Conclusion
La terre, qui dans bien des cas est un bien inaliénable
qui ne peut être vendu, et qui n'est prêté ou
cédé qu'à des conditions très strictes, comme le
disait DJIBO Hamani, «la terre est un habit qui ne se déchire
jamais«, a acquis depuis quelques années une valeur marchande
inestimable. En effet, la terre, de part les multiples fonctions qu'elle
assure, fait l'objet d'importantes convoitises. Ainsi, il se dégage des
nouvelles tendances autour de la vente et de la mise en valeur de terres
périurbaines. La vente prend de plus en plus des ampleurs
préoccupantes.
Ainsi, la problématique du marché foncier et de
l'expropriation pour cause d'utilité publique (lotissement) en
périphérie des grands centres urbains en général,
et particulièrement celle de la ville de Zinder, constitue un frein pour
une meilleure mise en valeur des terres destinées aux activités
agropastorales. Ces espaces sont soit vendus par les propriétaires
légitimes, soit expropriés par les communes pour les lotir.
Compte tenu des enjeux que présente le foncier périurbain,
plusieurs acteurs interviennent dans les transactions, et une importante
spéculation au détriment des paysans se développe.
La nouvelle dynamique tendant au « grignotage » des
espaces ruraux peut s'expliquer par les mutations des systèmes fonciers
coutumiers dans le sens d'une appropriation privative, l'installation de la
raffinerie de pétrole, l'accroissement démographique ainsi que la
tentation des communes à faire des gains.
Cette situation présente plusieurs effets pour les
producteurs ruraux, notamment la décapitalisation foncière,
l'amenuisement des revenus des populations périurbaines, l'accentuation
de l'état de vulnérabilité et la dégradation de
l'état nutritionnel des populations.
Ainsi, les espaces périurbains affectés à
l'activité agricole sensés contribuer à
l'amélioration de la production, font place à des logements du
fait de l'expropriation pour cause d'utilité publique.
Cette dynamique urbaine tend à réduire les
espaces agricoles d'une ville en déficit alimentaire chronique, et
où la recherche d'une sécurité alimentaire doit être
une préoccupation de l'heure.
Ces pressions exercées sur les terres agricoles
amènent les paysans à vendre leurs terres, d'où la hausse
de la valeur marchande et spéculative qui explique l'évolution
sans cesse croissante des prix des terres.
Dans ces conditions, les possibilités de
développement d'une agriculture périurbaine s'amenuisent
considérablement.
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Il s'avère nécessaire si l'on veut transformer
le Niger en un vaste grenier capable d'assurer à sa population une
sécurité alimentaire durable, de rentabiliser tous les espaces
périurbains en vue d'une agriculture périurbaine plus
productive.
Pour atténuer les effets de cette situation,
d'importants outils sont utilisés pour la mise en oeuvre d'une politique
nationale de sécurisation des opérateurs ruraux et des RN
à travers le Code Rural. Il s'agit notamment du Schéma
d'Aménagement Foncier et du Dossier rural. Compte tenu de l'ampleur du
phénomène de décapitalisation, de ses implications quant
à l'accès et la sécurisation des producteurs ; mais aussi
et surtout de ses conséquences sur la productivité agricole, ce
travail apporter un éclairage sur le fonctionnement des marchés
fonciers périurbains. Ainsi en identifiant les effets sur la
sécurité alimentaire, dans la perspective d'appréhender
les enjeux pour l'avenir de l'agriculture périurbaine et des populations
rurales.
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