4 .1.2 : La situation du chômage et du sous-emploi en
milieu rural
3Somme jugée nécessaire pour un individu
de s'offrir un panier minimal de dépenses alimentaires et non
alimentaires que sont les besoins de santé, de logement et
d'éducation.
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Selon l'enquête sur l'emploi et le secteur informel du
Cameroun (EESI) de 2005, le Cameroun a un taux d'activité de 71, 5%
évoluant selon les catégories d'âge. Il croit rapidement et
le maximum est atteint entre 30 et 49 ans. Ce taux cache toutefois de fortes
disparités selon le milieu de résidence. C'est ainsi qu'il se
situe à 77, 3 % en milieu rural contre 46, 8% en milieu urbain.
L'ensemble du secteur informel occupe la première place
dans la répartition des emplois par secteur d'activité. En fait,
il emploie plus de 90% des actifs occupés. Le secteur informel agricole
concentre à lui seul 55, 2% des employés globaux et 79% des
emplois ruraux .La prédominance de l'emploi dans le secteur informel est
révélatrice d'une part de l'inefficacité des politiques
publiques menées dans le domaine de l'emploi et d'autre part du
dynamisme des populations surtout rurales et de leur esprit d'entreprise, qui
les pousse à trouver des emplois fussent-ils
précaires4.
L'emploi au Cameroun est caractérise par un faible taux
de chômage. Selon la définition du BIT5, il se situe
à 4,4% et à environ à 6,2% lorsque la définition de
ce taux est prise au sens large6 soit un écart de 1,8
point7. Ce niveau de chômage bas masque toutefois un
sous-emploi dont le taux est très élevé (environ 75,8%).Le
tableau 4 a l'avantage de comparer les taux de chômage dans les zones
urbaines et rurales du Cameroun.
4 On peut donc conclure que le chômage est
essentiellement résiduel au Cameroun. Les autorités devraient
plutôt se mobiliser pour combattre le sous-emploi qui est le
véritable fléau qui mine l'économie du pays.
5 Selon le BIT, est au chômage, toute
personne non employée durant les semaines de l'enquête (sur la
main d'oeuvre) ou qui a travaillé moins d'une heure par semaine, sans
tenir compte des absences temporaires, et qui a recherché un emploi
activement au cours des quatre semaines passées et qui est disponible
pour prendre un travail dans les deux semaines.
6 Le chômage au sens large regroupe les
chômeurs au sens du BIT auxquels sont ajoutés les inactifs qui,
bien que n'ayant pas cherché d'emploi au cours de la période de
référence reste toutefois disponibles.
7 Voir les données de l'Institut National des
Statistiques de 2005
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Selon la définition BIT du chômage, on constate
que les femmes rurales sont moins touchées par le chômage. Par
contre, lorsqu'il est fait appel à la définition élargie
qui sied mieux au contexte camerounais, la situation change. La tranche
d'âge des 10-29 ans est particulièrement affectée.
Chez les hommes, la plupart des chômeurs se recrutent
parmi les plus jeunes. Selon les enquêtes ECAM2 et EESI, une partie des
jeunes chômeurs en zone rurale ont essuyé un échec scolaire
au niveau du secondaire et ont finalement opté pour les travaux
agricoles, aggravant ainsi le sous-emploi invisible dans les
campagnes8comme le confirme le tableau ci-dessous
Une analyse de la structure du marché du travail au
Cameroun permet de constater que celle -ci présente une
particularité dans les formes de travail.
Le milieu rural se caractérise par un sous-emploi
élevé évalué à 83,6%.Les populations
pratiquent de l'agriculture de subsistance, l'élevage, la chasse et la
cueillette. Ces populations consacrent beaucoup de temps à ces
activités pour un rendement assez médiocre. Elles sont parfois
obligées de brader leurs productions à vil prix pour avoir un
minimum de revenus nécessaires à la satisfaction de leurs besoins
élémentaires.
8 L'exigence d'horaires de travail très
élevées est synonyme de sous-emploi lorsque cette charge horaire
est rendue nécessaire pour une productivité du travail
anormalement faible.
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A cause du manque d'infrastructures routières, ces
paysans éprouvent d'énormes difficultés pour acheminer
leurs productions vers les centres urbains. Ce manque de routes praticables a
empêché plusieurs agriculteurs de participer au dernier Comice
agro- pastoral organisé du 17 au 22 janvier 2010 à
Ebolowa9.
Les produits de rente que cultivent ces populations ne
connaissent pas meilleur sort. Les prix du cacao, du café, du coton
qu'elles cultivent sont fluctuants. La détérioration des termes
de l'échange entraine une baisse drastique des prix sur le marché
international et par ricochet le niveau de vie des paysans. Certains
abandonnent leurs plantations à cause de la modicité des revenus
obtenus au regard des efforts par eux déployés. Ce qui contribue
à accentuer davantage leur état de pauvreté.
Les périodes de soudure marquées par une baisse
voire une absence totale d'activités agricoles rendent les populations
rurales du Cameroun encore plus vulnérables à la
pauvreté.
Le sous-emploi et le chômage créent
l'oisiveté. Ces populations s'adonnent ainsi à la consommation
excessive du Bill-bill et de l'Arki10 boissons alcoolisées
nocives pour leur santé particulièrement fragile.
Pendant ce temps, les plus jeunes, parfois ambitieux et sans
qualification envahissent les grands centres urbains que sont Douala et
Yaoundé.
Cette analyse démontre que la création d'emplois
en faveur des couches pauvres de la population rurale, surtout en saison de
soudure, constitue un des plus grands défis de développement au
Cameroun. C'est un défi auquel l'approche HIMO est
particulièrement adaptée.
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