CHAPITRE IV : L'IMPACT SOCIO-ECONOMIQUE DE LA
SODERIZ
L'intervention accrue de la Soderiz dans le milieu rizicole a
donné des résultats probants. Ces résultats positifs
s'observent tant au niveau de la production du riz qu'au niveau de
l'économie du pays. Cette évolution consacre l'âge d'or de
la Soderiz de 1974 à 1976.
I- LES RETOMBEES SOCIALES DES ACTIONS DE LA
SODERIZ.
L'action Soderiz a été d'une portée
capitale. En moins de 5 ans d'activités, les fruits de ses actions se
font sentir à travers la création d'emploi et le
développement des villages paysans. Ces actions de portée sociale
de la Soderiz ont permis le développement du pays.
1- La création d'emplois et distribution des
revenus.
Dans le cadre du développement économique, la
Soderiz a posé des actions nombreuses au plan social. Ainsi, l'impact du
projet Soderiz a été très perceptible au niveau des
revenus internes dans les régions où était
exécutée l'opération de la Soderiz.
Dès 1972, la Soderiz a eu pour action d'insérer
les jeunes volontaires paysans dans le tissu social. Pour ces jeunes,
l'agriculture constituait un travail rémunérateur pouvant leur
permettre d'avoir des revenus mensuels de 40.000 francs à 50.000 francs
CFA135. Le but poursuivi par la Soderiz était de lutter
contre l'exode rural et d'offrir aux paysans un meilleur revenu grâce
à leur production. La mise en place du projet Yabra en 1973 constitue
à cet effet un exemple.
Le projet Yabra fut une opération rizicole
initiée par la Soderiz dans le département de Yamoussoukro au
centre du pays où 2000 hectares ont été
135 ADS, Rapport annuel Soderiz 1973 p 243
93
préparés dans la vallée alluviale de la
rivière Yabra après la construction par l'Etat de quatre
barrages. Pour Ahmed Timité ancien cadre de la Soderiz, « le
gouvernement avait demandé à la Soderiz de participer à la
modernisation de l'agriculture notamment celui du secteur rizicole. Il a
été demandé à la Soderiz d'installer des
agriculteurs modernes au Yabra, à San Pedro et à Korhogo etc....
»136.
Par ce projet, la Soderiz voulait donner une chance aux jeunes
ivoiriens qui n'avaient pas terminé leur parcours scolaire de pratiquer
la riziculture en s'inspirant des méthodes culturales
chinoises137. Le projet Yabra a obtenu le soutien du
Président Houphouët Boigny, qui a fait de Yamoussoukro son village
natal, une grande zone productrice de riz. Ainsi, avec la Soderiz
c'était l'ouverture sur un emploi permanent. Après une
période de formation de deux mois, 400 à 600 jeunes volontaires
ont été retenus comme aptes a constituer douze
coopératives pour s'adonner à la culture intensive du
riz138.
A partir de 1974, pour intéresser les jeunes à
la riziculture la Soderiz réalisa une étude. Selon les
résultats de cette étude, les jeunes gens qui la plupart n'ont
jamais eu de revenu et qui du coup se trouvent possesseurs d'une somme d'argent
d'un montant de 200.000 Francs à 400.000 francs CFA ne pouvaient
qu'être satisfaits. Cette étude avait pour objectif de motiver les
jeunes pour la riziculture en leur offrant des emplois. La
société faisait donc employer 2.000 agents en permanence et 2.500
agents temporaires139. Selon les premiers calculs fait par la
société, un paysan qui exploitait au moins deux (2) hectares
pouvait avoir un revenu mensuel de 75.000 Francs voire plus. Ce qui
équivaut à certains revenus de la ville. Cela témoigne
bien de la rentabilité de la culture du riz et l'augmentation des
revenus des paysans avec la Soderiz.
