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Révisions constitutionnelles et leur impact sur la promotion du constitutionnalisme et de la démocratie en Afrique: cas de la RDC

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par Aimé NDAYA N'DAMYA FULBOB
Université de Kinshasa RDC - en vue de l'obtention d'une licence en droit public 2011
  

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1*2* Quelques cas d'application

Il est impérieux de mettre en lumière certains cas de pays africains qui ont déjà modifié leurs constitutions pour répondre à des besoins dont ils sont seuls à connaitre les motivations ou les mobiles. Que ce soit en Afrique du Nord, de l'Est, du Centre ou de l'Ouest, ces pays ont tous un seul dénominateur commun : modifier la constitution pour laisser s'éterniser au pouvoir le Chef de l'Etat en fonction.

En Guinée-Conakry, par exemple, la constitution a été modifiée en 2002 dans l'intention d'autoriser le feu Président Lansana Conté à se présenter à la fin de son second et dernier mandat présidentiel aux élections présidentielles. Au Tchad, la constitution a été modifiée en 2005 et a permis à Idriss DEBY ITNO à se maintenir au pouvoir depuis son coup d'Etat de I990 . En Mauritanie, la modification de la Constitution en I99I a permis à Ould TAYA de rester au pouvoir jusqu'à son renversement par un coup d'Etat en Août 2005 . Au Burkina Faso, par un subtil jeu de levée de limitation de mandat en I997, puis de restauration de cette limitation en 2000, Blaise Compaoré est au pouvoir depuis son coup d'Etat de I987 . Actuellement, il tente de modifier l'article 37 de la constitution pour se faire élire indéfiniment.

En Tunisie, la constitution a été modifiée également en 2002 pour permettre au Président Zine BEN ALI de se présenter à l'élection présidentielle de 2004 qu'il avait remporté pour un quatrième mandat. Pourtant, lorsqu'il avait destitué en I987 le premier Président tunisien malade, Habib BOURGUIBA, 84 ans, il avait promis de mettre fin à la présidence à vie. En tout état de cause, il venait de quitter le pouvoir suite à une révolution populaire au début de l'an 20II .I33

Au TogoI34, la constitution a été modifiée en 2003 et a permis à feu NYASSINGBE EYADEMA de se faire réélire pour un troisième mandat de cinq ans, au terme de 36 années de pouvoir jusqu'à sa mort en 2005 et remplacé par son dauphin fils Faure EYADEMA .

Mais ce que l'on peut plus retenir est que, dans l'histoire des révisions constitutionnelles en Afrique, on ne peut s'empêcher de penser à l'exemple togolais qui

I33 THIAMEL NDIADE, « Quand l'Etat est pris en otage par les kleptocrates », Op. cit.

I34 GERMAIN NAMA, B ., « Révisions constitutionnelles en Afrique trouve un antidote aux révisions régressives », Op. cit.

" Révisions constitutionnelles et leur impact sur la promotion du constitutionnalisme et de la démocratie en Afrique ~
Cas de la République démocratique du Congo"

constitue l'un des plus grotesques viols de l'esprit de la constitution dont ce pays s'était doté en I992 .

En effet, à la recherche d'une légitimation du pouvoir qu'il avait usurpé au lendemain de la mort de son père en 2005, et avec la bénédiction de la plus haute hiérarchie militaire qui s'était dépêchée de lui faire allégeance, Faure Gnassingbé n'avait pas hésité à signer l'une des forfaitures qui demeure mémorable.

Alors que la constitution interdisait formellement toute révision constitutionnelle en période d'intérim et de vacance au niveau de l'institution présidentielle, Faure n'hésita pas le moins du monde à balayer les articles 65 et I44 de la constitution portant sur la procédure de dévolution du pouvoir. L'article 65 stipule en effet qu'"en cas de vacance de la présidence de la République, par décès, démission ou empêchement définitif, la fonction présidentielle est provisoirement exercée par le président de l'Assemblée nationale .I35

La vacance est constatée par la Cour constitutionnelle saisie par le gouvernement. Le gouvernement saisit le corps électoral dans les soixante jours de l'ouverture de la vacance pour l'élection d'un nouveau Président de la République." Le tour de passe a consisté ici à faire sauter le mot provisoirement pour permettre au président de l'Assemblée nationale de bénéficier de l'article 65 nouveau : "le nouveau Président de la République exerce ses fonctions jusqu'au terme du mandat de son prédécesseur".

