2- L'encadrement technique et formation des groupements de
coopérative.
La Soderiz en fixant l'objectif de développer la
riziculture à trouver indispensable d'encadrer les paysans en les
regroupant en coopérative. Ce qui rendait plus efficace le travail
rizicole. Apres l'aménagement des périmètres agricoles, la
société a mis le cap sur l'encadrement véritable.
S'agissant de l'encadrement, l'action principale consistait
à adopter de nouvelles méthodes culturales. Les actions de la
Soderiz devaient intéresser en priorité les riziculteurs
appelés à s'installer sur les périmètres de
bas-fonds aménagés. La Soderiz avait deux méthodes de
cultures que les paysans devaient adopter. Il s'agissait du semi en ligne du
riz et du repiquage. Selon Tiorna Coulibaly riziculteur à Korhogo,
« les paysans considéraient le semi en ligne comme plus
profitable. Le semi en ligne avait un rendement plus élevé
»94. Il nécessite moins d'effort et se fait
à la volée dans les allées des parcelles buttées. A
l'aide de la daba, le paysan prélève sur le flanc des buttes une
légère couche de terre juste suffisante pour recouvrir les
grains. Cette opération concernait la culture du riz pluviale. La
méthode du repiquage était beaucoup plus utilisée pour la
culture du riz irriguée. Cette pratique culturale consistait à
créer des pépinières au bord des cours d'eaux. Ces
pépinières sont retirées entre le 30ème
et le 70ème jour après le semi, puis repiquées
dans le nouveau champ préalablement
préparé95.
L'encadrement était basé sur un ensemble de
rapports contractuels qui définissaient les droits et les obligations
des contraignants en l'occurrence les paysans et la Soderiz. En outre, avant de
s'installer sur un périmètre ou un bas fond aménagé
le riziculteur signe un contrat d'apprentissage avec la Soderiz. Avec ce
contrat, il bénéficie de l'encadrement des agents de la
société rizicole. Ce qui a d'ailleurs permit à la Soderiz
de ressentir le besoin de mettre en place
94 Tiorna Coulibaly, riziculteur, entretien
réalisé le 23 novembre 2010 à Korhogo
95 A, K, J BRINDOUMI, op.cit, p 31
65
une Mission d'Appuie Technique (MAT) qui était
directement rattachée à la direction technique de la Soderiz.
Cette mission était constituée de techniciens venus de l'Ile de
Formose et d'Ivoiriens. Elle caractérisait la coopération Sino
Ivoirienne. La MAT avait pour rôle de conduire l'expérimentation
sur les divers thèmes de vulgarisation dans les zones
contrôlées par la société. Comme thèmes il y
avait les méthodes de culture, le semi en ligne, le repiquage, le
sarclage, et le choix du terrain en fonction du type de culture.
Par ailleurs, un effort a été fait par la
Soderiz pour relever le niveau de connaissance et de compétence des
diverses catégories d'agents. Dans son action, les encadreurs de base
occupaient un rôle essentiel car d'eux dépendaient finalement en
grande partie le succès de l'opération de développement et
de diffusion de la technique rizicole en milieu rural96.
De plus, l'efficacité de l'action d'encadrement de la
Soderiz était prolongée par une action d'animation rurale au sein
des familles des riziculteurs. L'animation consistait à diffuser les
soirs les images et des dessins sur les méthodes techniques culturales
recommandés par la Soderiz. L'institution a donc instauré cette
stratégie qui sans elle l'action technique de l'encadrement risquait
d'être diluée lorsqu'elle s'adresserait à des producteurs
qui ne sont pas ouverts aux techniques nouvelles et à la
nécessité d'améliorer leur mode de production. Par
ailleurs, une des finalités de l'animation qui était d'amener les
riziculteurs à constituer de petits groupes, devait se substituer
à l'encadrement concentré à la période de
démarrage.
L'encadrement et l'animation constituaient donc deux phases
complémentaires dans le développement rizicole. L'action de la
Soderiz a aussi porté sur la formation des groupements de
coopératives97. Le groupement
96 J, P DOZON, 1983 : Logique des
développeurs, réalité des développés : bilan
d'une expérience rizicole en Côte d'Ivoire, Paris,
Orstom, p 58
97 Jacqueline De la Rochère DUTHEIL, op. Cit p
268
66
constituait le seul interlocuteur de la Soderiz qui sur les
aménagements nouveaux ne travaillait plus avec les paysans
individuels.
A partir de 1972, on voit apparaitre la formule de groupements
de vocation coopérative (GVC). La période la plus faste de
l'encadrement de la riziculture ivoirienne depuis la colonisation a
été la période de la Soderiz 98. L'institution
a révolutionné l'encadrement technique des producteurs faisant de
la Soderiz l'une des meilleures structures d'encadrement du pays des
années 1970.
La Soderiz avait consacré les débuts de son
intervention à l'aménagement des périmètres et des
bas-fonds, tout en privilégiant l'encadrement technique des
riziculteurs. Outre ces actions ont permis à la Soderiz d'atteindre son
emprise sur le monde rizicole. Tout en augmentant les chiffres de
productions.
Photo n°7 : rayonneur avant le semi en ligne du
riz.
Source : Archive De Soderiz : Soderiz 6ans
déjà, Edivoire, 1976, p 16
98 RD HIRSCH, op cit,
p19
Photo n°8 semi en ligne du riz
Source : FIRCA, « la filière riz
» in la filière du progrès n°7/
1er trimestre 2011 p 14
Photo n°9 : paysan procédant au repiquage du
riz
67
Source : Archive De Soderiz : Soderiz 6ans
déjà, Edivoire, 1976, p 16
|