PARTIE II INITIATIVES ET IMPACT DE L'ACTION SODERIZ
1972 - 1974
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L'avènement de l'institution rizicole, Soderiz a
entrainé un bouleversement dans les pratiques culturales ivoiriennes. A
partir de 1972, les responsables de la société ont pris certaines
mesures visant à mieux faire fonctionner l'organisme Etatique. Ces
mesures étaient entre autres composées, d'initiatives
qualifiées ambitieuses dans le domaine de la production, de l'usinage et
de la commercialisation du paddy. Cette synergie de la Soderiz dans le
développement de la riziculture a eu des répercussions
considérables en général sur l'économie et sur les
populations ivoiriennes en particulier. L'année 1974 marque l'âge
d'or de la Soderiz avec la croissance de la production de l'organisme.
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CHAPITRE III : LES INITIATIVES AMBITIEUSES DE LA
SODERIZ POUR LA PRODUCTION ET LA COMMERCIALIISATION
DU RIZ
La Soderiz pour pouvoir satisfaire le besoin du riz dans le
pays, a mis en place une politique de production du paddy. Les bas-fonds et
espaces aménagés étaient privilégiés pour
l'application de cette politique de production qui était une initiative
de la nouvelle société rizicole.
Contrairement à la Satmaci, les mesures idoines prises
par la Soderiz, concernaient toutes les étapes de la filière riz
; à savoir la production, l'usinage et la commercialisation.
L'institution est donc passée d'une structure de production à une
structure commerciale.
I- LA POLITIQUE DE PRODUCTION DU PADDY
L'objectif du gouvernement en créant la structure
rizicole était avant tout l'approvisionnement des centres urbains. Un
riz produit localement, tout en développant la riziculture. La Soderiz
dès 1970 a instauré et valorisé la riziculture
irriguée.
1- La riziculture irriguée : un choix
étatique
En Côte d'Ivoire on distingue trois types de
rizicultures. La riziculture pluviale est celle pratiquée depuis des
années par les paysans. C'est une culture en sec sans maitrise d'eau.
Elle est largement dominante dans le pays avec 26.000 hectares sur les 29.000
hectares cultivés99. Elle relève dans sa
quasi-totalité de pratiques traditionnelles. A coté de cela, les
paysans pratiquent la riziculture inondée avec 16.000 hectares.
Parallèlement à ces deux types de
99 ADS, Rapport annuel Soderiz, 1971 p22
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rizicultures, celle pour laquelle la Soderiz a opté est
la riziculture irriguée. Elle est pratiquée avec une maitrise
parfaite de l'eau. Ce choix des autorités répondait au souci de
faire des riziculteurs ivoiriens, des paysans modernes. D'introduction
récente par rapport à la riziculture pluviale, la riziculture
irriguée moderne est apparue dans le paysage ivoirien quelques
années avant l'indépendance précisément en 1955.
Elle s'est développée au début des années 1970.
Elle devait assurer une productivité largement supérieure,
malgré les investissements qu'elle demandait notamment
l'aménagement des espaces et la construction des barrages. Elle permet
de réaliser deux saisons de cultures100.
De par la riziculture, l'Etat dans la poursuite de sa
politique d'auto suffisance alimentaire, a donné une priorité
absolue à la riziculture irriguée. Les justifications et les
avantages d'une telle orientation étaient multiples.
D'abord au niveau nutritionnel, le riz irrigué est
riche en éléments nutritifs tels que les protéines
nécessaires à une alimentation équilibrée. Il
contient également des éléments énergétiques
(glucides et lipides), des éléments minéraux (phosphore,
calcium, fer, et sels minéraux) et enfin des vitamines (thiamine,
riboflavine et niacine)101. Ensuite elle permet une forte
productivité développant rapidement la production en accordant
aux paysans une rémunération intéressante.
Du point de vue climatique, la culture du riz irriguée
avait une faible sensibilité aux aléas climatiques, ce qui
favoriserait des provisions satisfaisantes de production et mettrait les
paysans à l' abri de grosses surprises. En plus, cela favoriserait la
mise en valeur des bas-fonds par les groupements de producteurs. Ce type de
culture privilégiée par la Soderiz et soutenue par les dirigeants
Ivoiriens avait un objectif car elle impliquait l'absence de contraintes
foncière dans la plupart des cas ; puisque les bas fonds étaient
inutilisables pour d'autres
100Bureau d'Etude Technique des Projets Agricoles,
Exploitation de la vallée du solomougou, juin
1972, p 56 101 R, CERGHELLI, 1995: Culture tropicale I: plantes
vivrières, paris, Bouillère et Fils, collection Nouvelle
encyclopédie agricole, p 158
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cultures avec un coût d'aménagement jugé
peu élevé102. Le riz irrigué était donc
perçu en effet comme le seul à pouvoir améliorer de
façon notable, la
productivité du travail agricole. Les orientations
fondamentales en faveur de la riziculture ont consisté à
introduire une innovation agricole à travers le choix du type de
riziculture. Cela entrainerait alors, l'intensification de la production.
Ainsi, depuis 1972, la Soderiz a élaboré une
véritable stratégie de développement de la riziculture
nationale. En effet, la Soderiz a bénéficié de
l'expertise de l'Institut de Recherche Agricole Tropicale (IRAT)
une structure
Française et de l'Association pour le
Développement du Riz en Afrique de l'Ouest (ADRAO)
créée en 1970. Grâce aux différentes recherches
scientifiques
ces structures ont mises en place de nouvelle
variété de riz à cycle végétatif court
variant entre deux à trois mois. Comme variété de riz
introduite, on avait pour la riziculture irriguée le JAYA, IM16,
GAMBIAKA, IRS, Bouaké 189 et le BG 90-2, l'IRAT 104103.
Ce développement reposait sur l'encadrement des
producteurs. La société a offert des conditions d'exploitations
intéressantes aux producteurs en leur
fournissant des intrants, des aides matérielles
à la mécanisation et un suivi technique des opérations.
Ces actions montraient bien que l'Etat ivoirien avait la ferme volonté
de développer un nouveau type de riziculture rompant ainsi avec les
autres types qui existaient.
En effet, l'ancien mode de production pluvial, mobilise 120
jours de travail par an et par hectare alors que la riziculture irriguée
en requiert le double.
L'option irriguée permettait ainsi aux producteurs de
travailler pendant toute l'année soit deux récoltes par an.
Les semis du premier cycle de culture se
faisaient entre le mois de mars et mai. Ceux du second cycle
en juillet avec un cycle végétatif compris entre 125 jours et 140
jours. Ce choix exigeait l'émergence d'un nouveau type de producteur.
102 R D HIRSCH, op.cit p16
103I, N'DABALISHYE,
op.cit, p74
73
Déjà, à partir de 1973, la production de
paddy atteignait 335.000 tonnes grâce a l'action intense de la Soderiz
pour la riziculture irriguée. Cette action a remporté un vif
succès et a hissé la production de 40% entre 1972 et
1974104. La politique de production a permit l'augmentation de la
production du paddy. En effet, les investissements ont permis d'avoir des
rendements élevés. L'option de riziculture irriguée s'est
donc avérée efficace car elle se prêtait à la
culture sur espace réduit mais bien rentable. Bien qu'elle soit
appliquée, la culture du riz a été
généralisée grâce à une nouvelle mode de
production, c'est-à-dire le contrat de culture.
Photo n° 10 : riz sativa oryza en
maturité
Source : Archive De Soderiz : Soderiz 6ans
déjà, Edivoire, 1976, p 1
104 FAO : 1974, riz : Certains aspects des politiques de
productions de commercialisation et prix ; p58
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