Ce n'était là qu'une étape dans la chevauchée de Eyadéma fils vers le fauteuil présidentiel. Le bénéfice de l'intérim ne pouvant profiter qu'au président de l'Assemblée nationale, Faure fera engager une autre révision, cette fois au niveau du code électoral. C'est l'article 203 qui sera revu pour lui permettre de reprendre son poste de député qu'il avait cédé à son suppléant au profit d'un poste de ministre. Une fois député, c'est le président de l'Assemblée nationale qui va être destitué pour les besoins de la cause .I36

Et voilà comment le jeune Faure a repris le contrôle de l'institution parlementaire, au moyen d'un artifice légal, après l'avoir momentanément quitté. Comment cela aurait pu être possible si la juridiction constitutionnelle avait joué son rôle ? Ce qui s'est passé au Togo, c'est un coup d'Etat constitutionnel, opéré avec la

I35 GERMAIN NAMA, B ., « Révisions constitutionnelles en Afrique trouve un antidote aux révisions régressives », Op. cit.

I36 Idem.

" Révisions constitutionnelles et leur impact sur la promotion du constitutionnalisme et de la démocratie en Afrique ~
Cas de la République démocratique du Congo"

complicité du juge constitutionnel. Il faut rappeler que ce forfait est intervenu après le coup d'Etat militaire qui avait précipitamment placé Monsieur Faure à la tête de l'Etat .

D'autres pays avaient précédé le Togo dans les révisions constitutionnelles, au point que d'aucuns ont parlé d'une cascade de révisions. Mais ce qui est en cause, c'est moins le principe de la révision que l'objet sur lequel celle-ci porte. On aura remarqué que l'essentiel des révisions constitutionnelles tourne autour du statut du chef de l'Etat et plus précisément sur la remise en cause de la limitation du nombre de mandats.

En Ouganda, la modification en 2005 maintient Yoweri MUSEVENI au pouvoir depuis sa victoire militaire contre le régime précédent en I986 .

Au Cameroun, la constitution camerounaise du 20 mai I972 a été révisée en I996 puis en 2008 tout simplement pour modifier la limitation de mandat présidentiel. En effet, le Président Paul BIYA au pouvoir depuis I989 avait procédé à réviser pour la seconde fois la constitution afin de pouvoir se présenter aux élections présidentielles de 20II . L'article 6 de la constitution du Cameroun dispose : « le Président de la République est élu pour un mandat de sept ans renouvelable une seule fois » . Mais en I996, le principe de la limitation de mandat a été acquis au terme d'une bataille et dont ceci a fait que le mandat passe du quinquennat au septennat. Ainsi, le nouvel article six a consacré le septennat sans limite .I37

En Angola, les députés angolais ont rassuré au début du mois de janvier 20I0 à leur Président Edouardo Dos Santos, qu'il pouvait rester au pouvoir jusqu'en 2022, et désormais, la constitution angolaise le lui permet.

Au Congo-Brazzaville, cette pratique serait de ronger la constitution pour être révisée et permettre au Président Dénis Sassou NGUESSO de se présenter en 20I6, car sept ans seraient trop peu pour mettre en oeuvre son projet de société « le chemin d'avenir » .I38

Au Niger, Mamadou TANDJA Président à son temps avait procédé à la modification de la constitution de I999 pour briguer le troisième mandat. Tout est commencé, quand il a dissout le 26 mai 2009, l'Assemblée nationale qui s'opposait à

I37 THIAMEL NDIADE, « Quand l'Etat est pris en otage par les kleptocrates »,Op. cif.

I38 BAOUNA, B ., « Constitution, un mot vide de sens en Afrique », Op. cif.

" Révisions constitutionnelles et leur impact sur la promotion du constitutionnalisme et de la démocratie en Afrique ~
Cas de la République démocratique du Congo"

ladite révision. Et 24 heures seulement après un avisI39 défavorable de la Cour constitutionnelle qui s'opposait également à son projet de référendum visant à prolonger son mandat présidentiel qui devait arriver à terme à la fin de l'année 2009 .

En revanche, Mamadou TANDJA va dissoudre par la suite la Cour constitutionnelle. Malgré ce déboire, le « gangster politique » Mamadou TANDJA ne s'est pas limité à ce niveau, il a en outre, imposé la révision de la constitution par voie référendaire à ses concitoyens. Ledit référendum a eu lieu le 4 août 2009 . Ainsi, la 6ème République est désormais née au Niger par la nouvelle constitution de Mamadou TANDJA, promulguée le I8 août 2009 .I40

Mais après avoir gagné son pari, Mamadou TANDJA sera curieusement évincé du pouvoir par un coup d'Etat militaire du jeudi I8 février 20I0 sous la conduite du Général SALOU DJIBO .I4I

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery