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L'histoire d'une société rizicole en Côte d'Ivoire: le cas de la société de développement de la riziculture ( soderiz ) 1970 - 1977

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par Lassina Songfolo YEO
Université Alassane Ouattara de Bouake - Côte d'Ivoire - Maà®trise d'histoire 2012
  

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2- La production du paddy basée sur le contrat de culture

L'initiative de la Soderiz d'oeuvrer pour un contrat de culture était ambitieuse. L'introduction de cette stratégie culturale visait à améliorer la production et à faire la différence entre les autres systèmes de cultures. Elle était contraire à celle que la Satmaci avait adoptée, où La tâche était complexe, avec des faiblesses dans l'opération de production de riz. La Soderiz a alors bâtit des stratégies permettant d'atteindre les objectifs sociaux et les objectifs économiques fixés par l'Etat. A cet effet, il fallait créer un secteur moderne de production de paddy introduisant un nouveau système de production qui allait mettre à la disposition des paysans de nouvelles variétés de riz plus productive et de l'engrais. Après la récolte la Soderiz s'engage à acheter tout le paddy des paysans. En retour le paysan se doit de respecter le calendrier cultural et de vendre en espèce ou en nature toute sa production à la Soderiz.

»105.

Ce système de culture avait été instauré par le directeur chargé de la production de la Soderiz, Ahmed Timité qui disait en ces termes « j'ai réfléchi et proposer à Monsieur Rossin une stratégie. Alors on a dit aux paysans s'ils cultivent le riz, s'ils utilisent l'eau et surtout l'engrais, s'ils sarclent bien, ils auront au moins 3 tonnes et demi de paddy par hectare. La première année tout ceux qui ont pris leurs intrants et engrais ont remboursé par 350 kg de paddy

Ce type d'agriculture montrait la volonté de la Soderiz de professionnaliser la riziculture. Pour cela, la société a vulgarisé progressivement cette notion de contrat de culture auprès des paysans. Il s'est agit d'organiser, des relations suivies de confiance entre l'organisme étatique et les bénéficiaires de ces prestations, pour améliorer les conditions de culture et la rentabilité de la culture du riz. C'est ce qui fait dire à Monsieur Oulai Kemiangnan jean Directeur général de la Soderiz 1970-1977, qu' « en ce qui concerne la rentabilité de la

105 A, Timité, ancien directeur chargé de la production à la Soderiz 1970 - 1977, entretien réalisé le 13 Décembre 2011 à Abidjan

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riziculture, la Soderiz a conçu un contrat de culture qui est `'un paquet de service» qui entre dans une combinaison optimum de facteur qui garantissent des rendements élevés et des revenus suffisants. Par exemple, en riziculture irriguée, mécanisée pour un rendement de 4000 kg, les charges correspondent à 1500 kg de paddy106 ». Le contrat de culture a donc permis aux paysans de recevoir toutes les prestations de base exigibles pour une bonne campagne de production c'est-à-dire la fourniture de semence sélectionnée, d'engrais et surtout l'assurance d'écouler le paddy.

La Soderiz a résolu les problèmes d'approvisionnement en intrant et de vente du paddy. En 1973, avec le système de contrat, la Soderiz a largement fait progresser la production. On pouvait constater que l'agriculture contractuelle faisait gagner au producteur 20 à 25 % de récolte supplémentaire107. Dans l'ensemble durant cette période, la Soderiz a fourni aux paysans un ensemble de facilités pour garantir l'application du contrat qui les liaient. En effet, les agriculteurs avaient la possibilité de payer les factures de production après la récolte tant en espèce qu'en nature. Ils étaient dispensés de paiement en cas d'échec de la récolte ou de rendement inferieur à la norme.

Outre le contrat de culture qui liait la Soderiz aux riziculteurs, il existait dans le cas de la riziculture inondée, pratiquée dans les plaines alluviales, un contrat entre la société rizicole et des particuliers propriétaires de tracteurs qui devaient louer leurs services aux paysans sous la charge de la Soderiz. Ces deux types de contrat étaient exécutés simultanément par la Soderiz. Dans le cadre du contrat Soderiz - tractoriste, le tractoriste s'engage à effectuer les travaux aux dates et conditions dictées par la Soderiz, au prix de 8.000 francs par hectare. Il s'engageait à lui verser une avance de 2.000 francs avant les travaux et 4.000 francs après constatation des travaux. Au cours de l'exécution de ce contrat, la Soderiz s'est engagée à former les conducteurs de tracteurs et de leur venir en aide en cas de panne sur le terrain.

