III.2 Développement des marchés fonciers
et expropriations dans l'espace périurbain de Zinder
On constate depuis quelques années une hausse de vente de
terres agricoles à la périphérie de la Ville de Zinder. En
effet, depuis l'installation des communes (2002-2004) auxquelles a
été
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transféré le droit de lotir6, le
lotissement a constitué leur principale source de revenu. Ainsi, il
s'est de facto développé un engouement pour les lotissements, et
ceci sans une réelle manifestation des besoins en lotissements.
En effet, la dynamique de la parcellarisation est tellement
criarde que, même dans dix (10) ans certains champs lotis ne seront pas
construits.
Cette dynamique de parcellarisation explique le
développement des marchés fonciers dans la
périphérie de la Ville de Zinder. Les paysans se
précipitent pour vendre les terres aux plus offrants ou vont vers les
communes pour leur proposer de parcelliser les champs.
Cependant, certains paysans continuent à mettre en
culture les lotissements. Mais cette mise en culture des champs lotis devient
difficile, puisque les paysans hésitent à investir dans ces
champs parcellisés par crainte d'une éventuelle expulsion.
Il arrive aussi que les propriétaires interdisent aux
paysans toute exploitation de leurs parcelles.
III.2.1 Le rétrécissement des ressources
foncières périphériques
L'étalement urbain consécutif aux ventes des
champs et aux lotissements a modifié les unités d'occupation du
sol de la Ville de Zinder, comme l'indique les cartes n°5 et n°6.
6 Loi 2008-37 modifiant et complétant la loi n°61-37
du 24 novembre 1961 réglementant l'expropriation pour cause
d'utilité publique et l'occupation temporaire et Ordonnance n°
2010-54 du 17 septembre 2010 portant Code Général des
Collectivités Territoriales de la République du Niger.
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Carte 4: Occupation des sols en 1986
Carte 5: Occupation des sols en 2011
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Ces cartes permettent d'évaluer l'évolution de
l'occupation des sols de 1986 à 2011, ainsi que les changements
intervenus en périphérie de la Ville de Zinder.
Ainsi, la situation de 1986 et 2011 se caractérise par
la présence des steppes arbustives très denses sur la bande Sud,
Sud-Est, et au Nord-Est. Des steppes arbustives denses au Sud-Est et au
Nord-Est. On constate aussi la présence d'une steppe arbustive
dégradée, s'étalant de l'Ouest au Nord, ainsi qu'au Sud du
périmètre des lotissements.
Quant aux espaces cultivables, ils se localisent tout autour
de la ville.
Ainsi, les cartes n°5 et n°6 montrent un
rétrécissement des superficies consacrées à
l'agriculture, au maraîchage et à l'élevage, du fait de
leur « grignotage » par la Ville de Zinder.
La dégradation de ces ressources naturelles
périphériques, reflet du poids démographique et des enjeux
économiques principalement, consécutive à la vente des
terres et aux expropriations, a changé la situation des années
1986 et a conduit à une situation de rareté, comme l'indique la
carte d'occupation de 2011.
Cette rareté affecte principalement les terres
cultivables et celles destinées à l'élevage, avec comme
conséquence un déficit de production et une disparition des
espaces servant au pâturage.
La dégradation des ressources foncières
périphériques au profit de la ville est illustrée à
travers les graphiques n°6 et n°7, qui montrent le taux de
l'étalement urbain sur l'espace rural.
Graphique 5: Taux d'occupation des sols en 1986
(source : géo référencement de l'image landsat de
1986)
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Graphique 6: Taux d'occupation des sols en
2011(source : géo référencement de l'image landsat de
2011)
En comparant les deux graphiques on remarque un
rétrécissement des ressources foncières
périphériques au profit d'un accroissement des espaces
urbanisés.
Ainsi, on passe en 15 ans de 20% d'occupation urbaine à
31% soit 3577,7500 ha engloutis par les lotissements.
Les 36% des steppes en 1986, toute catégorie confondue,
sont réduits à 29% en 2011. Ces espaces destinés au
pâturage et qui assuraient un bon développement de ce secteur,
passent de 2547,59 ha à 2041,49 ha soit un écart de 506,1 ha.
Quant aux espaces réservés aux cultures sous pluies, ils passent
de 2788,82 ha à 2562,53 ha soit un écart de 226,29 ha, ce qui
représente 3% des unités d'occupation cartographiées.
La végétation étant réduite, la
production agricole est soumise à une dégradation croissante par
l'action de l'érosion hydrique et éolienne.
Le réseau hydrographique sur l'espace
périphérique cartographié est constitué d'une
importante mare, notamment celle de Kagna où se pratique le
maraîchage et la riziculture.
Avancée du front urbain
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Photo 1: Pratique du maraichage et de la
riziculture autour de la mare de Kagna (Source: nos enquêtes)
La photo n°1 montre la mare de kagna, qui est un site de
maraichage et de la culture du riz, quoique en quantité réduite.
Ce site est confronté à l'étalement du front urbain,
consécutif aux ventes et expropriations sans aucun contrôle.
Ainsi, les superficies destinées aux cultures
maraîchères dans l'espace cartographié passent de 209,20 ha
à 187,10 ha soit 22,1 ha engloutis par la ville.
Les phénomènes des ventes et expropriations des
terres sont animés par un certain nombre d'acteurs.
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