2- Le non respect des normes de qualités
Bien que dans le programme d'usinage la qualité
était mise en avant, il n'en demeure pas moins que la surcharge des
usines de paddy en 1974 ait permit toujours de respecter les normes de
qualité. Pendant la campagne 1972/1973 plus de 83% de paddy qui
rentraient dans les usines de la société étaient de
meilleure qualité, c'est-à-dire conforme aux normes d'achat.
Selon la législation qui était en vigueur, le paddy sain loyal et
marchand doit être mûr propre exempt d'odeur de paille, de cailloux
et de poussière et doit aussi avoir un taux
115
d'impureté inférieur à 7%, un taux
d'humidité inférieur à 16% et une
homogénéité égale ou supérieure à
80%192.
A partir de 1975, privilégiant la quantité plus
que la qualité du paddy, la Soderiz fut confronté à un
problème de qualité. Avec le phénomène de
surproduction de 1974, la société dans une logique d'alimenter
les rizeries ; n'a pas tenu compte de la qualité du paddy livré.
Elle achetait toutes sortes de riz qu'on lui présentait.
Accréditant ainsi dans l'esprit des producteurs, l'idée suivant
laquelle elle n'est pas regardante quant à la qualité des
produits qu'elle achète. Cette situation du non respect des normes de
qualité s'est accentuée en 1976. En effet, elle prit des
proportions inquiétantes au cours desquelles des pertes de 10 à
16% du poids du paddy brut furent parfois observés à cause des
impuretés et une humidité excessive. Cela rendait difficile
l'usinage de ce paddy de mauvaise qualité. Durant l'année 1976,
la collecte s'élevé à 148 000 tonnes, et 10% de cette
collecte n'a pu être transformée du fait du non
homogénéité du produit. Ainsi la Soderiz évaluait
ses pertes à plus d'un milliards de francs
CFA193.
En outre, le riz sorti des usines n'était plus
compétitif sur le marché intérieur car le riz de la
société qui jadis était de qualité ne respectait
plus ses normes de qualité. Le riz sorti des rizeries était
presque sans qualité avec un taux de brisure dépassant 60% sans
compter les cailloux qu'on y retrouvait194. Lorsque le paddy n'est
pas récolté et stocké à temps ou qu'il est
séché trop hâtivement, la proportion de brisures est
très élevée à la transformation. Les
infrastructures et les pratiques des paysans font que les bons grains de paddy
se retrouvent mélangés aux grains endommagés, aux graines
d'adventices, aux résidus d'insectes, au sable et aux cailloux. Selon
N'Dri brou benoît ancien directeur technique de la Soderiz, «
ces usines étaient dépassées et ne répondaient
a
192ADS : Procès verbal du conseil
d'administration Soderiz, 1976 du 3 Juillet 1976 p5 193 R, D HIRSCH, op.cit
p76
194R, D HIRSCH, op.cit p 77
116
aucune norme d'usinage »195. Le
manque des normes de qualités rendait les produits de la Soderiz sans
valeur et accentuait les difficultés de fonctionnement de l'institution.
Le programme industriel, particulièrement l'usinage du paddy de la
Soderiz était perçu comme improvisé du fait qu'elle n'a pu
faire face à la crise de surproduction de 1974. Les dysfonctionnements
au niveau de l'usinage ont engendré en amont les difficultés de
stockage de paddy.
Photo n°11 : Usine Soderiz de Korhogo
Source : Archive De la Soderiz : Soderiz 6 ans
déjà, Edivoire, 1976, p 20 III- LE DYSFONCTIONNEMENT
LIE AU STOCKAGE
Le riz produit dans les usines en quantité
énorme rendait les lieux de stockage très exigus. Il était
de même pour le paddy dont la collecte sera
195 N'Dri Brou Benoit, ancien Directeur technique de la Soderiz
1976 - 1977, entretien réalisé le 09 décembre 2011
à Cocody
117
interrompue. Ce problème portait un véritable
frein à la production et à l'écoulement du riz de
Soderiz.
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