106 ADS, Procès verbal de la réunion du conseil d'administration Soderiz 1976, p 3

107 ADS, Rapport annuel Soderiz 1973 p 8

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Par ailleurs, pour s'approprier les espaces devant servir à la riziculture, la société d'Etat a initié un contrat de bloc. Il spécifiait que les chefs coutumiers

des villages dans lesquels se trouvaient les périmètres, attribuent un terrain à la Soderiz sur lequel elle exerce le contrôle total et les mises en culture successives sur plusieurs années108. Le contrat était signé par un administrateur en l'occurrence par le Sous-préfet, permettant de régler les problèmes fonciers.

Durant la campagne 1972-1973, la Soderiz s'est engagée à fournir tous les intrants et l'encadrement adéquat aux paysans en les exhortant à respecter les

normes de culture préconisées par l'encadrement. Cela rentrait dans le cadre du

contrat individuel de culture avec la structure rizicole. La méthodologie
inaugurée par la Soderiz a propulsé la production du paddy. Elle a permis de

réaliser un développement très rapide de la production et des superficies

rizicoles. On a pu constater une évolution des superficies rizicoles, dans les
différentes régions où était exécuté le programme de la Soderiz. Selon le tableau

n°6 en 1974, la Soderiz exploitait sur l'ensemble du territoire 12480 hectares par

cycle. Ce chiffre passe à 27015 hectares par cycle en 1976 et à 27820 hectares
par cycle en 1977. Portant ainsi, la capacité de production à 406.000 tonnes en

1974 contrairement à 315.600 tonnes en 1970109. L'agriculture contractuelle a

fait ses preuves et a permis de donner un certain dynamisme à la riziculture
ivoirienne à travers la Soderiz. La politique de production initiée par cette

société rizicole fut fondée sur la riziculture irriguée et la stratégie de production du riz. Ce système de production a permis une accélération de la production nationale de paddy dans les années 1973-1974.

Lorsque nous observons le tableau n°7 (p73) nous remarquons qu'avec l'introduction du contrat de culture, la production a enregistré une croissance notable. Pendant les années qui ont précédé la Soderiz, la production n'a jamais atteint 350000 tonnes. A l'opposé de cette période, en 1974, la Soderiz a produit 406000 tonnes. Cela résulte évidemment du système de production adopté par la

108 ADS, Résumé rapport annuel Soderiz 1973 p 11

109 Ministère de l'Agriculture, Statistique Agricole 1975 p26

77

Soderiz basé sur le contrat de culture. Cela témoigne aussi de l'adhésion des paysans à ce système de production. L'instauration de contrats de culture a été une innovation importante qui a contribué efficacement à l'accroissement de la production de riz.

Tableau n°6 : Evolution des superficies rizicoles de la Soderiz 1974 - 1977

Années

Région
forestière Sud

Région centre

Région des
savanes

Total en
hectare par
cycle

1974

30 ha / cycle

4800

7650

12480

1975

80

8205

15670

23955

1976

580

6975

19460

27015

1977

1720

7800

18300

27820

Source : Ministère de l'agriculture, statistique agricole 1981, p83

Tableau n°7 : Production du paddy sous contrat et sans contrat de culture de 1965 à 1974

 

Avant contrat de culture

Période contrat de culture

Années

1965

1969

1970

1971

1972

1973

1974

Productions

250.000

303.000

315.000

388.000

320.000

335.000

406.000

Source : Ministère de l'Agriculture, Statistique Agricole de Côte d'Ivoire 1975, p26

78

Graphique n°3 : Histogramme de la production du paddy avant et pendant le contrat de culture

450000 400000 350000 300000 250000 200000 150000 100000

50000

0

 
 
 
 

production

Année

1 2 3 4 5 6 7

Source : Ministère de l'Agriculture, Statistique Agricole de Côte d'Ivoire 1975, p26

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein