2- La production du paddy basée sur le contrat de
culture
L'initiative de la Soderiz d'oeuvrer pour un contrat de
culture était ambitieuse. L'introduction de cette stratégie
culturale visait à améliorer la production et à faire la
différence entre les autres systèmes de cultures. Elle
était contraire à celle que la Satmaci avait adoptée,
où La tâche était complexe, avec des faiblesses dans
l'opération de production de riz. La Soderiz a alors bâtit des
stratégies permettant d'atteindre les objectifs sociaux et les objectifs
économiques fixés par l'Etat. A cet effet, il fallait
créer un secteur moderne de production de paddy introduisant un nouveau
système de production qui allait mettre à la disposition des
paysans de nouvelles variétés de riz plus productive et de
l'engrais. Après la récolte la Soderiz s'engage à acheter
tout le paddy des paysans. En retour le paysan se doit de respecter le
calendrier cultural et de vendre en espèce ou en nature toute sa
production à la Soderiz.
»105.
Ce système de culture avait été
instauré par le directeur chargé de la production de la Soderiz,
Ahmed Timité qui disait en ces termes « j'ai
réfléchi et proposer à Monsieur Rossin une
stratégie. Alors on a dit aux paysans s'ils cultivent le riz, s'ils
utilisent l'eau et surtout l'engrais, s'ils sarclent bien, ils auront au moins
3 tonnes et demi de paddy par hectare. La première année tout
ceux qui ont pris leurs intrants et engrais ont remboursé par 350 kg de
paddy
Ce type d'agriculture montrait la volonté de la Soderiz
de professionnaliser la riziculture. Pour cela, la société a
vulgarisé progressivement cette notion de contrat de culture
auprès des paysans. Il s'est agit d'organiser, des relations suivies de
confiance entre l'organisme étatique et les bénéficiaires
de ces prestations, pour améliorer les conditions de culture et la
rentabilité de la culture du riz. C'est ce qui fait dire à
Monsieur Oulai Kemiangnan jean Directeur général de la Soderiz
1970-1977, qu' « en ce qui concerne la rentabilité de
la
105 A, Timité, ancien directeur chargé de la
production à la Soderiz 1970 - 1977, entretien réalisé le
13 Décembre 2011 à Abidjan
75
riziculture, la Soderiz a conçu un contrat de
culture qui est `'un paquet de service» qui entre dans une combinaison
optimum de facteur qui garantissent des rendements élevés et des
revenus suffisants. Par exemple, en riziculture irriguée,
mécanisée pour un rendement de 4000 kg, les charges correspondent
à 1500 kg de paddy106 ». Le contrat de
culture a donc permis aux paysans de recevoir toutes les prestations de base
exigibles pour une bonne campagne de production c'est-à-dire la
fourniture de semence sélectionnée, d'engrais et surtout
l'assurance d'écouler le paddy.
La Soderiz a résolu les problèmes
d'approvisionnement en intrant et de vente du paddy. En 1973, avec le
système de contrat, la Soderiz a largement fait progresser la
production. On pouvait constater que l'agriculture contractuelle faisait gagner
au producteur 20 à 25 % de récolte
supplémentaire107. Dans l'ensemble durant cette
période, la Soderiz a fourni aux paysans un ensemble de facilités
pour garantir l'application du contrat qui les liaient. En effet, les
agriculteurs avaient la possibilité de payer les factures de production
après la récolte tant en espèce qu'en nature. Ils
étaient dispensés de paiement en cas d'échec de la
récolte ou de rendement inferieur à la norme.
Outre le contrat de culture qui liait la Soderiz aux
riziculteurs, il existait dans le cas de la riziculture inondée,
pratiquée dans les plaines alluviales, un contrat entre la
société rizicole et des particuliers propriétaires de
tracteurs qui devaient louer leurs services aux paysans sous la charge de la
Soderiz. Ces deux types de contrat étaient exécutés
simultanément par la Soderiz. Dans le cadre du contrat Soderiz -
tractoriste, le tractoriste s'engage à effectuer les travaux aux dates
et conditions dictées par la Soderiz, au prix de 8.000 francs par
hectare. Il s'engageait à lui verser une avance de 2.000 francs avant
les travaux et 4.000 francs après constatation des travaux. Au cours de
l'exécution de ce contrat, la Soderiz s'est engagée à
former les conducteurs de tracteurs et de leur venir en aide en cas de panne
sur le terrain.
