2- La réalisation de village Soderiz
Selon le président Félix Houphouët Boigny,
à propos de la Soderiz « l'économie doit supporter le
social et le social doit aider au développement de l'économie car
les deux se secondent mutuellement, la Soderiz au delà de ses
143 Ministère de l'agriculture, proposition op.cit,
p 28
144 Ibid, p31
145 Ministère de l'économie et des finances :
La Côte d'Ivoire en chiffre, annuaire statistique,
édition SEA, 1975, p 130
146 A, K, J BRINDOUMI, 2003, op.cit, p157
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actions de développement doit participer à
l'action sociale »147. Cette phrase est d'autant plus
vraie qu'on ne peut parler de développement économique sans
penser au social. L'un des soucis qui animaient la Soderiz était de
mettre les paysans dans les conditions adéquates de travail. Les plaines
alluviales étaient situées en pleine brousse loin des campements.
Les paysans étaient obligés d'aller au travail le jour et revenir
dormir en ville et cela tous les jours. Cette situation entrainait deux efforts
: le parcours du trajet et le travail sur le terrain. La Soderiz prit donc la
décision de construire des villages pour les paysans148. Cela
permettait de gagner le temps et d'assurer une présence permanente du
paysan sur le terrain.
A partir de 1973, l'on assiste à une floraison de
villages, créés par la Soderiz. La mise en valeur du
périmètre Yabra ainsi que l'opération rizicole
menées dans la région de San-Pedro ont permis à la mise en
place des villages Soderiz. Pour Ahmed Timité ancien directeur
chargé de la production à la Soderiz 1970 - 1977, la
création de ces villages pour les paysans, rentrait dans le cadre du
développement socio-économique du pays en général
et celui des régions en particulier. Il souligne que « les
premières maisons témoins ont été faites à
Natio-Kobadara à quelques encablures de Korhogo et étaient
financées par la KFW »149. Il s'agissait donc d'y
loger les paysans qui rembourseraient la somme de 840.000 francs à long
terme la Soderiz. Ces villages étaient destinés pour la plupart
aux jeunes paysans. Ils disposaient d'une organisation sociale et
étaient dirigé par un chef et des notables. 150
L'infrastructure sportive n'était pas en reste. Les
salles de jeu et de dispositifs sportifs tels que les terrains de football et
de Maracana, l'installation électrique et le centre de santé
étaient les réalisations sociales les plus
remarquables151.
147 J, YAO, « La Soderiz un instrument de
développement », In Fraternité Matin du
07 mars 1974, p 8
148 K, KOFFI, op.cit p 27
149 A, TIMITE : Ancien Directeur chargé de la production
à la Soderiz de 1971 à 1977 et ancien Ministre de l'Agriculture,
entretien réalisé le 13 Décembre 2011 à Abidjan
à son domicile à Cocody II Plateaux
150Ministère de l'agriculture, Rapport final :
étude pour la formulation op.cit, p
21 151ADS : Rapport annuel Soderiz 1975 p 34
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En 1974, les périmètres Soderiz de Subiakro et
de Yaora ont vu la construction de leur village Soderiz152. La
même année, c'était au tour du village de Sema d'en
bénéficier. De par ces villages, la société
rizicole participait au développement économique et social du
pays.
Par ailleurs la construction des villages Soderiz se situait
dans le cadre des objectifs de la société. Ce qui a d'ailleurs
confirmé le rôle économique et social de la
société de développement. L'action de la Soderiz a
contribué à la modernisation de l'habitat rural. Entre 1971 et
1977, plusieurs paysans ont été réinstallés dans
les villages Soderiz.
Au total plus de 6000 maisons ont été
construites par la Soderiz153. Ces logements réalisés
étaient « en dur ». C'est-à-dire ces maisons
étaient faites avec du ciment et avaient toutes les commodités
pouvant accueillir une famille élargie. Cette expérience de la
Soderiz de réalisation massive de logements ruraux, était sans
précédent et contribuait à l'amélioration des
revenus par l'agriculture. Ces réalisations de villages sociaux
montraient bien la bonne santé de la société au niveau
financier.
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