136 A, TIMITE : Ancien Directeur chargé de la production
à la Soderiz de 1971 à 1977 et ancien Ministre de l'Agriculture,
entretien réalisé le 13 Décembre 2011 à Abidjan
à son domicile à Cocody II Plateaux
137 K, KOFFI, op.cit, p 7
138 A, K, J BRINDOUMI, 2003, op.cit, p155
139 ADS : Rapport annuel Soderiz 1974 p 184
94
De 1972 à 1974, l'évolution de la
création d'emplois et la distribution de revenus a suivi le rythme du
développement des actions de la Soderiz. Durant ces années, les
régions Nord, Centre, et Ouest ont bénéficié
chacune d'un montant de 3,7 milliards de francs CFA par région du fait
des actions de la Soderiz. Cet apport a permit une croissance du revenu moyen
par paysans à 17%140. Cette augmentation du revenu agricole a
concernée les exploitations touchées par le projet de
développement rizicole de la Soderiz. Cela a eu un impact
considérable sur le développement social du pays et par ricochet
sur le développement de l'économie ivoirienne.
La création d'emploi s'est poursuivit avec
l'installation de jeunes agriculteurs modernes dont l'expérience pilote
a été réalisée sur le Yabra. La Soderiz a
initiée une politique d'installation de jeunes agriculteurs à San
Pedro dans le sud ouest. Ces derniers, après trois stades de formation
progressive, à savoir la formation sur les techniques culturales, la
gestion de l'exploitation et l'organisation en GVC, étaient
installés sur des terres aménagées a cet effet, pour y
pratiquer la riziculture irriguée141. Ce volet d'installation
est un axe majeur de la politique de développement agricole et de la
modernisation rizicole décidées par les autorités à
travers les différentes opérations de la Soderiz.
L'opération Bou Sirasso dans le département de Korhogo, au nord
du pays a eu un effet considérable au niveau régional en 1973 du
point de vue économique. Ce projet a engendré entre 1971 et 1972
plus de 1000 emplois pour la population et près de 10 milliards de
francs CFA de revenu à la région des savanes142.
En effet, la société procédait, pour
l'exécution de son programme, au recrutement des stagiaires pour
l'encadrement des paysans dans la région. Comme critère de
recrutement, il était choisi des jeunes gens actifs et dynamique aimant
le milieu rural, et ayant une compétence technique et des
140 ADS : Rapport annuel Soderiz 1976 p 89
141 ADS : Programme pluri annuel du développement rizicole
1978 - 1980, p 139 142ADS : Rapport annuel Soderiz 1973, p102
95
connaissances essentielles directement
utilisables143. Pour la première année
c'est-à-dire en 1971, le nombre de stagiaires recrutés qui
était de 200 est passé à plus de 1.000 en
1975144. Plusieurs d'entre eux, étaient issus des
écoles pratiques d'agriculture et des centres de formation d'agriculture
de Korhogo. Certains riziculteurs qui avaient une expérience requise
étaient recrutés.
La création des rizeries sur l'ensemble du territoire a
exigé une main d'oeuvre conséquente. Entre 1970 et 1972, plus de
2500 emplois ont été créée avec la mise en place
des usines de transformations de riz. Ce chiffre connait une croissance notable
entre 1973 - 1974 en atteignant 4512 emplois145. Ainsi les jeunes
diplômés étaient recrutés. En ce qui concerne le
mode d'emploi et le recrutement dans les usines, on distinguait deux
catégories : les ouvriers vacataires et les personnes embauchées.
Les ouvriers vacataires appelés communément «manoeuvre«
étaient recrutés par appels d'offre. Pour Brindoumi Atta
Kouamé Jacob, le contrat de travail était déterminé
et était lié à la quantité de paddy
transformé.146 La deuxième catégorie concernait
les personnes embauchées. Elles étaient constituées du
personnel administratif et de quelques rares ouvriers.
La Soderiz, véritable société de
développement, a permis la création de plusieurs centaines
d'emplois et une importante distribution de revenu. Le développement
économique devait donc être effectué à partir des
actions sociales.
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