106 ADS, Procès verbal de la réunion du conseil
d'administration Soderiz 1976, p 3
107 ADS, Rapport annuel Soderiz 1973 p 8
76
Par ailleurs, pour s'approprier les espaces devant servir
à la riziculture, la société d'Etat a initié un
contrat de bloc. Il spécifiait que les chefs coutumiers
des villages dans lesquels se trouvaient les
périmètres, attribuent un terrain à la Soderiz sur lequel
elle exerce le contrôle total et les mises en culture successives sur
plusieurs années108. Le contrat était signé par
un administrateur en l'occurrence par le Sous-préfet, permettant de
régler les problèmes fonciers.
Durant la campagne 1972-1973, la Soderiz s'est engagée
à fournir tous les intrants et l'encadrement adéquat aux paysans
en les exhortant à respecter les
normes de culture préconisées par l'encadrement.
Cela rentrait dans le cadre du
contrat individuel de culture avec la structure rizicole. La
méthodologie inaugurée par la Soderiz a propulsé la
production du paddy. Elle a permis de
réaliser un développement très rapide de la
production et des superficies
rizicoles. On a pu constater une évolution des
superficies rizicoles, dans les différentes régions où
était exécuté le programme de la Soderiz. Selon le
tableau
n°6 en 1974, la Soderiz exploitait sur l'ensemble du
territoire 12480 hectares par
cycle. Ce chiffre passe à 27015 hectares par cycle en
1976 et à 27820 hectares par cycle en 1977. Portant ainsi, la
capacité de production à 406.000 tonnes en
1974 contrairement à 315.600 tonnes en 1970109.
L'agriculture contractuelle a
fait ses preuves et a permis de donner un certain dynamisme
à la riziculture ivoirienne à travers la Soderiz. La politique
de production initiée par cette
société rizicole fut fondée sur la
riziculture irriguée et la stratégie de production du riz. Ce
système de production a permis une accélération de la
production nationale de paddy dans les années 1973-1974.
Lorsque nous observons le tableau n°7 (p73) nous remarquons
qu'avec l'introduction du contrat de culture, la production a enregistré
une croissance notable. Pendant les années qui ont
précédé la Soderiz, la production n'a jamais atteint
350000 tonnes. A l'opposé de cette période, en 1974, la Soderiz a
produit 406000 tonnes. Cela résulte évidemment du système
de production adopté par la
108 ADS, Résumé rapport annuel Soderiz 1973 p 11
109 Ministère de l'Agriculture, Statistique
Agricole 1975 p26
77
Soderiz basé sur le contrat de culture. Cela
témoigne aussi de l'adhésion des paysans à ce
système de production. L'instauration de contrats de culture a
été une innovation importante qui a contribué efficacement
à l'accroissement de la production de riz.
Tableau n°6 : Evolution des superficies rizicoles de
la Soderiz 1974 - 1977
Années
|
Région forestière Sud
|
Région centre
|
Région des savanes
|
Total en hectare par cycle
|
1974
|
30 ha / cycle
|
4800
|
7650
|
12480
|
1975
|
80
|
8205
|
15670
|
23955
|
1976
|
580
|
6975
|
19460
|
27015
|
1977
|
1720
|
7800
|
18300
|
27820
|
Source : Ministère de l'agriculture,
statistique agricole 1981, p83
Tableau n°7 : Production du paddy sous contrat et
sans contrat de culture de 1965 à 1974
|
Avant contrat de culture
|
Période contrat de culture
|
Années
|
1965
|
1969
|
1970
|
1971
|
1972
|
1973
|
1974
|
Productions
|
250.000
|
303.000
|
315.000
|
388.000
|
320.000
|
335.000
|
406.000
|
Source : Ministère de l'Agriculture,
Statistique Agricole de Côte d'Ivoire 1975, p26
78
Graphique n°3 : Histogramme de la production du paddy
avant et pendant le contrat de culture
450000 400000 350000 300000 250000 200000 150000
100000
50000
0
|
|
|
|
|
production
Année
|
1 2 3 4 5 6 7
Source : Ministère de l'Agriculture,
Statistique Agricole de Côte d'Ivoire 1975, p26
|