4 .2 : L'EXPERIENCE ET L'IMPACT DES HIMO AU CAMEROUN
4 .2.1 : Les expériences HIMO
L'approche HIMO n'est pas nouvelle au Cameroun .Toutefois,
elle n'a connu jusque là que des applications ponctuelles, en l'absence
de capitalisation à la fois des expériences et de leur impact sur
la
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création d'emplois durables (Tchana et al, 2009). Les
premières applications systématiques de cette approche se
concrétisent par le PSU (Programme Social d'Urgence) et la mise en place
des CER (Comités d'Entretien Routier).
Le programme social d'urgence (PSU)
Le PSU est né suite à la dévaluation du
franc CFA en 1994. Dans le cadre de recherche des solutions pour
atténuer les effets de cette dévaluation au niveau des
populations vulnérables, la stratégie de l'adoption des travaux
HIMO a été arrêtée notamment à travers
l'enlèvement des ordures ménagères, le curage des
caniveaux, le balayage des rues et désherbages dans les villes de Douala
et Yaoundé uniquement.
Dans le cadre du PSU, 3.635 éboueurs permanents ont
été recrutés (soit 2.185 à Yaoundé et 1.450
à Douala). A ceux-ci, il faut ajouter une cinquantaine d'emplois d'appui
(les chauffeurs et les personnels des ONG chargés de l'encadrement). Ce
programme a contribué pendant quatre années à
l'enlèvement de plus de 2 millions de tonnes d'ordures dans ces deux
villes. Son caractère temporaire a constitué un facteur limitatif
pour la promotion de l'emploi et la lutte contre la pauvreté. Il n'a pas
été prévu un dispositif de reconversion des
bénéficiaires dans d'autres activités à la fin du
projet (Tchana et al, 2009).
Les comités d'entretien routier (CER)
Depuis 2001, le Ministère des Travaux Publics inclut
dans les contrats des entreprises chargées des travaux d'entretien des
routes rurales financés sur les crédits du Fonds Routier, des
interventions manuelles réservées aux populations riveraines. Ces
interventions prennent forme à partir des contrats signés avec
l'entreprise et les CER préalablement formés par des agents de
sensibilisation de la mission de contrôle.
Ces CER qui sont l'émanation des populations riveraines
se voient confier dans ce cadre 20% au maximum du contrat de l'entreprise (ce
qui correspond à environ 400 millions de FCFA par campagne) et doivent
prendre eux-mêmes en suite les initiatives nécessaires pour
assurer l'entretien routier.
A ces programmes d'entretien routier avec l'intervention des
CER, il convient d'ajouter les travaux d'embellissement des Centres Urbains
(notamment de Douala et de Yaoundé) engagés avec l'appui
financier du Gouvernement. Ces travaux ont eux aussi recours aux techniques
HIMO et aux ressources locales (technique de pavage dans le revêtement
des trottoirs...).
Les projets d'assistance technique du
BIT
Le BIT a prêté une assistance technique dans le
cadre de 4 projets HIMO au Cameroun.
Le projet d'assainissement de Yaoundé (PADY)
C'est un projet d'assainissement de la capitale camerounaise.
Il est financé à hauteur de 90% (20 milliards de francs CFA) par
la BAD (Banque Africaine de Développement) et 10% par le Cameroun
soit environ 2, 3milliards. La durée des travaux
étaient de 5 années (2006-2010).L'objectif a été la
réduction de la pauvreté en milieu urbain en contribuant à
l'assainissement de la ville de Yaoundé. Il était question de
créer des emplois en appliquant des techniques HIMO pour certains
travaux d'entretien de la voirie, réduire les maladies hydriques en
traitant l'insalubrité des quartiers riverains et embellir le cadre de
vie des populations .Les travaux ont consisté au curage des collecteurs
souterrains du centre urbain de Yaoundé et au recalibrage du canal sur
le fleuve Mfoundi qui arrose la ville en créant un canal de 4,4
kilomètres comprenant des ouvrages de franchissement et des pistes
d'entretien.
Le Projet d'Appui à la Promotion de l'Emploi et
la Réduction de la Pauvreté (APERP) phase 1, 2
Ce projet a pour objectif d'améliorer les conditions de
vie des populations par la mise en oeuvre de projets procurant un travail
décent et vise à court terme à appuyer le processus
d'adoption de la stratégie HIMO et sa mise en oeuvre, à
contribuer à la prise en compte de l'emploi dans la formulation du
Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi (DSCE) et à
introduire dans le code des marchés publics des dispositions favorables
aux HIMO .Il est financé par le Gouvernement Français. La
première phase d'une durée de 3 ans a débuté en
2006 et s'est achevée en 2009. La deuxième phase d'une
durée de 4 années a débuté en 2011 et
s'achèvera en 2014.Au Cameroun, le projet a surtout consisté
à sensibiliser les acteurs, les former à travers des
séminaires et ateliers pour une meilleure appropriation du concept HIMO
.Des chantiers d'expérimentation des approches HIMO ont
été mis sur pied.
Le Programme National de Réhabilitation des
Routes Rurales (PN2R)
Le programme de réhabilitation et de construction des
routes rurales au Cameroun vise à améliorer
l'accessibilité des zones rurales, réduire le coût du
transport et stimuler le développement économique local. Pour
cela, il contribue au renforcement des infrastructures en zone rurale en
créant des emplois et en consolidant la stratégie nationale
d'entretien des routes adoptée en mars 2000 par le gouvernement
camerounais. L'objectif de ce projet vise la réhabilitation ou la
reconstruction de 6000 km de routes rurales, dont 1000 km à être
réalisés par des techniques HIMO. Les travaux ciblent le
désenclavement des zones difficilement accessibles ainsi que les zones
de production dans le but de rendre les routes rurales circulables toute
l'année. A la suite des travaux de réhabilitation, les
Collectivités Territoriales Décentralisées devront assurer
la gestion de l'entretien à travers des contrats de partenariat avec les
Comités de Routes Rurales (CRR) créés le long des
itinéraires. Cette action devra conduire à créer dans les
zones rurales des opportunités d'emplois permanents et lutter ainsi
contre le sous-emploi.
Le Projet Pilote d'Entretien des Routes Rurales par la
technique HIMO-(PERR-HIMO)
Le Gouvernement de la République du Cameroun a
initié pour le courant de l'année 2005 un projet
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pilote d'entretien des routes rurales par la technique HIMO.
Cette initiative faisait suite à la nouvelle orientation donnée
par le Gouvernement en 2003, par l'acceptation officielle de la mise en oeuvre
de l'approche HIMO pour faire face aux coûts élevés des
programmes d'entretien et au faible impact sur les indicateurs sociaux des
populations rurales des travaux d'entretien et de réhabilitation des
infrastructures rurales. Ainsi, ce projet vise donc à réduire les
coûts d'entretien du réseau routier et à transformer les
programmes d'entretien en des opportunités de promotion et de
créations d'emplois pour les groupes vulnérables par
l'utilisation des approches technologiques favorisant l'emploi de la
main-d'oeuvre locale et des ressources locales. Ce projet pilote s'inscrit dans
un programme plus large visant à appuyer les programmes d'entretien du
réseau des pistes rurales par l'approche HIMO et à
répondre à la problématique de l'emploi.
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