcher que ceux-ci ne retombent dans la
précarité une fois les travaux terminés.
Dans les zones rurales, cette formation est nécessaire
et essentielle. Elle peut avoir deux objectifs. Elle peut permettre de lutter
contre le sous-emploi à long terme en procurant une formation dans le
domaine de l'entretien des infrastructures routières. Cette solution est
utilisée en Afrique du Sud depuis l'année 2009 et a
facilité la réinsertion des milliers de pauvres dans le
marché de l'emploi (McCord ,2004) .La solution consisterait
également à étendre les Comités d'Entretien Routier
(CER) et leur donner de nouvelles prérogatives dans les zones
particulièrement enclavées en formant ses membres à
l'entretien des pistes et routes rurales. L'avantage de cette méthode
repose sur le fait qu'elle responsabilise les utilisateurs des infrastructures
qui ne pourront plus attendre exclusivement l'intervention de l'Etat par
exemple pour la réfection d'un simple pont. De même, cette
solution procure des revenus saisonniers aux populations rurales pendant les
périodes de soudure.
La formation pourrait également être
dirigée vers le développement d'une agriculture plus productive.
Pendant les travaux HIMO, des formations pourraient être
dispensées aux travailleurs sur les nouvelles techniques culturales, sur
l'utilisation du petit matériel agricole, des semences
sélectionnées, sur l'élevage, sur l'utilisation des
intrants. Cette politique qui consiste à faciliter l'accès des
pauvres aux nouvelles techniques culturales en entretenant en même temps
les infrastructures a eu un impact positif dans la passé avec la
SODECAO14. A cause de la crise économique, cette
société a malheureusement abandonné l'entretien des pistes
et routes rurales.
L'impact sur l'exode rural
Les programmes HIMO mis en place au Cameroun ont surtout
concerné les zones urbaines. Le PADY et le PSU ont déployé
particulièrement leurs activités à Douala et à
Yaoundé. Les nouveaux projets ne
14 Il s'agit de la Société de
développement du cacao.
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disposent pas de données sur l'impact de leurs actions
sur l'exode rural. Il est toutefois important de relever que les programmes PSU
et PADY implantés dans les grandes métropoles ont au contraire
favorisé davantage l'exode des jeunes vers les villes de Douala et
Yaoundé à la recherche de l'emploi.
La seule solution pour freiner cette hémorragie
consiste à créer également des opportunités
d'emploi dans les zones rurales à travers l'exécution des travaux
HIMO dans ces localités.
L'impact sur les infrastructures
Il parait prématuré de mesurer l'impact des
projets pilotes HIMO sur le plan infrastructurel. Quelques chantiers pilotes
exécutés par l'APERP et le PERR-HIMO dans les régions du
Centre et de l'Ouest ont permis de réhabiliter environ 100
kilomètres de routes non revêtues pendant l'exercice 2006-2007. Le
PN2R, chargé de l'entretien des routes rurales tarde toujours à
diffuser les données concernant le nombre de kilomètres de routes
entretenus et réhabilités dans le cadre de son programme.
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