4.3 : LE FINANCEMENT D'UN PROGRAMME HIMO AU
CAMEROUN
La mise en oeuvre des transferts sociaux nécessite une
forte capacité administrative et financière. Ces exigences sont
encore plus prononcées en ce qui concerne les travaux HIMO qui
nécessitent des financements importants (Grosh et al, 2008:305).La
pérennité financière des programmes HIMO est essentielle
pour son succès. Le non versement des salaires ou des délais
d'attente trop long occasionnent des tensions sociales qui conduisent souvent
à des grèves d'où la nécessité d'assurer la
soutenabilité financière du programme (Samson et al, 2006 :106
).
Les travaux HIMO tels que perçus par cette étude
visent surtout à procurer aux pauvres des zones rurales des revenus
nécessaires en périodes de soudure. Ces périodes varient
entre deux à quatre mois dans l'année. Elles s'entendent parfois
à cinq mois dans la zone septentrionale du pays. Le transfert dont
s'agit ici est donc essentiellement périodique, puisque pendant les
autres périodes de l'année, les travailleurs HIMO se consacrent
à leurs activités agricoles.
Ainsi donc le coût budgétaire au regard de cette
périodicité du transfert s'en trouve amoindri.
Le financement d'un programme HIMO en l'espèce consiste
ainsi à trouver un espace budgétaire
pour :
- Financer les travaux de création, d'entretien et de
réhabilitation des infrastructures en zone rurale ;
- Financer le payement des salaires (transferts) ;
- Et subsidiairement financer la formation des travailleurs.
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On peut distinguer essentiellement les financements provenant
des sources externes, des financements provenant des sources internes, les
financements provenant des sources internes spéciales et les
financements provenant spécifiquement des réallocations de
ressources.
4.3.1 : Le Financement par les ressources externes
Pour assurer la soutenabilité financière d'un
programme HIMO en zone rurale, le gouvernement Camerounais peut faire appel
financements provenant des principaux partenaires au développement
à l'instar de l'Union Européenne, l'Agence Française de
développement, la Banque Mondiale, la Banque Africaine de
développement, le Fonds Koweitien.
Il est d'ailleurs important de relever que les programmes
pilotes mis en place jusque là continuent de bénéficier
des financements extérieurs de la France et de la Banque Africaine de
développement. Le BIT continue par ailleurs à appuyer ces
programmes sur le plan technique.
Il convient toutefois de déplorer le fonctionnement
disparate des projets pilotes mis en oeuvre au Cameroun. Lesdits programmes
semblent fonctionner et de façon isolée et autonome aussi bien
sur le plan administratif que sur le plan financier. Or pour atteindre de
façon efficiente les objectifs à eux assignés, ces
programmes devraient mettre sur pied une plateforme commune en vue
d'uniformiser les actions de ces bailleurs de fonds, en agissant de
façon concertée pour faire des économies
d'échelle.
Il serait urgent dans la mise en oeuvre d'une telle
stratégie d'impliquer un maximum d'acteurs dans le cadre d'un dialogue
constructif (Ministère des Finances, Ministère des Affaires
Sociales, Ministère des
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Travaux Publics, etc.).Cette conjonction de synergies sur le
plan financier est un moyen efficace pour obtenir l'adhésion des
gouvernants et leur soutien pour la mise en place d'un programme HIMO plus
ambitieux à long terme (Tabor, 2002 :38).
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