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Asile et réfugiés en droit international

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par Cherif Ly DIA
Université Gaston Berger de Saint-Louis, Sénégal - Mémoire de maitrise en droit public 2012
  

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Paragraphe 2 - Réhabiliter l'image écorchée des réfugiés

Aujourd'hui, plus que jamais, l'image du réfugié n'a sans doute jamais été tant bafouée, négligée, dénigrée, et même écorchée de part et d'autre, notamment par les Etats d'accueil qui l'assimilent souvent aux frontières à des faussaires voire même des clandestins. Alors, on se rend compte que même si aucun Etat ne l'affirme ou le reconnait par voie officielle, on se rend compte de plus en plus qu'en filigrane, les réfugiés dérangent. Pour tenter d'illustrer cela, il n y a qu'à jeter un bref regard sur tous les efforts consentis par toute l'Union Européenne dans l'externalisation de l'asile.

Michel Agir, grand anthropologue français a ainsi forgé le terme « indésirables » pour désigner les réfugiés contemporains. Ce dernier a d'ailleurs écrit des ouvrages sans doute indispensables pour comprendre comment l'image du réfugié en est-elle arrivée là aujourd'hui93(*).

« La fin des années 1990 a clairement marqué un tournant, et nous sommes désormais dans la continuité de ce processus. Les négociations visant à modifier les politiques européennes de traitement de l'immigration datent de 1998-1999. Les Etats continuent de se référer à la Convention de Genève, très formellement, mais en la bafouant à longueur de temps. L'accord européen sur l'immigration et l'asile (dit Pacte de Vichy) qui a été signé en octobre 2008 au moment où la France avait la présidence de l'UE en est très symbolique. »

Par ces mots, Michel Agier souligne toute l'hypocrisie qui caractérise aujourd'hui les politiques relatives à l'asile et au réfugié. En effet, face à la Communauté internationale, quasiment tous les Etats défendent le droit à l'asile ainsi que la nécessité de protéger les réfugiés victimes de persécution ; mais dans la pratique, on se rend compte que les réfugiés constituent pour ces mêmes Etats presque des `fardeaux' dont ils tentent de se débarrasser par des politiques de contrainte et de plus en plus dissuasives à l'égard des réfugiés.

L'image du réfugié dans le monde occidental s'est profondément modifiée depuis le milieu du XXe siècle et la Convention de Genève de 1951 qui définit les réfugiés. Aujourd'hui, la Convention de Genève ne régit plus la politique d'accueil des pays occidentaux qui l'avaient voulue et votée au temps de la guerre froide.

Par ailleurs, il faut préciser que la détérioration de l'image du réfugié n'est pas du simple fait des pays occidentaux. En effet, nos pays sous-développés, surtout africains y participent aussi en signant des accords avec les pays occidentaux, accords allant souvent dans le sens de réadmettre leurs ressortissants dans certaines conditions, ou même parfois il peut s'agir pour ces pays de participer activement aux efforts d'externalisation et de restriction de l'asile. En guise d'illustrations, plusieurs exemples seront édifiants.

« Des pays d'Afrique sont annexés aux politiques de mise à l'écart menées par les gouvernements européens : la Libye ouvre des camps et signe avec l'Italie des accords de réadmission des expulsés ; l'Espagne collabore avec le Maroc et la Mauritanie pour ouvrir des camps pour les expulsés ; le Sénégal monnaye avec l'Espagne et la France sa collaboration contre la soi-disant `émigration clandestine' ; le Mali ouvre en octobre 2008 le premier « centre d'information et de gestion des migrants » (CIGEM) crée par la commission européenne à Bamako afin de dissuader et/ou filtrer tout émigrant potentiel, et inauguré par le tristement célèbre ministre français de l'immigration et de l'identité à l'époque, Hortefeux ; et enfin, en 2007 et 2008, les pays européens et les Etats-Unis ont apporté une aide financière aux pays du Proche-Orient pour que ceux-ci assurent la prise en charge temporaire (un an) des réfugiés irakiens à la frontière de leur propre pays94(*). »

Il est donc clair que pour réhabiliter l'image du réfugié, il ne faudrait sans doute pas uniquement s'en prendre au déchainement médiatique entourant aujourd'hui les réfugiés, et les rapprochant des migrants clandestins. Il faudrait aussi s'intéresser aux politiques extérieures définies par nos Etats à l'égard de l'Occident, car il subsiste de nos jours une dépendance à l'égard de l'Europe qui ne se justifie pas. On pourrait en effet difficilement comprendre comment un pays africain de notre époque peut accepter l'application de politiques restrictives de l'asile en accord avec des pays occidentaux (potentiels pays d'accueil) malgré toute la pauvreté et la misère qui sévissent sur notre continent juste en échange d'aides financières. Cela pourrait d'ailleurs à la limite être qualifié de chantages.

Ainsi, à la lumière de tous ces facteurs que nous avons exposés, nous pouvons sans doute dire que l'asile et le réfugié sont indissociables, et que pour pouvoir redorer le blason du réfugié, il faut immanquablement s'intéresser par la même occasion au droit d'asile. En effet, si demander l'asile devient un droit fondamental strictement réglementé, le réfugié ne sera sas doute plus vu comme un « indésirable » mais pourrait plus être conçu comme un individu essayant juste de jouir de ses droits face aux persécutions auxquelles il fait face.

Par ailleurs, il faudrait aussi réfléchir à opérer une dissociation poussée entre les notions de migrants illégaux et de réfugiés, car nous l'avons déjà dit, les migrants économiques sont surtout attirés par la recherche de travail, de gain et de conditions économiques meilleures.

Même si cela parait très compliqué, il faudrait aussi pousser les pays industrialisés à alléger leurs politiques d'externalisation de l'asile, pour un meilleur traitement des réfugiés.

* 93 Gérer les indésirables, des camps de réfugiés au gouvernement humanitaire, Michel Agier, Editions Flammarion, 2008 / Le Couloir des Exilés, être étranger dans un monde commun, Michel Agier, Les Editions du Croquant, 2011

* 94 Réfugiés du chaos. Le Pacte de Vichy, la fin de l'asile et la nouvelle compétition des victimes, par Michel Agier, article publié le 14 novembre 2008 dans www.regards.fr

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