2- L'action face à la pression
démographique
Malgré les efforts faits dans le sens du
développement rizicole en Côte d'Ivoire, le pays restait largement
déficitaire en matière de riz. Au lendemain de
l'indépendance, avec l'évolution économique et sociale
entamée, le pays connaissait une forte croissance urbaine. Ce
phénomène avait fortement agi sur la production rizicole. Cette
explosion urbaine a attiré l'attention du président
Houphouët Boigny. Cela l'a conduit à sensibiliser les paysans sur
le déficit du riz auquel le pays était exposé. Les paysans
devaient consacrer une part croissante de leur production rizicole à
l'alimentation des villes, car pendant cette période la population
urbaine connaissait une forte croissance.
Ainsi, son taux par rapport à la population totale a
connu une hausse passant de 25% en 1965 à 27% en 1970. Selon Affou Yapi
Simplice, l'évolution démographique est passée en moyenne
de 2,9% en 1960 à 4,8% en 1969, entrainant ainsi un accroissement des
besoins alimentaires singulièrement celui du riz qui constituait la base
de l'alimentation sur une bonne partie de la Côte
d'Ivoire56.
55 Fraternité Matin du 10 avril 1968, p 8
56 S Y, AFFOU, op.cit, p 19
40
Comme l'indique le tableau n°4 (p37), alors qu'on
observait une baisse de la population rurale, l'on apercevait que la population
urbaine augmentait. Ainsi le taux de la population urbaine par rapport à
la population totale a connu une hausse passant de 25,5% en 1965 à 27%
en 1970.
Tableau n°4 : Evolution de la population 1965 -
1980
Années
|
1965
|
1970
|
1980
|
Population totale (en million)
|
4 690
|
5 417
|
8 020
|
Population rurale (en million)
|
3 543
|
3 953
|
5 234
|
Pourcentage de la population rurale
|
75,50
|
73,00
|
65,30
|
Population urbaine en million
|
1 150
|
1 464
|
2 786
|
Pourcentage de la population urbaine
|
25,50
|
27,00
|
37,70
|
Population rurale / population urbaine
|
3,8
|
2,7
|
1,88
|
Source : Ministère du plan, statistiques
démographiques de la population 1982,
p 8
Le développement de la production fut aspiré par
le rythme accéléré de l'urbanisation portant le besoin
d'approvisionnement du pays en riz à plus de 40%. Les efforts de
développement rizicole consentis par le président Houphouët
et le gouvernement n'arrivaient pas à suivre la consommation du riz et
le déficit national fut rapidement creusé57. Pour
cela, dans le but d'éviter toute éventualité de disette,
le gouvernement incita les paysans à se pencher sur le secteur rizicole
afin de résorber le déficit observé en riz. En effet,
pendant que les importations de riz s'accumulèrent et atteignirent 10
000 tonnes en197058, la demande de riz qui était de 200 000
tonnes en 1965 se trouvait être à 280 000 tonnes en
196959.
57 A D S : rapport de synthèse Soderiz 1975 -
1978 p 8
58 S, J, NIEMBA, op. Cit p122
59 Idem, p 42
41
Par ailleurs, le président Houphouët Boigny,
animé d'une volonté politique certaine face à cette
évolution démographique, décide alors de mettre en place
un vaste programme vivrier. Ce programme devait permettre à l'ensemble
du pays d'accéder à l'autosuffisance en riz. Pour cela,
dès 1965, l'Etat mena ses interventions dans le cadre des projets
régionaux réalisés afin de faire face à la forte
demande de riz. A travers ces actions, l'Etat envisageait diriger son
intervention sur le doublement de superficie cultivable de riz, de sorte
à résorber le manque alimentaire.
En effet, pendant la première décennie de
l'indépendance, l'évolution démographique a fortement
accentué le déficit rizicole auquel le pays était
confronté depuis la période coloniale. Le président
Félix Houphouët Boigny a avant cette période pesé de
tout son poids pour atténuer ce déficit. Il fut le
véritable artisan de la nouvelle politique rizicole après
l'indépendance. Il s'est engagé à développer la
culture du riz à travers tout le pays. La croissance
démographique a motivé les autorités à mettre en
place une nouvelle société rizicole.
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